Penser les masculinités en Afrique et au-delà (2013)

Penser les masculinités en Afrique et au-delà (2013)
Christophe Broqua et Anne Doquet

En 1977 paraissait un numéro des Cahiers d’Études africaines consacré aux femmes (Vidal 1977c). Dans l’avant-propos, Claudine Vidal racontait les obstacles qu’il avait fallu surmonter pour mener à bien ce projet doublement inédit, puisqu’il s’agissait de faire écrire des femmes sur les femmes d’Afrique . Son initiative suscita de nombreuses réactions outrées chez ses collègues de sexe masculin : « “À quand le numéro sur les homosexuels ?” […] “C’est pour bientôt le numéro sur les p… ?” » ( ibid. 1977a).

Mais apparemment, personne n’eut l’idée de lui poser sérieusement la question : à quand un numéro sur les hommes ? C’est peut-être que ses collègues se pensaient bien représentés dans la littérature. C’est sans doute aussi qu’ils ne jugeaient pas nécessaire d’interroger cette catégorie.

Pendant longtemps en effet, le point de vue observé et restitué par les chercheurs en sciences sociales, bien que se donnant implicitement comme valable pour tous, était un point de vue principalement masculin, tout particulièrement dans la recherché anthropologique de terrain, comme le soulignait précocement Denise Paulme (1960 : 9) :

« L’enquête ethnographique étant presque toujours menée à l’aide et auprès des seuls éléments masculins de la population, l’image qui en résulte se trouve être, dans une très large mesure, celle que les hommes, et eux seuls, se font de leur société. » Le développement des études féministes puis des études de genre, à partir des années 1970, a permis de mettre au jour cette déformation androcentrique du regard et de la corriger à travers la multiplication des recherches sur les femmes. Ce faisant, il a en partie maintenu dans l’ombre ce qui est longtemps resté un angle mort de la recherche en sciences sociales, en Afrique comme ailleurs : l’analyse des constructions de la masculinité (Cornwall & Lindisfarne 1995).

L’émergence du thème de la masculinité n’a pas suivi un processus équivalent à celui de la question des femmes. Dans ce premier cas, l’objectif était de décrire et d’analyser des faits généralement passés sous silence jusque-là. Cela correspondait en quelque sorte à une entreprise de réhabilitation. Dans le cas des hommes, il ne s’agissait pas tant de mettre au jour les activités masculines, que de les étudier comme telles et, pour cela, de déconstruire la conception même du masculin.

Mais ce travail n’était pas entièrement inédit, car les recherches sur les femmes, dont les études féministes, avaient progressivement problématisé la notion de genre. Certaines concernaient à la fois les hommes et les femmes (Evans-Pritchard 1974 ; Oppong 1983 ; Hansen 1984), montrant que masculinité et féminité ne sont jamais définies séparément et que la construction du genre est profondément relationnelle.

En outre, plusieurs auteurs ne se donnant ni le genre ni la masculinité pour objet central ont pu apporter sur ces thèmes des connaissances approfondies. C’est le cas par exemple de Jean-Pierre Dozon (1985 : 140) qui, dans sa monographie sur les Bété de Côte-d’Ivoire, explicite le fait que l’ordre social « est avant tout un ordre androcratique » et le montre sous différents angles.

Mais ces efforts sont rares et l’androcentrisme est encore très souvent patent dans de nombreux pans de la littérature en sciences sociales sur l’Afrique. Néanmoins, la frontière entre les travaux qui traiteraient de la masculinité et les autres est ténue : nombreuses sont les publications relatives à des espaces majoritairement ou exclusivement masculins, à différentes formes de pouvoir, de violence ou aux cultures urbaines par exemple, qui nous informent, ne serait-ce qu’en creux, sur les constructions de la masculinité .

L’un des objectifs de ce numéro était ainsi de faire écrire sur les masculinités des auteurs travaillant sur des objets qui s’y prêtent mais ne les ayant pas appréhendés sous cet angle jusqu’alors (voir notamment les contributions d’Alice Bellagamba, Monique Bertrand et Anne-Marie Peatrik).

C’est à partir de la fin des années 1990 que la masculinité est devenue un thème très étudié, en tant que tel, en Afrique (en même temps que le genre de manière plus générale) , comme en témoigne la parution d’un certain nombre de volumes collectifs durant la décennie 2000 . Bien que ce développement de la recherche ait emboîté le pas à l’émergence du même thème dans la littérature en sciences sociales portant sur les pays occidentaux , puis dans le cadre d’études transculturelles (Gilmore 1990 ; Cornwall & Lindisfarne 1994 ; Gutmann 1997), un certain cloisonnement demeure, comme d’ailleurs plus largement concernant l’ensemble des travaux sur le genre.
Ainsi, la quasi-totalité des ouvrages de synthèse ou manuels en français sur le genre font fi de la littérature portant sur l’Afrique, y compris chez ceux affichant la meilleure volonté d’ouverture aux enjeux de « race » ou à l’intersectionnalité. Pourquoi n’y retrouve-t-on pas par exemple, aux côtés des incontournables études féministes (Christine Delphy, Nicole-Claude Mathieu, Paola Tabet), une référence à un article aussi essentiel que « Guerre des sexes à Abidjan : masculin, féminin, CFA » (Vidal 1977b) ? De même certains volumes collectifs sur les masculinités récemment publiés en français ont choisi d’écarter toute contribution sur l’Afrique.
Ce numéro des Cahiers d’Études africaines maintient de fait ce clivage, mais tout en appelant de ses voeux le décloisonnement des savoirs. Comme sur d’autres objets, porter son regard sur l’Afrique permet sans doute de voir différemment les situations étudiées au Nord.
N’est-ce pas ainsi, par exemple, que Paola Tabet (2005) a procédé pour élaborer sa théorie de l’échange économico-sexuel qui, partie d’enquêtes sur le terrain nigérien, continue aujourd’hui d’être utilisée et discutée au Nord comme au Sud (Broqua et al. 2014) ?
Alors que les études sur le genre se focalisent sur le triptyque sexe/race/classe — à l’origine censé ouvrir la réflexion sur des aspects insuffisamment pris en considération, mais finalement stérilisant tant il rend aveugle à d’autres dimensions à leur tour négligées bien que centrales —, diverses contributions à ce numéro invitent à penser ce que la construction du genre doit aux temps ; historique, générationnel, biographique. Ce n’est pas un hasard si la plupart des monographies (Morrell 2001a ; Miescher 2005 ; Jacob 2011) et certains recueils (Ouzgane & Morrell 2005 ; Reid & Walker 2005) sur les masculinités en Afrique adoptent une approche historique et décrivent des évolutions sensibles. Les travaux portant sur le contemporain insistent eux aussi souvent sur le changement et l’analyse des « nouvelles » formes de masculinité (Aboim 2009 ; Dialmy 2009) , tout particulièrement en milieu urbain (Biaya 1997, 2001). Rares sont à l’inverse ceux qui s’attachent à identifier des permanences .
