L’acuité du marxisme

In memoriam Y. C.
Songez qu’ailleurs, tant d’hommes n’ont pas plus de son que les pièces de bronze dont on paie leur misère.
P. Éluard, Le devoir et l’inquiétude

Il est difficile de devenir marxiste. Puis il est difficile de l’être […] Personne ne naît marxiste. Chacun peut le mesurer par sa propre expérience : il n’est pas aisé, dans le monde capitaliste d’apprendre à vivre et à penser contradictoirement à l’ordre établi, quand il repose sur la force d’intérêts si puissants, d’illusions si subtiles et de si vieilles habitudes. La tentation n’en est que plus grande, pour qui s’est dépris de l’ordre ancien, de chercher quelque repos dans les sécurités de l’ordre nouveau, de la théorie qui l’annonce comme de la pratique qu’il l’institue.
M. Verret, Théorie et politique (1967, p. 7)

Le devoir et l’inquiétude

Assurément, chaque trajectoire est toujours singulière. Certaines, toutefois, le sont plus que d’autres. Ainsi la trajectoire d’André Tosel se signale t-elle, tout particulièrement dans le champ du marxisme français, par l’empan de sa réflexion – comme en attestent le nombre et la variété ordonnée de ses publications [1], par sa perspective authentiquement historique et marxiste, i. e. indissociablement théorique et pratique, philosophique et politique, laquelle ne se restreint nullement au seul champ « spécialisé » du marxisme ni ne se forclôt en sa seule dimension philosophique, ce dont le présent recueil témoigne avec éclat.

Elle se signale enfin par sa fidélité maintenue au marxisme et à l’engagement communiste, mais une fidélité (auto-) critique, non féale en somme, à des principes et des choix fondamentaux maintenus parce que discutés (et réciproquement), tout cela en dépit des sévères reflux de l’Histoire qui en ont fait vaciller plus d’un, de l’amende au reniement en passant par l’abandon.
Cette fidélité n’est pas une simple croyance mais plutôt une fidélité réfléchie et assumée. Peut-être tient-elle, et entre autres choses, au fait qu’elle s’est bâtie au croisement et sous l’influence de deux « marxismes créateurs » du XXe siècle : Althusser et Gramsci. Car ces derniers ont entrepris de relire Marx, non par stupide dévotion, mais portés par le devoir et l’inquiétude, dont Éluard nous énonce le motif et dont le travail, ou mieux, l’ouvrage tosélien se ressent également.
Cet ouvrage précisément, nous proposons de le définir, comme une histoire marxiste du marxisme en France et en Italie (et pas uniquement du marxisme français et italien). De manière plus précise, il est structuré par un delta dont les trois points sont autant de figures : Marx, Gramsci et Spinoza.
Celles-ci constituent autant de champs relativement autonomes de réflexion et d’élaboration, des cercles (cf. Tosel, 1984b, p. 115-135), réciproquement – horizontalement, i. e. sur un même plan d’immanence – et activement reliés les uns aux autres par un principe théorique cardinal que, paraphrasant à dessein une invention lexicale de Tosel (1993), nous nommerons « tradu(a)ction ». Figuration commode d’un processus d’élaboration théorique, ce delta a naturellement une histoire et une genèse, une chrono-logie, que nous pouvons pas ici détailler. Un point nous paraît devoir être néanmoins souligné. Les axes essentiels de cette tradu(a)ction sont schématiquement les suivants : de Spinoza dans Marx et Gramsci, de Marx dans Gramsci, de Gramsci (et Labriola) dans Spinoza et enfin de Gramsci dans Marx.
Un marxisme au pluriel
Les études rassemblées dans le présent recueil sont consacrées à l’histoire du, ou plutôt, des marxismes de ce « court XXe siècle », selon l’expression désormais consacrée de l’historien marxiste britannique É. Hobsbawn. On peut y distinguer trois groupes de textes, d’inégale importance matérielle, mais qui donnent à saisir cette pluralité dont les « mille marxismes » qu’il évoque ici même dans le second chapitre, sont l’extrême figuration.
Le premier groupe (ch. 1 & 2) se dispose comme une réflexion-cadre, récapitulative et prospective, sur les figures philosophiques du marxisme du XXe siècle et, de manière plus spécifique, sur le devenir du marxisme en France et en Italie, de 1968 à aujourd’hui.