Dans la plupart des pays africains, l’histoire des masculinités est directement marquee par les effets des conquêtes coloniales qui ont provoqué la transformation de ses formes (Hodgson 1999), notamment à travers la déstabilisation des systèmes de pouvoir en place et l’affaiblissement du poids des aînés (Rich 2009 ; McCullers 2011), ou encore plus largement par l’infériorisation des hommes noirs.
L’instauration de l’Apartheid en Afrique du Sud, puis son abolition sont sans doute parmi les exemples les plus criants de ce processus, expliquant l’abondance de la littérature consacrée aux masculinités dans ce pays (Morrell 1998a, 1998b, 2001b, 2002 ; Reid & Walker 2005), qui montre bien le lien existant entre transformations politiques ou construction de la nation et évolution des formes du masculin .
La place de la violence
L’un des aspects qui apparaît très changeant dans l’histoire concerne la place de la violence à travers laquelle se donnent à voir les figures les plus spectaculaires de la masculinité, ici encore très présente en Afrique du Sud tout au long du dernier siècle.
La violence s’exprime d’abord à travers la guerre qui est aujourd’hui jugée négativement et redoutée dans bien des pays africains, alors qu’elle y fut longtemps constitutive de la condition masculine. La contribution d’Anne-Marie Peatrik souligne ainsi le lien établi, dans les sociétés à classes d’âge et de génération en Afrique de l’Est, entre la mort de l’ennemi et le développement de la fécondité du tueur, qui rappelle celui universellement établi entre l’identité masculine et l’activité guerrière.
Pour éclairer cette relation, l’auteure convoque les doubles registres sociologique et géopolitique d’une part, ontologique et symbolique, d’autre part. Elle montre ainsi comment ces sociétés étaient bâties pour la guerre conventionnelle et mesurée tandis que la dégénérescence en guerre totale était largement crainte. En parallèle, la phase de vie de guerrier n’était qu’une étape d’une construction du masculin qui s’élaborait en fonction de l’écoulement du temps, de sa co-construction en regard du féminin et du déploiement de relations concomitantes.
Sous l’effet de la conquête coloniale, le désarmement des guerriers et l’interdiction du raid ont déclenché une crise inédite et durable des constructions de la masculinité. Un processus comparable se retrouve dans les sociétés d’Afrique de l’Ouest : les anciens critères de la masculinité des « vengeurs de sang » n’ont par exemple plus cours (Cros & Mégret 2009).
Globalement sur le continent, on est passé d’un modèle où la violence guerrière était partie prenante de la définition de la masculinité à un modèle où elle est proscrite et ne participe plus de manière consensuellement valorisée de la construction du statut masculin (Mazrui 1975, 1977 ; Dozon 1985).
Mais la violence des hommes, homicide y compris, ne se réduit pas à la guerre. L’histoire de l’Afrique du Sud en est fortement empreinte depuis plus d’un siècle (Morrell 1998b). Si les facteurs explicatifs de la violence y sont multiples (un passé marqué par l’Apartheid et la ségrégation, la répression de l’État, les détentions arbitraires, le combat pour la libération nationale, les troubles politiques, auxquels s’ajoutent l’urbanisation rapide, le taux de chômage élevé, les larges inégalités socio-économiques, les consommations de drogues et d’alcool et la faiblesse du système juridique), les constructions de la masculinité se sont greffées sur cette histoire.
Dans les mines sud-africaines au cours de la première moitié du XXe siècle, les violences ont été centrales dans l’autodéfinition des identités masculines (Breckenridge 1998). À différentes périodes, et dans différentes régions, les affrontements entre bandes rivales ont aussi joué ce rôle, aussi bien dans des organisations de jeunes (Mager 1998) que dans le cadre de gangs urbains (Glaser 1998). La lutte contre l’Apartheid a occasionné la mise en scène d’une masculinité zulu ayant partie liée avec la construction de la nation (Waetjen 2004). Les violences qui ont perduré ensuite ont pu être expliquées par les ambiguïtés de la nouvelle nation qui accordait des droits aux femmes mais laissait les hommes noirs sur le bas-côté (Jolly 2010).
Au cours de la période récente, l’incapacité des hommes à satisfaire l’exigence de fondation d’une famille expliquerait la nécessité éprouvée d’affirmer la puissance de la masculinité par d’autres moyens, dont la violence physique (et sexuelle) (Campbell 1992). Comme le montre l’article de Kopano Ratele dans ce numéro, si la violence masculine répond par moment à d’autres violences telles celle de l’État ou d’autres structures sociales, elle contribue aussi à conjurer des sentiments internes de vulnérabilité en lien avec la peur et l’insécurité.
À Kinshasa, au début des années 2000, dans un contexte marqué par un conflit armé récent, des pratiques de combats avaient lieu entre bandes rivales généralement associées à l’occupation d’espaces géographiques circonscrits (Pype 2007), comme l’étaient les gangs de jeunes à Soweto dans les années 1960 (Glaser 1998). Mais en remontant dans le temps, l’article de Charles Didier Gondola montre bien que si les bandes de Bills (des hommes inspirés par les cow-boys des westerns américains) qui émaillent la capitale dans les années 1950 veillent à l’intégrité de leur territoire menacée par les bandes rivales, elles visent aussi à protéger et par là-même contrôler les filles du quartier. En intégrant ces bandes, tout jeune garçon doit se forger un tempérament de caïd et s’engager dans des luttes violentes pour défendre en même temps son quartier et sa masculinité.
Dans une moindre mesure, la violence affecte aussi les groupements d’hommes au Mali, qualifiés de « grins », dont traite l’article de Julien Bondaz. Si de réelles rixes surgissent rarement à l’intérieur du grin ou entre les grins de différents quartiers (consécutives généralement à des matchs de football), les imaginaires de la violence y sont largement mobilisés, notamment par l’emprunt des noms de grins au vocabulaire du crime et du banditisme (attentat, mafia, etc.), ou par les graffitis figurant des crânes, des couteaux, des sabres ou des armes à feu. À Bamako, c’est ainsi à travers le maillage urbain et les marqueurs visuels des grins, où se croisent là aussi des enjeux de territoire et de conquêtes féminines, que se déclinent les identités masculines.
Les différents éléments avancés jusqu’ici concernent des violences exercées entre hommes. Sans que nous l’ayons décidée a priori, cette orientation s’est imposée par le contenu des contributions. Il ne s’agit donc pas de minimiser l’existence des violences envers les femmes, et en particulier des violences sexuelles. Mais celle-ci est largement connue et documentée, notamment au sujet de l’Afrique du Sud (Vogelman 1990 ; Moffett 2006), où l’instauration de la nouvelle nation a vu se produire une politisation des questions sexuelles au travers de plusieurs affaires retentissantes (Posel 2005 ; Robins 2006).
À propos d’autres pays, la littérature évoque également certaines tentatives de résolution du problème, par exemple par l’introduction de femmes dans l’armée en République démocratique du Congo (RDC) pour réduire les violences sexuelles (Eriksson Baaz & Stern 2011) ou par l’engagement des hommes eux-mêmes dans la lutte contre les violences envers les femmes (Freedman 2012).