Le second (ch. 9 à 11) est consacré aux relations du marxisme et de la philosophie « française », avec d’une part la question de son rapport à la philosophie des sciences (du début des années 1930 à la Libération) et avec d’autre part, l’analyse de deux « figures », marxiste (Henri Lefebvre) ou non (Gérard Granel), qui ont discuté Marx de manière singulière, hétérodoxe.
Le troisième enfin, matériellement le plus important (ch. 3 à 8), est tout entier consacré à Gramsci et constitue indéniablement le noyau théorique du recueil. On peut le scinder en deux ensembles :
1/ les deux premières études (ch. 3 & 4), respectivement consacrées à un bilan critique de l’élaboration gramscienne et à une analyse systématique du thème de la philosophie de la praxis par lequel Gramsci désigne en propre sa réélaboration du marxisme – laquelle désignation n’est pas qu’un artifice lexical pour déjouer la censure fasciste ;
2/ les quatre autres études (ch. 5 à 8) sont consacrées à une exposition de la réflexion gramscienne au travail, in fieri (en train de se faire), au point de vue méthodologique comme théorique, focalisé sur les questions essentielles de la culture. Elles montrent la cohérence et l’extraordinaire acuité de son élaboration malgré la sévère réclusion qui lui fut imposée.
Cette importance accordée à Gramsci n’a rien de fortuit. Elle désigne d’abord la centralité de son élaboration théorique-pratique pour le marxisme du XXe siècle. Elle désigne ensuite, et subséquemment, son importance pour l’élaboration de Tosel lui-même, qui lui est pour partie redevable de sa propre singularité. Sans trop anticiper sur notre propos, disons simplement que la pensée de Gramsci apparaît comme le vecteur essentiel de l’appropriation marxiste de la pensée de Marx par Tosel, son opérateur d’effectivité théorique et méthodologique en somme.
Partant, la ré-élaboration gramscienne du marxisme se présente alors, en dépit des vicissitudes de l’histoire concrète, comme un fil conducteur pour développer l’ouvrage initié par Marx et Engels, pour créer l’à-venir du marxisme, du XXIe siècle en particulier. Elle est un « pli », une médiation essentielle pour le marxisme et/dans son histoire, au XXe siècle notamment.
C’est en vertu de cette singularité, pour le marxisme de Tosel comme pour celui du XXe siècle qu’il prend ici pour objet, et outre de nécessaires contraintes d’espace, que nous focaliserons l’essentiel de notre propos sur la lecture et l’analyse toséliennes de Gramsci.
Une lecture de Gramsci
La modalité théorique générale du travail tosélien nous paraît fondamentalement homologue à la manière dont Tosel – du reste instruit par Gramsci – caractérise la « modalité marxienne de “faire théorie” » : elle ne consiste pas « à additionner en une somme l’économie politique anglaise, la philosophie allemande, la théorie politique française » mais à penser « le présent historique comme résultat », à le penser « comme cercles d’instances dont chacune est préparatoire de l’autre, où chacune ne se comprend que dans son affection interne par l’autre et par sa capacité d’affecter l’autre. » (1984b, p. 116) Nous retrouvons alors un schème théorico-pratique cardinal et structurant de la pensée de Gramsci : la traductibilité des langages et des pratiques (cf. Tosel, 2000 et ici même, le ch. 8).
Cette traductibilité est dialectique au sens de Labriola, c’est-à-dire génétique, différenciatrice (1991a, p. 17-27) : elle n’est donc pas simple transcription d’un lexique dans un autre mais bien processus de ré-appropriation, de tradu(a)ction. Elle se spécifie dans la capacité du marxisme à investir les points hauts des cultures et des pensées qui lui sont antagoniques, non pour se les rendre compatibles, mais pour en extraire la part de vérité.
Ce trait de méthode caractérise la substance de la démarche gramscienne à l’égard de Croce et de la discussion-confrontation-appropriation de son œuvre, en même temps qu’elle en indique la difficulté, marchant toujours sur une ligne de crête (Cf. ici même, le ch. 5). Au sens gramscien note Tosel, la critique « est toujours celle de ce qu’il y a de meilleur chez un penseur, elle ne vise pas à rabaisser mais à s’emparer au contraire du “point haut”. » (1991a, p. 124)
Ainsi Gramsci a t-il non seulement su reformuler la révolution théorique du marxisme aperçue par Engels et Lénine, mais y puiser également la substance d’une élaboration théorique dont l’acuité et la novation se cristallisent dans le triptyque : traductibilité des langages et des pratiques / réforme intellectuelle et morale / hégémonie.
À cette première raison de l’électivité de la figure gramscienne pour Tosel, y compris au plan méthodologique, s’ajoute une seconde, étroitement solidaire à vrai dire, laquelle réside dans le fait – Tosel y insiste régulièrement – que Gramsci fut, avec Lénine, le seul théoricien marxiste effectivement dirigeant du XXe siècle, et que, insiste toujours Tosel, cette scission ne s’est par suite jamais vraiment réparée.
Lukács, Althusser ou Lefebvre pour ne citer qu’eux sont demeurés à la marge des cercles effectivement dirigeants de leurs partis communistes respectifs, sur lesquels n’ont jamais réussi à peser de manière significative, les constituant souvent comme objets et objectifs de leurs interventions (Althusser notamment).
La question de la traduction
« Le problème initial de la pensée-action de Gramsci, remarque Tosel, est de traduire en ordre historique l’ordre logique de la théorie marxiste du mode de production capitaliste. » (1983, p. 10) [2] Le marxisme de Gramsci doit être pensé comme une traduction de la science du mode de production capitaliste et de ses possibilités de développement en « science-action » : les forces productives ne sont plus « considérées comme élément objectif d’un champ objectif extérieur, mais comme forces dotées simultanément d’une dimension subjective, d’une capacité potentielle d’intervention active leur permettant de transformer ce champ selon ses possibilités. » (1984b, p. 203)
Les producteurs sont en effet enchaînés par un sens commun qui ne leur permet pas de saisir le caractère crucial de leur position dans le procès de production, ni son inadéquation par rapport à leurs besoins ; une position dont ils ressentent pourtant confusément le caractère d’inutile servitude. Il y a donc une lutte de classes native dont Gramsci se demande comment la transformer en « forme de rationalité » supérieure.
Aussi bien cette question concerne t-elle le marxisme qui doit également s’interroger sur la difficulté de sa propre compréhension par les masses, i. e. vaincre les résistances du sens commun. Non pas en leur apportant « de l’extérieur » une vision alternative du monde, un « système idéologique clos », mais en les mettant en mesure de « former leur propre conception du monde social, de sa structure, de la place qui leur incombe, de la fonction qui leur est assignée. Il s’agit, poursuit Tosel, d’un processus de compréhension modificatrice par lequel le “sujet” qui s’approprie le savoir de son monde et de sa place, se transforme et se rend à même, tout en se modifiant, de modifier le système de rapports où il figure. » (1984b, p. 204 ; nous soul.)
Le marxisme peut alors se comprendre lui-même « à la fois comme “théorie” et comme “pratique”, comme produit supérieur de la haute culture occidentale et comme forme culturelle qui peut et doit être appropriée par les masses » (1984b, p. 205). Subsiste toutefois une complication, une double complication même.
Ce processus d’appropriation a fragmenté la « synthèse marxienne » en un marxisme de masse, certes utile pour former une conscience de classe élémentaire, mais insuffisant et inadéquat pour faire de cette conscience « l’instance civilisatrice régulatrice et dirigeante de toute la vie sociale ». D’autre part, « la haute culture bourgeoise » s’est à son tour révélée capable d’une opération complexe de « “traduction”-désagrégation », filtrant les « éléments compatibles avec sa propre hégémonie. » (1984b, p. 206)
L’événement d’octobre 1917 réside dans la compréhension par Lénine que l’analyse des rapports de production n’est pas « une fin en soi » et n’a de sens que si elle forme, solidairement, « une initiative politique, une initiative de la volonté sur le terrain des rapports politiques et culturels ». Gramsci, léniniste conséquent et compétent, montre et comprend que Lénine a « développé le matérialisme historique en “science de la politique”, en l’arrachant au statut d’une sociologie matérialiste » (Boukharine) et qu’il n’y a « pas d’économie sans politique, pas d’analyse des rapports sociaux de production “sans formation de groupes sociaux actifs” se constituant en capacité de direction étatique », sans construction d’une (stratégie d’) hégémonie (1984b, p. 207).
Lénine a pratiquement déjà commencé une recomposition du marxisme mais il n’a pu la réfléchir correctement. S’accordant à Gramsci, Tosel estime en effet que Lénine demeure tributaire d’un marxisme inadéquat qu’il pense, à la suite de Plekhanov, comme l’union d’une science naturelle et d’une philosophie matérialiste (matérialisme historique + matérialisme dialectique) : « Un homme politique écrit de la philosophie, note Gramsci : il peut se faire que sa “vraie” philosophie soit à rechercher au contraire dans ses écrits de politique. » (Cahiers de la prison, 10, § 65).