Mais ici encore, les violences sexuelles ne s’exercent pas seulement contre les femmes mais aussi au travers de viols d’hommes, notamment en prison, qui sont relativement bien documentés (Gear 2007). En revanche les viols d’hommes en situation de conflit armé restent peu pris en compte dans la littérature comme le montre l’article de Marc Le Pape, qui y questionne les raisons de ce silence. L’auteur s’interroge aussi sur les logiques des violences sexuelles.
S’appuyant sur les travaux de deux chercheuses suédoises qui ont recueilli la parole des soldats en RDC (Eriksson Baaz & Stern 2008, 2009, 2011), il éclaire les divers motifs des actes commis : « C’est la combinaison de la masculinité militaire placée en situation de conflit armé avec la pauvreté et la relative impunité des violeurs qui contribue aux violences physiques des soldats contre les personnes, notamment au moment de pillages. » Au-delà de la « masculinité hégémonique » : comment se fabriquent et se donnent à voir les masculinités ?
Aux côtés des manifestations « spectaculaires » que représentent les différents types de violence, ce numéro propose de rendre intelligibles les formes ordinaires de production et de reproduction du masculin.
La littérature en sciences sociales sur les masculinités est très marquée par la notion de « masculinité hégémonique », depuis ses premières formulations théoriques par Raewyn Connell et ses collègues dans les années 1980 (Carrigan et al. 1985 ; Connell 1987, 1995).
Très largement reprise, elle a aussi fait l’objet de critiques qui ont été synthétisées et commentées dans un article où est redonnée la définition de la notion : « Hegemonic masculinity was understood as the pattern of practice (i.e., things done, not just a set of role expectations or an identity) that allowed men’s dominance over women to continue.
Hegemonic masculinity was distinguished from other masculinities, especially subordinated masculinities. Hegemonic masculinity was not assumed to be normal in the statistical sense ; only a minority of men might enact it. But it was certainly normative. It embodied the currently most honored way of being a man, it required all other men to position themselves in relation to it, and it ideologically legitimated the global subordination of women to men.
Men who received the benefits of patriarchy without enacting a strong version of masculine dominance could be regarded as showing a complicit masculinity. It was in relation to this group, and to compliance among heterosexual women, that the concept of hegemony was most powerful. Hegemony did not mean violence, although it could be supported by force; it meant ascendancy achieved through culture, institutions, and persuasion.
These concepts were abstract rather than descriptive, defined in terms of the logic of a patriarchal gender system. They assumed that gender relations were historical, so gender hierarchies were subject to change. Hegemonic masculinities therefore came into existence in specific circumstances and were open to historical change.
More precisely, there could be a struggle for hegemony, and older forms of masculinity might be displaced by new ones ».(Connell & Messerschmidt 2005 : 832-833)
Retenons de cette définition que la masculinité hégémonique renvoie à l’ensemble des pratiques qui rendent possible la domination masculine. Répondant à l’un des nombreux auteurs ayant critiqué cette notion, qui pointait notamment l’ambigüité de cet article sur le lien entre masculinité hégémonique et « forme dominante de la masculinité » (Beasley 2008), James W. Messerschmidt (2008) précisait que la masculinité hégémonique n’est pas synonyme de forme dominante de masculinité.
Le succès phénoménal de cette notion, reprise dans des centaines de publications, s’est étendu jusqu’à l’Afrique. Divers auteurs l’ont discutée à propos et depuis ce continent (Morrell 1998a ; Ratele 2008 ; Groes-Green 2009 ; Hearn & Morrell 2012 ; Luyt 2012 ; Morrell et al. 2012). Certains ont repris des notions dérivées en analysant par exemple la création de « masculinités alternatives » (Robins 2006 ; Jaji 2009). Ce large usage, en particulier en Afrique du Sud, découlant entre autres de la visite de Raewyn Connell dans ce pays dès les années 1990 (Morrell et al. 2012), signale la portée très générale de cette notion, qui explique aussi qu’elle soit souvent critiquée.
Dans ce numéro, pas moins de six articles se réfèrent explicitement à cette notion , mais sa convocation s’accompagne parfois de sa nuance. La contribution de Gianfranco Rebucini sur les sexualités entre hommes au Maroc explique que si les formes locales de masculinité peuvent être analysées sur un axe de gradation allant de la masculinité hégémonique à des formes de masculinités non hégémoniques, les positions sur cet axe sont toutes relatives.
La féminisation et la subalternité à une masculinité hégémonique sont ainsi considérées comme des moments et des positions précaires, ce qui explique que les pratiques homoérotiques ne s’inscrivent pas en opposition avec une bonne acquisition de la masculinité hégémonique, par le biais du mariage et du maintien des liens familiaux.
À partir d’entretiens avec des étudiants ghanéens, Karine Geoffrion montre dans quelle mesure la féminité de certains, parfois encouragée dans l’enfance, ne s’inscrit pas forcément en contradiction avec leur masculinité. Analysant la flexibilité mais aussi la renégociation toujours possible des identités de genre, elle déduit que les masculinités alternatives peuvent rapporter autant de pouvoir que les types hégémoniques de masculinité.
D’ailleurs, les codes normatifs proposés aux étudiants ne relèvent pas d’un, mais de deux types dominants de jeune masculinité. D’un côté, le « rough boy», habillé selon la mode et associé à la virilité, l’assurance et la fierté, de l’autre le « proper boy », fréquentant l’église, habillé classiquement, et sérieux dans ses études.
Cette seconde catégorie n’est pas sans faire écho au modèle de masculinité prôné par le mouvement catholique de saint Joachim en Zambie, analysé dans la contribution d’Adriaan S. van Klinken . Les pratiques d’imitation de ce saint encourage ses adeptes à en adopter les vertus, à savoir être fidèle, humble, travailleur et prier. Tandis que les analyses de la masculinité en Afrique tendent à voir le religieux comme renforçant la domination des hommes sur les femmes, cet article montre que tout en se conformant à certaines formes classiques de la masculinité comme le fait de protéger et de subvenir aux besoins de la famille, le mouvement de saint Joachim permet à ses adeptes, à travers des pratiques d’imitation performatives, d’explorer une autre manière d’être homme, moins oppressive pour les femmes.
L’article de Monique Bertrand, consacré aux pratiques d’hébergements des migrants du nord du Mali vers la capitale, éclaire une masculinité qui, dans un premier temps bonifiée par la migration, se montre marginalisée et étriquée dans les périphéries urbaines. Le déroulement des vies dans l’étalement des villes contribue ainsi à dichotomiser les masculinités hégémonique et marginalisée.
Dans les villes tanzaniennes, on observe une tendance à l’imposition d’un modèle hégémonique de masculinité mondiale, diffusé par des organisations de grande envergure, comme l’État et les sociétés commerciales, masculinisées et contrôlées par les hommes.
Néanmoins, le quotidien des hommes célibataires étudiés par Mathilde de Blignères révèle de nouvelles manières de faire, d’habiter, de penser ou de vivre la ville, au sein desquelles le vivre-ensemble s’émancipe des normes hétérocentrées véhiculées par les discours officiels et une pluralité de masculinités se dessine.