Pour une « Réforme intellectuelle et morale »
L’ensemble de ces questions constituent l’arrière-fond théorique de l’élaboration de Gramsci et son point de départ pour réaliser la théorie marxiste comme forme supérieure de la culture, et la rendre capable de penser les processus où elle figure sous la double forme de la pensée hégémonique léninienne (et de ses difficultés) et du nouveau marxisme de masse, devenu sens commun.
Cette nouvelle formation se cherche sous le nom de philosophie de la praxis et s’investit sous la forme de la science de la politique adéquate à la construction de l’hégémonie (à l’Ouest comme à l’Est). Elle trouve sa plus haute expression dans la thématique de la « Réforme intellectuelle et morale ». Cette réforme poursuit deux tâches étroitement imbriquées : 1/ recomposer le marxisme dans la sphère de la haute culture et 2/ transformer ses formes idéologisées au sein des masses et assurer la réduction tendancielle de l’opposition dirigeant/dirigés, intellectuels/simples.
Car ce qui existe est une combinaison de vieux et de nouveau, un équilibre provisoire et la tâche de la philosophie de la praxis est de pratiquement construire les formes et les conditions de l’hégémonie par la catharsis, c’est-à-dire le dépassement-conservation (Aufhebung) de l’économico-corporatif en éthico-politique. Au plan théorique, sa tâche est de réinterpréter la synthèse de Marx dans cette perspective, de penser l’unité structure- superstructure sous la catégorie de « Bloc historique », de médiation du moment éthico-politique et du moment économico-corporatif.
La réforme intellectuelle et morale est le thème (au sens musical) où s’articulent le mouvement réel et la théorie qui le guide. Le procès de constitution du bloc historique et le procès de constitution de la forme théorique adéquate à celui-ci, i. e. la philosophie de la praxis. « Le problème, remarque Tosel, n’est plus celui de la disponibilité du savoir, il devient celui du mode de production d’un savoir qui est formateur de son auteur, qui n’est compréhension modificatrice de son monde d’objets que s’il est auto-compréhension, auto-modification de son sujet… » (1984b, p. 211 ; nous soul.)
La réforme intellectuelle et morale vise le changement de constitution et de conception du savoir de la politique. Il s’agit de transformer le rapport de ceux qui commencent par sentir sans savoir ni comprendre à ceux qui comprennent et savent sans sentir. L’enjeu est tout à la fois anthropologique et politique puisqu’il s’agit d’unifier le genre humain en lui donnant les moyens théoriques et pratiques de construire son émancipation. Cette emendatio doit, d’autre part, s’appliquer au réformateur lui-même : c’est la question du parti – « Prince moderne » selon l’expression de Gramsci, qui doit être l’appareil de traduction de l’hégémonie politique des producteurs en fait culturel et moral (Cf. ici même, les ch. 6 et 7).
L’usage du terme latin emendatio (réforme) est une allusion explicite à Spinoza, afin de marquer ce qui nous apparaît comme le « méta-spinozisme » de Gramsci, activement hérité de Labriola (cf. Tosel, 1991a, p. 17-37 ; 1994, p. 167-184 & 2005). Rappelant la conceptualité aristotélicienne de la catharsis, Tosel observe en effet qu’« il y aurait à s’interroger sur la dimension pédagogique (et esthétique même) de l’hégémonie : elle est discipline, direction rationnelle et raisonnable de la spontanéité passionnelle. Le parti politique et l’État réformateur jouent ce rôle par rapport à l’instinctualité de leur base de masse. Mais sans cette base, ils ne sont rien.
Car il est vrai que, comme Hegel le dira, rien de grand ne se fait sans passion, sans passion éduquée, dirigée, hégémonisée comme Raison. On a là aussi la base d’une morale politique, militante, qui est une curieuse transposition de stoïcisme : se rendre maître de ce qui dépend de nous, discipliner, diriger par le principe de “l’hegemonikon”, la raison directrice. » (1984b, p. 213-214, n. 8 ; voir aussi 1994, p. 17-77) La réforme intellectuelle et morale n’est pas détachée d’une réforme économique, de la révolution socialiste des rapports de production capitalistes : elle est simultanément socialisation de la politique et de l’économique qu’elle ré-unifie par ce biais. La réforme intellectuelle et morale est la pointe fine de la reformulation du marxisme en philosophie de la praxis.