Tout en utilisant la notion de masculinité hégémonique, Kopano Ratele estime qu’elle ne peut suffire à analyser les masculinités noires en Afrique du Sud, celles-ci s’inscrivant dans une panoplie de positions subordonnées dont le genre n’est qu’un des facteurs constitutifs. L’auteur insiste sur l’existence de formes de variétés hégémoniques à l’intérieur même de la subordination, montrant comment certaines masculinités occupent des positions à la fois subordonnées et hégémoniques. Enfin, pour expliquer la construction de la masculinité des jeunes Kinois dans les années 1950, largement fondée sur le culte du cow-boy, Charles Didier Gondola délaisse la notion de masculinité hégémonique pour celle de « bloc hybride » proposée par Demetrakis Z. Demetriou, un élève de Raewyn Connell.
Perçue comme une combinaison de pratiques et d’éléments issus de différentes masculinités, la notion de bloc hybride décloisonnerait la hiérarchie verticale induite par celle de masculinité hégémonique, au profit de transactions avec différentes sources. Les jeunes Bills conjuguent de nombreux éléments empruntés au western hollywoodien avec ceux d’un «masculin précolonial » pour construire un bloc du masculin devenu consubstantiel à la kinicité.
Quel que soit leur degré d’adhésion à la notion de masculinité hégémonique, l’ensemble des contributions qui l’utilisent font apparaître des définitions du masculin par rapport à d’autres référents masculins. Dans la capitale du Mali, les migrants du nord du Mali se distinguent dans leur capacité à loger autrui ou à accéder à la propriété des hommes bamakois. Dans les villes tanzaniennes, les pratiques des hommes célibataires se mesurent à celles des hommes mariés. Chez les étudiants ghanéens de Cape Coast, les jeunes efféminés côtoient les « rough » et « proper » boys. Au Maroc, la figure du zamel, passif et dépendant, sert l’homme à se définir, le « vrai » homme se voulant actif, indépendant et mobile. Être Yankee à Kinshasa, c’est avant tout ne pas être Yuma, un terme dépréciatif qui évoque tous les attributs anti-mâles.
En Afrique du Sud, les jeunes Noirs se confrontent à une masculinité blanche dominante. Ainsi, les normes de la masculinité diffèrent non seulement selon les contextes, mais également, à l’intérieur de chaque contexte, à travers les négociations plus ou moins visibles engagées par les individus ou les groupes autour de leurs définitions. Au-delà des formes hégémoniques, le masculin se dessine au travers d’une pluralité de normes ou de valeurs qui coexistent ou s’affrontent.
Une focalisation excessive sur la recherche des formes hégémoniques de masculinité, des formes subalternes, et de leur agencement hiérarchisé interdit parfois de penser l’ordinaire des pratiques ou des relations qui construisent la masculinité sans que s’y manifestent des enjeux de pouvoir immédiatement visibles. Deux contributions de ce numéro invitent explicitement à prendre en considération les constructions du masculin à travers les pratiques ordinaires des hommes.
Partant d’une des activités les plus banales des hommes au Mali, la consommation du thé en groupe, Julien Bondaz analyse les formes de production et de reproduction du masculin à travers des gestes ordinaires et des actions quotidiennes. Scrutant tant les manières de préparer et de boire le thé que les interactions qui les entourent, il parvient à détecter l’ordre hiérarchique précis de ces groupes apparemment homogènes, ainsi que la dynamique des relations de concurrence et de compétition entre les hommes.
De son côté, en analysant les pratiques ordinaires des hommes célibataires dans les villes tanzaniennes, dans l’espace domestique aussi bien que public, Mathilde de Blignières donne à voir de nouveaux acteurs de l’urbanité estafricaine, qui, en s’affichant librement, bousculent et remanient les normes du masculin.
Depuis le début des années 1990, de nouvelles approches du genre comme performance invitent non seulement à envisager le masculin et le féminin comme des constructions sociales mais aussi à considérer qu’ils sont l’objet d’une mise en scène perpétuelle, exécutée par chaque individu en grande partie à son insu . Produite et reproduite indéfiniment par des performances invisibles qui la font apparaître comme allant de soi, la masculinité trouve sans cesse à s’exprimer tout en se dérobant le plus souvent aux regards. Des mises en scènes spectaculaires du masculin se donnent parfois à voir, comme le montre le travail d’Alice Aterianus-Owanga sur les rappeurs de Libreville.
Les performances musicales exécutées sur la scène rap sont autant de démonstrations de bravoure, de témérité, de virilité et de force, déterminantes pour la reconnaissance des artistes et leur positionnement dans un univers fortement concurrentiel. Loin de ces représentations ostentatoires d’une masculinité virile et forte, les mises en scène du corps chez les Fulbe de Mopti, étudiées par Dorothée Guilhem, traduisent une construction de la virilité reposant sur une discipline de soi, un autocontrôle des affects et une régulation du corps.
La réserve et la maîtrise émotionnelles faisant partie des valeurs morales érigées en marqueurs de la virilité, la masculinité se construit ici à travers une série d’actes performatifs corporels presque invisibles.
Hiérarchies et principes de division: différenciation générationnelle et statut économique
La distribution réputée inégalitaire du pouvoir dans le cadre des rapports de genre doit être pensée à partir d’une définition plurielle du masculin. Afin de dépasser l’opposition souvent faite entre domination masculine (Bourdieu 1998) et pouvoir informel des femmes, il importe de s’interroger sur la répartition hiérarchisée du pouvoir parmi les hommes. En effet, l’observation détaillée des expériences et des relations sociales montre que les hommes ne forment pas une seule et même catégorie au pouvoir par definition supérieur.
Selon leurs propriétés ou appartenances, qu’elles soient géographiques, ethniques, de classe, d’âge, etc., le rapport des hommes aux normes de genre et leurs positions vis-à-vis des femmes varient fortement. Le masculin n’apparaît plus dès lors comme dominant par essence, mais comme une catégorie dont la définition repose sur une imbrication de rapports de pouvoir où se trouvent impliqués bien d’autres facteurs que le genre.
Tout d’abord, dans les sociétés où des divisions apparaissent au travers d’appartenances (clans, castes, classes, etc.) ou de statuts sociaux (nobles, esclaves, captifs, etc.) fortement hiérarchisés, on comprend aisément que les hommes ne forment pas une seule et meme catégorie. L’article de Sandrine Bornand illustre bien comment la dichotomie hommes libres/captifs imprègne et structure encore aujourd’hui la société zarma.
Perçus par les nobles comme peureux, bavards, grossiers et faibles de caractère, les descendants de captifs sont assignés aux mêmes stéréotypes que les femmes, alors que le modèle de virilité est réservé aux hommes libres. Le joueur de tambour d’aisselle, de part son infériorité sociale en tant que captif, peut se permettre de ne pas respecter la división sexuée de l’espace et d’entrer en complicité avec les femmes. Ainsi, s’il est patriarche au sein de sa famille et homme parmi ses pairs, il est perçu comme asexué dans le cadre des espaces publics cérémoniels où la fonction sociale prend le pas sur le genre.
De même, les Fulbe étudiés par Dorothée Guilhem s’opposent aux individus d’origine servile, les Riimaybe, vus comme impulsifs, extravertis et incapables de contrôler leurs émotions ou de ressentir la honte, et donc considérés par les nobles comme des figures antinomiques de l’être viril.
Enfin, si elle ne porte pas sur une société hiérarchisée comme celles évoquées ci-dessus, la contribution de Gianfranco Rebucini note des différences entre les classes sociales dans la conception de comportements qui semblent être les mêmes et qui pourtant cachent des significations différentes. L’auteur distingue ainsi deux modèles épistémologiques coexistant au Maroc, qu’il nomme « genre/identités sexuelles » et « genre/pratiques érotiques ».
Dans le milieu urbain, les classes favorisées et généralement instruites partagent les catégories sexuelles occidentales tandis que les classes subalternes adoptent une attitude plus complexe vis-à-vis de ces catégories et de la masculinité.
Deux autres formes de hiérarchisation liées entre elles affectent les constructions de la masculinité: les différenciations générationnelles et les différents statuts économiques.
Alors que les études de genre sont actuellement marquées par l’approche intersectionnelle visant à prendre en considération l’articulation entre sexe, race et classe, on oublie trop souvent le critère générationnel qui est pourtant très fortement lié au genre, comme le montrent plusieurs contributions dans ce numéro, si bien que la réflexion sur les masculinités en Afrique apparaît difficilement dissociable de celle sur la place des jeunes et leurs relations avec les autres générations (Burton & Charton-Bigot
2010).
Dans un ouvrage important mais critiqué, Oyèrónké Oyĕwùmí (1997) affirme que le concept de genre est impropre au contexte africain où seules les relations fondées sur le critère générationnel importeraient. Bien que s’inscrivant en faux face à cette position, Stephan F. Miescher (2007 : 254) rappelle l’importance du critère de l’âge pour l’analyse du genre : « Africa’s historians have emphasized the importance of age and seniority for the organization of gender relations. »
En anthropologie, l’étude des classes d’âge et des relations entre générations (Paulme 1971 ; Peatrik 1995, 2003 ; Gomez-Perez & Leblanc 2012) a longtemps négligé, à quelques exceptions près , la dimension du genre, en omettant souvent de préciser qu’elle prenait pour objet les hommes exclusivement. Même dans les analyses les plus importantes sur le sujet, le critère générationnel ne semblait pas affecter les femmes. À propos des théories de Claude Meillassoux (1960), Marc-Éric Gruénais (1985 : 220) écrit : « Un tel raisonnement, pour “universellement” valable et reconnu qu’il soit, du moins dans son principe, considère qu’il n’y a d’aînés et de cadets que d’hommes ; la femme, quant à elle, apparaît comme l’instrument de la domination des aînés sur les cadets. »
À lui seul, l’exemple de la circoncision illustre la forte imbrication entre genre et âge : elle signe le passage à l’âge d’homme (Droz 2000), mais elle vise surtout à produire les catégories de genre (Fainzang 1985a) — notamment en faisant disparaître le prépuce parfois assimilé à une part de féminité, comme par exemple dans les mythes dogon (Sindzingre 1977)
Pour Pierre Bourdieu (1982), qui entend se départir de la notion de « rite d’initiation » forgée par Arnold van Gennep, ce « rite d’institution » ne sépare pas tant ceux qui l’ont vécu de ceux qui ne l’ont pas encore vécu, que ceux qui l’ont vécu ou le vivront de ceux, ou plutôt celles, qui ne le vivront jamais ; la circoncision, en tant que pratique exclusivement masculine, vise donc à séparer les hommes des femmes plus que les aînés des cadets.
« La circoncision, souligne Robert Hazel (1999 : 327), ses préfigurations et ses réactualisations se présentent comme autant d’étapes le long d’un cheminement qui n’est rien d’autre qu’un processus de masculinisation. »
Au critère d’âge s’articule celui du statut économique dans la construction de la masculinité. Dans nombre de sociétés contemporaines, l’un des principaux événements qui permet le passage à l’âge adulte est le mariage (Antoine et al. 2001), mais il n’est pas toujours possible, la précarité rendant ce passage difficile. Ainsi, la contribution de Christophe Broqua et Anne Doquet montre comment, tant en contexte monogamique que polygamique, les conditions financières de l’accessibilité au mariage peuvent donner aux femmes l’occasion de retourner les armes masculines contre leur conjoint et de réduire leur position dominante.
Comme le remarque Claudia Roth (2010 : 108) au Burkina Faso, « le mariage est le premier but des jeunes femmes, trouver un revenu, celui des jeunes hommes ». Kopano Ratele (2008) souligne lui aussi la nécessité de prendre en considération l’intersection entre âge et emploi dans la construction du genre.
Démographes comme anthropologues décrivent l’appauvrissement tant des jeunes que des anciens (Antoine et al. 2001 ; Attané 2002 ; Antoine 2007 ; Roth 2007, 2010), affectant différemment les uns et les autres et mettant à mal le contrat générationnel selon lequel les nouvelles générations doivent prendre soin des anciennes. L’appauvrissement des hommes réduit leur position dominante à l’égard des femmes (Silberschmidt 1992, 1999, 2001 ; Perry 2005) et les oblige parfois à endosser des rôles professionnels traditionnellement dévolus à l’autre sexe (Agadjanian 2002) .
Ce problème touche de plus en plus les hommes âgés dont le pouvoir a progressivement diminué au cours de l’histoire (Wilson 1977).
C’est l’inscription de son analyse dans une temporalité intergénérationnelle qui amène Monique Bertrand à relativiser la suprématie masculine. Là où l’autorité des hommes est censée s’exprimer par le contrôle de la mobilité, des ressources drainées par le travail et des engagements matrimoniaux des cadets familiaux, ce sont des contradictions, des bifurcations de conduites, voire la perte de cohésion d’une génération à l’autre, que l’analyse des pratiques actuelles d’hébergement met au jour.
Aussi l’auteure pose-t-elle la question : « Entre des fils entrant dans la vie adulte et des pères vieillissants, “qui héberge qui ?”. » C’est cette même perte de leur autorité que dévoilent de manière touchante les trois vieux amis gambiens d’Alice Bellagamba. Ayant tous joui dans leur jeunesse des privilèges liés à leur position d’hommes dominants dans leur société, ils deviennent avec l’âge de plus en plus dépendants de leurs femmes qui, elles, s’émancipent. Regrettant leurs anciens choix conjugaux, n’osant plus sortir de chez eux, ils ne peuvent que faire montre de patience et de silence et se voient finalement contraints d’adopter les attitudes qu’ils ont antérieurement imposées à leurs épouses.
Sexualités et diversité de genre
Indissociable du genre, la sexualité constitue un espace de pratiques où s’expriment et se négocient les rapports de pouvoir, notamment entre hommes et femmes. Longtemps occultée par les sciences sociales africanistes, cette thématique s’est progressivement imposée, montrant à l’occasion ce que la production du genre, et tout particulièrement de la masculinité, doit à la sexualité (Broqua & Eboko 2009). Par exemple, au cours des dernières années, une littérature devenue pléthorique sur les logiques d’échange économico-sexuel dans divers pays d’Afrique a mis au jour la forte imbrication entre sexualité, genre et statut économique .
Plusieurs recherches montrent que dans des contextes d’appauvrissement où les hommes ne peuvent se réaliser en tant que tels au travers des formes habituelles d’accomplissement masculin (fonder et entretenir une famille), les performances voire les violences sexuelles tiennent lieu de nouveau mode d’affirmation de la masculinité, qui s’exprime par une modification des pratiques.
En Afrique du Sud, la montée du chômage dans les années 1970 a donné lieu à une telle transformation des normes de la masculinité dont a résulté une valorisation du multipartenariat sexuel (Hunter 2005). À propos d’une histoire plus localisée, Isak Niehaus (2006) a décrit un certain phénomène de libération sexuelle entre les années 1950 et 1990 et sa relation avec les constructions de la masculinité. Au sujet du temps présent, le même auteur a retracé une trajectoire biographique qui montre comment l’impossibilité de réaliser le parcours attendu explique le passage à des comportements violents envers les femmes :
« Like many other men of Impalahoek, Ace did not aspire to a situation of middleclass monogamy. Ace’s ideal was to be a successful husband and father, who also kept a few extra-marital lovers for pleasure. This is evident in the special tenor with which he recounted certain events in his life stories […]. Ace boasted about his girlfriends at school, took exceptional pride in his ability to support his wife, Iris, and his son, Tembisa, and adamantly defended his extra-marital love affairs by invoking a tradition of polygamy […]. At the same time, Ace despised the sexual promiscuity of youngsters, such as Neo and Tembisa. But the actuality of Ace’s biography did not match his ideals. At school, Ace fathered an unplanned child. As a migrant, he was shamed when his first wife, Iris, conceived from another man. And after Ace was retrenched from the mines, he failed to re-marry or even to support his lovers. The desperation of his unemployment compelled Ace to rely upon the financial support of his women. Ace also suffered the indignity of having his lovers desert him for wealthier, more masculine, men. It is precisely this “crisis of selfrepresentation”, and the ensuing fear of emasculation, that precipitated his violence towards women ».(ibid. : 69)
Ce même phénomène de compensation de la perte de pouvoir par l’accent porté sur la performance sexuelle et le développement de comportements agressifs a été observé en Tanzanie (Silberschmidt 2001) et au Mozambique (Groes-Green 2009). En Zambie, une étude effectuée auprès d’un groupe d’hommes de même génération montre que la masculinité s’affirme aujourd’hui à travers le multipartenariat sexuel, accroissant le risque de transmission du VIH et expliquant sa forte prévalence dans ce pays (Simpson 2005, 2009).
Dans ce numéro, plusieurs contributions également insistent sur l’importance de la sexualité dans la construction du genre. Parmi les éléments qui constituent la force dont se réclament les rappeurs gabonais ethnographiés par Alice Aterianus-Owanga, figure la virilité sexuelle. Les conquêtes féminines sont considérées comme des trophées et les récits des frasques sexuelles s’échangent par le menu, y compris avec support enregistré.
Mais cette force dont attestent les conquêtes n’est jamais à l’abri du risque de déperdition si certaines règles ne sont pas respectées, dont la prohibition des pratiques homosexuelles et les relations avec les « groupies » trop légères ou des femmes blanches.
L’analyse des relations avec ces dernières éclaire l’articulation des representations symboliques, des transactions économiques et des conceptions raciales par la performance du genre.
À partir d’une analyse d’ouvrages littéraires publiés au Maroc en langue française , Jean Zaganiaris a choisi de scruter les masculinités à travers les figures de l’amant mises en scène dans ces textes. Sans trancher sur le degré de réalité qu’elles incarnent, l’auteur souligne combien ces oeuvres apparaissent comme des espaces de redéfinition voire de transgression des normes censées définir les rapports de genre, notamment par la contestation des formes de la domination masculine ou la mise en scène des pratiques et modes de vie homosexuels. Faisant place au plaisir sexuel féminin, à l’amour fusionnel ou à une subversion en faveur des libertés sexuelles, les romans marocains suggèrent une rupture avec le traditionalisme autoritaire et la masculinité qu’il exhorte.
On rencontre ça et là dans la littérature en sciences sociales des travaux qui, liés de près ou de loin aux questions de sexualité, nous informent sur la « diversité de genre ». La conformation aux normes de genre est un impératif qui s’impose à tous, dans chaque société, en Afrique comme ailleurs — sachant bien sûr que ces normes diffèrent d’une société à l’autre ou selon les époques.
C’est ce que montre par exemple en creux la gestión anxieuse, dans une population du Kenya au début des année 1960, des cas intersexes (obligatoirement publics dans les sociétés où les organes sexuels sont découverts), voués à un destin où l’accomplissement social s’avère condamné par l’impossible identification à l’un ou l’autre genre (Edgerton 1964).
Néanmoins, à certains égards, les catégories de genre sont parfois fluides et malléables en Afrique. Par exemple dans certaines circonstances les hommes peuvent être considérés comme des femmes (Wood 1999) et, parfois, réciproquement (Koné 2002).
La contribution de Gianfranco Rebucini illustre bien l’articulation entre genre et sexualité, en montrant que les conceptions de la masculinité et celles des pratiques homosexuelles ne sont pas clairement superposables, et que ces dernières puisent à des registres à la fois locaux et internationaux .
S’intéressant également à certaines figures de la diversité de genre, Karine Geoffrion traite d’un sujet relativement peu documenté dans la littérature: les formes admises d’efféminement masculin en Afrique. Mais le rapport entre genre et sexualité est spécifique ici encore : jusqu’à récemment, la catégorie des hommes efféminés dans laquelle se retrouvent certains des étudiants étudiés n’était pas nécessairement perçue au travers de la question de la sexualité, ici dissociée du genre. Depuis peu, avec l’émergence de controverses médiatiques autour de l’homosexualité au Ghana, cette catégorie s’est vue redéfinie à travers le prisme de la sexualité et nouvellement soumise à une certaine stigmatisation.
Enfin, la masculinité ne concerne pas seulement les hommes, mais aussi les femmes, au travers de ce que l’on a qualifié de masculinité féminine (female masculinity) (Halberstam 1998), qui revêt différentes formes en Afrique. On y trouve tout d’abord des personnages qui ont occupé des rôles réputés masculins. C’est par exemple le cas de Ahebi Ugbabe qui fut sacrée roi au Nigeria (Achebe 2003, 2005, 2011), ou d’autres figures ayant pris part aux luttes anticoloniales au Ghana (Obeng 2003)20.
Il existe ensuite la catégorie des « female husbands » : dans différentes sociétés, des femmes n’ayant pas la possibilité d’avoir des enfants pouvaient se marier avec des femmes dont elles devenaient la « femme époux » (Oboler 1980 ; Amadiume 1987 ; Nwoko 2012).
Les mariages entre hommes ont existé également mais ils semblent avoir été moins répandus et avoir correspondu à d’autres logiques (Evans-Pritchard 2012 [1970] ; Harries 1990). Une troisième forme de masculinité féminine correspond aux statuts sociaux liés aux comportements homosexuels ou aux parcours transgenres (Morgan & Wieringa 2005 ; Morgan et al. 2009).
Enfin, plus largement, il existe des femmes aux attitudes considérées comme masculines, sans que cela n’implique obligatoirement l’établissement d’un lien avec le comportement sexuel.
C’est le cas des femmes footballeuses professionnelles en Tunisie, auquel est consacré l’article de Monia Lachheb, qui présente donc l’intérêt de porter sur un sujet fort negligé en Afrique. Sans dénier la diversité des situations, l’auteure montre d’abord que l’engagement dans une carrière de footballeuse professionnelle s’inscrit dans des trajectoires où des dispositions « masculines » se manifestent dès l’enfance, notamment à travers le goût pour certains jeux.
Plusieurs femmes décrivent des attitudes reserves voire hostiles de leur entourage familial, mais le plus souvent leur choix est respecté. L’image de soi et les techniques ordinaires du corps varient selon les cas et si certaines cherchent à corriger ou masquer dans la vie quotidienne la forme corporelle « masculine » que la pratique du football crée ou renforce, d’autres n’en sont aucunement gênées.
Masculinités et globalisation
Les normes de genre et de sexualité en Afrique sont soumises de diverses manières, et depuis fort longtemps, à des injonctions ou des influences extérieures. La longue histoire de la conquête coloniale n’a pas manqué d’épisodes d’imposition en la matière, comme en témoigne un grand nombre d’études, cependant plus abondantes au sujet du genre que de la sexualité .
Fin 2012, la publication d’un essai sur « les féministes blanches et l’empire » (Boggio Éwanjé-Épée & Magliani-Belkacem 2012) a reçu de nombreuses critiques, donnant lieu à une micro-controverse médiatique sur l’Internet. Mais dans ces travaux et débats sur l’imposition des normes de genre et de sexualité, il est beaucoup plus souvent question du sort réservé aux femmes colonisées qu’aux hommes.
Pourtant, les politiques coloniales et postcoloniales ont aussi eu et continuent d’avoir des effets sur ces derniers, de même que par la suite, dans un contexte postcolonial, diverses interventions visant elles-aussi à modifier les normes de genre et de sexualité, au nombre desquelles les politiques de développement, de gender mainstreaming (OSSREA 2010), de lutte contre le sida, etc.
De manière explicite, c’est à partir des années 1990 qu’a été entreprise la réorientation progressive en direction des hommes des politiques liées à la problématique « genre et développement » (Chant & Gutmann 2000 ; Morrell & Swart 2005). Plus récemment, les hommes ont commencé à être considérés comme une catégorie à prendre spécifiquement en considération dans le cadre de la lutte contre le sida et depuis quelques années la littérature scientifique sur le sujet se développe, en même temps que celle sur la circoncision comme mode de prévention qui a donné lieu à des recommandations de santé publique (Perrey et al. 2012).
Ces différentes questions sont aujourd’hui traitées sous le couvert de la thématique de la globalisation. Notons que Raewyn Connell a commencé à s’intéresser aux relations entre masculinités et globalisation dans les années 1990 et que cet intérêt s’est poursuivi au cours des décennies suivantes (Connell 1998, 2000, 2005a, 2005b, 2011, 2012). Dans le reste de la littérature, la thématique est apparue surtout à partir des années 2000 (Pease & Pringle 2002). Là encore, l’usage de la notion de « masculinité hégémonique » appliquée à la globalisation a été critiqué pour imposer une conception trop monolithique (Beasley 2008).
Une réponse apportée à cette critique a souligné qu’il existe des masculinités hégémoniques aux niveaux local, national et global, en résumant ainsi ce qui avait déjà été écrit précédemment (Connell & Messerschmidt 2005: 849) :
« Local hegemonic masculinities are constructed in the arenas of face-to-face interaction of families, organizations, and immediate communities ; regional hegemonic masculinities are constructed at the society-wide level of the nationstate; and global hegemonic masculinities are constructed in such international arenas as geopolitics and transnational business and media». (Messerschmidt 2008 : 106)
De nouvelles critiques ont ensuite appelé à la « dé-massification » de cette notion et à la prise en compte des négociations et résistances face aux masculinités hégémoniques (Elias & Beasley 2009). Par ailleurs, une enquête sur les comportements sexuels et préventifs à Dakar à partir de laquelle a été approfondie l’analyse du cas d’un Sénégalais de vingt ans a permis de montrer la coexistence de différents systèmes de normes qui puisent à la fois au local et au global et conduit les auteurs à se démarquer de la position prêtée à Raewyn Connell :
« The interconnected articulation of global and local discourses on HIV/AIDS, gender, and sexuality does not result in the fixity of one hegemonic notion of masculinity, but contributes to the existence of different, even contradicting notions of masculinity. This contrasts with the view of Connell (1998, p. 12) of a trend towards “globalizing masculinities”, which he understands as institutionalized patterns of dominant masculinity in the global gender order that become “to some degree, standardized across localities”. […] The experiences of Malick show that different masculinities are locally at work at the same time, which contradict by requiring sexual experience and abstinence at the same time. The point is that there is not one locally standardized masculinity that governs Malick, but multiple and diverse masculinities that are fluid and ambiguous, and that have global as well as local ingredients ».(Davids et al. 2011 : 207)
47 En même temps que des modèles de masculinité localement ancrés, sont présentes en Afrique de nombreuses références étrangères accessibles par les médias, le cinéma, l’Internet, etc., et ce depuis déjà plusieurs décennies. De même que les Bills de Kinshasa prenaient modèle sur les cow-boys des westerns hollywoodiens (Charles Didier Gondola dans ce numéro), les ghettomen d’Abidjan s’inspirent des « films d’action » américains (de Latour 1999).
Aujourd’hui, toujours dans la capitale ivoirienne (Matlon 2011), comme à Arusha en Tanzanie (Weiss 2002), les boutiques de coiffeurs sont le reflet d’un imaginaire transnational, imbibé de références américaines, mais s’exprimant sous une forme souvent syncrétique. Au Sénégal, le mouvement « bul fall » dont les figures de prou sont à la fois champions de lutte (sport/spectacle très populaire dans le pays) et rappeurs locaux, résulte d’une logique d’hybridation et d’une rencontre entre dynamiques du dehors et dynamiques du dedans (Havard 2001).
De même, Alice Aterianus-Owanga montre dans sa contribution à ce numéro que l’influence exercée sur les rappeurs gabonais par la culture hip-hop étasunienne s’articule à des éléments de la culture locale.
Les références extérieures ne se traduisent pas seulement « positivement » par leur adoption mais aussi sous la forme de rejets visant souvent à garantir un certain ordre moral et des valeurs « traditionnelles » auxquelles sont opposées les pratiques dissolues jugées caractéristiques des anciennes puissances coloniales. Ainsi des mouvements de protestation contre le port de la mini-jupe par les jeunes femmes au Mali (Rillon 2010) comme en Tanzanie (Ivaska 2011) dans les années 1960. C’est aussi aujourd’hui largement le cas des controverses liées à l’homosexualité qui, dans différents pays africains, permettent de signifier un rejet de l’impérialisme occidental (Broqua 2012b).
Depuis quelques années, l’évolution des normes de la masculinité en Afrique est liée à celle des droits humains ou sexuels. Dans la littérature qui traite de l’Afrique, il a d’abord été montré que la lutte contre certaines pratiques (en l’occurrence la clitoridectomie) au nom des droits de l’Homme — qui ne tiennent pas compte du contexte local de ces pratiques — peut s’avérer menaçante pour l’ordre social et aggraver le statut des femmes (Droz 2000).
Mais de nombreuses initiatives visent aussi à attribuer plus de droits aux femmes dans une logique d’empowerment. Quels effets cela a-t-il pu avoir sur les hommes ?
Une enquête réalisée en Ouganda souligne que la confrontation à une telle situation peut produire une réaction d’adhésion en même temps qu’un renforcement de l’attachement à l’idée d’autorité masculine (Wyrod 2008). Dans un contexte plus controversé, le procès de Jacob Zuma en Afrique du Sud suite à une accusation de viol a clairement mis en évidence des tensions entre droits sexuels et culture locale de la sexualité masculine (Robins 2006).
Mais, finalement, sur ces phénomènes très contemporains, de nombreuses questions restent en suspens. De manière générale, les travaux qui se développent sur la circulation internationale des normes de genre concernent majoritairement les femmes (Lacombe et al. 2011). En Afrique, ceux qui dans ce domaine portent sur les hommes sont pour le moment quasiment inexistants. Il s’agit donc sans aucun doute de l’un des chantiers importants à ouvrir au cours des prochaines années.
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NOTES
1. L’année suivante paraissait un ouvrage signé de trois ethnologues femmes répondant à peu près au même principe (DELUZ ET AL. 1978). En 1979, un volume des Cahiers d’Études africaines (XIX (1-2-3-4), 73-76), publié en hommage à Denise Paulme, comportait une section de plusieurs articles sur le thème « Femmes et pouvoirs ». D’autres numéros de revues francophones consacrés aux femmes en Afrique sont parus bien plus tard (COQUERY
VIDROVITCH & THÉBAUD 1997 ; HESSELING & LOCOH 1997 ; COQUERY-VIDROVITCH 2007).
2. Trente-cinq ans plus tard, la revue Politique Africaine consacrait finalement un numéro à cette question (BROQUA 2012b).
3. Pour s’en tenir à l’évocation de monstres sacrés, notons que Judith BUTLER (1992) a reproché à Achille MBEMBE (1992) de négliger la dimension sexuelle dans ses analyses, ce dont il tint compte par la suite (ibid. 2004, 2005).
4. Un certain nombre de volumes sur le genre en Afrique sont parus au cours de la même période (GROSZ-NGATÉ & KOKOLE 1997; SINDJOUN 2000 ; HODGSON & MCCURDY 2001 ; IMAN ET AL
. 2004 ; CORNWALL 2005 ; OYĔWÙMÍ 2005, 2010 ; COLE ET AL. 2007 ; GOERG 2007). Quelques recueils ont été très majoritairement consacrés aux femmes (LOCOH 2007 ; NDULO & GRIECO 2009) à partir de l’approche « genre et développement » qui, au-delà du continent africain, a aussi intégré la problématique des masculinités (CHANT & GUTMANN 2000 ; CLEAVER 2002 ; BANNON & CORREIA 2006 ; CORNWALL ET AL. 2011).
5. Voir principalement MORRELL (1998b, 2001b) ; LINDSAY & MIESCHER (2003) ; OUZGANE & MORRELL (2005) ; REID & WALKER (2005) ; RICHTER & MORRELL (2006) ; SHEFER ET AL. (2007) ; UCHENDU (2008).
6. En France, cet objet de recherche a progressivement acquis une certaine légitimité, comme le montrent notamment quelques volumes collectifs récents (REVENIN 2007 ; CORBIN ET AL. 2011).
7. Au-delà de l’Afrique, ce même type d’approche a été adopté à propos du Moyen-Orient ( INHORN 2012).
8. À l’encontre de la majorité des études actuelles sur le genre, KING & STONE (2010) identifient une « masculinité linéaire » qui, dans les sociétés patrilinéaires, traverserait les générations.
9. Au Sénégal, Vincent FOUCHER (2005) montre ce que le conflit casamançais doit à la reconfiguration des relations de genre. Au sujet du Mozambique, Sofia ABOIM (2009) montre que les décisions politiques ont un impact sur les normes de la masculinité et les font évoluer, mais différemment selon les générations.
10. Il s’agit de ceux de Monique Bertrand, Mathilde de Blignières, Karine Geoffrion, Charles Didier Gondola, Kopano Ratele et Gianfranco Rebucini.
11. Sur les relations entre masculinité et religion en Afrique, voir par exemple OUZGANE (2003), BADRAN (2011), VAN KLINKEN (2013).
12. Chris BRICKELL (2005) invite cependant à ne pas trop céder aux sirènes de l’approche adoptée par Judith Butler et à appréhender plutôt la dimension performative du genre à partir d’une approche sociologique inspirée d’Erving Goffman.
13. Voir plusieurs contributions dans ABÉLÈS & COLLARD (1985).
14. De même, cette auteure voit aussi dans les chiffres 3 et 4 respectivement associés à la femme et l’homme en Afrique de l’Ouest un outil de distinction des sexes légitimant la domination masculine (FAINZANG 1985b).
15. Cette dimension est contestée par Sylvie FAINZANG (1985a) qui ne l’a pas retrouvée au Burkina Faso.
16. Janet BUJRA (2000) montre qu’un travail aujourd’hui réputé féminin tel que le service domestique a pu être occupé principalement par des hommes dans le passé en Tanzanie.
17. Par exemple, à Abidjan, quarante ans après l’enquête de Claudine VIDAL (1977b), les tensions entre hommes et femmes autour de la sexualité et de l’argent ne se sont pas dissipées (NEWELL 2009). Pour d’autres exemples d’écrits récents sur l’échange économicosexuel ou la « sexualité transactionnelle » en Afrique, voir CASTRO (2012), GROES-GREEN (2013), BROQUA ET AL. (2014).
18. Sur les masculinités en Afrique dans la littérature ou autres formes de fictions artistiques, voir aussi par exemple NEWELL (1997), THOMAS (2001), GRANQVIST (2006), ODHIAMBO (2007), JOLLY (2010), MUGAMBI & ALLAN (2010), OUZGANE (2011).
19. Sur les relations entre homosexualité et globalisation en Afrique, voir aussi BROQUA (2012a).
20. À l’inverse, la façon de diriger de certains rois leur valait la qualification de « roisfemmes » (BAZIN 1988 ; ADLER 2007).
21. Voir par exemple VAN ALLEN (1972), HANSEN (1984), WHITE (1990a, b), MCCLINTOCK (1995), HUNT ET AL. (1997), OGBOMO (1997), LINDSAY (2003), TARAUD (2003), SHADLE (2006), KHOLOUSSY (2010), JACOB (2011), OSBORN (2011).
AUTEURS
CHRISTOPHE BROQUA
Lasco-Sophiapol, Université Paris Ouest Nanterre La Défense et UMI233 TransVIHMI, Université Montpellier 1.
ANNE DOQUET
Centre d’études africaines (Ceaf).

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