En résumé, Gramsci est un « théoricien révolutionnaire » qui « projette les catégories de la “science” marxienne dans la perspective d’une science-action où la thématique de la formation d’une volonté politique nationale populaire est comme reconquise sur une interprétation déterministe de la critique de l’économie politique, et assurée contre toute dérivation des superstructures politiques et culturelles à partir de la structure économique. » (1995, p. 69 ; nous soul.)
Poursuivre l’élaboration du marxisme
La philosophie de la praxis n’est pas une philosophie à côté des autres, déjà dotée d’un contenu déterminé. Elle se conçoit au contraire comme une transformation du rapport à la philosophie, aux sciences et à la pratique sociale, soit une philosophie qui pense « sa dépendance à la praxis en se donnant la responsabilité de penser les limites de la pensée actuellement disponible, comme limites du monde existant, d’un monde qui n’est pas donné, dans un tableau spéculatif, fût-il matérialiste, mais d’un monde transformable, aux limites déplaçables, d’un monde qui reste à “concevoir” au sens actif, génétique, voire génésique du terme, et à constituer théoriquement et pratiquement » (c’est exactement le sens de la VIe thèse Ad Feuerbach).
Ces formulations, observe Tosel, sont solidaires d’une « perception très aiguë de la pluralité des logiques spécifiques des niveaux matériels. Elles interdisent toute projection récurrente sur un fond cosmique hypostasié des propriétés qui ne valent que pour un niveau du réel. » (1984b, p. 275-276 ; nous soul. Cf. aussi, ici même, les ch. 1 & 10)
Conformément au thème de la réforme intellectuelle et morale, la visée de la philosophie de la praxis est de montrer que « la conquête marxiste d’une vision “scientifique” de l’histoire porte en elle la possibilité d’une innovation dans la structure et le concept du savoir. » Il ne s’agit pas de circonscrire exactement le marxisme mais de « penser et résoudre, selon une indication précieuse de Labriola, le problème de la défense et du développement du contenu de la “scientificité” propre du marxisme, hors de tout mécanisme économiste (qu’ils soit scientifique ou philosophique). » Ainsi le noyau originaire du concept de praxis est celui du travail « compris de manière élargie, intégrant le développement des aptitudes mentales et opératoires, les modes de vie, les institutions » (1984b, p. 276). Cet élargissement n’est pas dissolution du matérialisme et de la dialectique, il est plutôt le vecteur de leur réarticulation dans cette praxis « comme deux pôles s’appelant réciproquement dans un même champ de tension ».
Matérialisme : le travail demeure un « échange organique avec la nature », une transformation des choses naturelles, une « nécessité naturelle et inaliénable avec son instrumentalité propre ». Cette « matière » objective ne sera cependant jamais « un autre soi, un alter ego, mais un Autre, un non-identique, non intégralement réductible à l’identité de l’esprit et de la volonté humaine. »
Matérialisme historico-dialectique : ces matériaux de la nature retournent élaborés aux hommes comme objets socialement produits « selon la forme de rapports variables et contradictoires. Dialectique, car les hommes peuvent identifier et s’approprier les légalités naturelles à travers la forme de leur praxis. » L’échange organique avec la nature « constitue bien à ce niveau une seconde nature, intérieure », dont la régulation rationnelle n’est pas inenvisageable. Ici, « la praxis médiatise les lois causales mécaniques et chimiques, par des finalités finies sans téléologie providentialiste. » (1984b, p. 277-278 ; nous soul. Sur l’ensemble de cette question, cf. Tosel, 1984a et ici même, le ch. 10)
Forme de médiation entre instruments, objets, travailleurs et but, la praxis est un « processus de formation et de transformation des limites de ce monde, dans le sens d’une possibilité immanente de maîtrise de la nécessité propre à la production par une sphère ou niveau communicationnel et institutionnel que l’on peut nommer éthico-politique (praxis au sens antique et restreint du terme). »
Tosel souligne à cet égard que le terme de praxis est recours à un concept majeur de la tradition philosophique signifiant une « action juste, belle et bonne accomplie par les libres citoyens gérant leurs affaires dans la cité des égaux ». (1984b, p. 280) Et il insiste sur ce fait, toujours négligé semble t-il, que « Marx et Gramsci n’invalident pas mais refondent la sphère de l’action en ne l’opposant plus à la gestion de l’échange organique avec la nature (production) mais en la pensant dans son articulation à cet échange, considérant que sa forme sociale capitaliste de cet échange porte avec elle la possibilité de faire cesser la nature servile du travail ». (1984b, p. 282)
L’agir et le problème de la morale
La philosophie de la praxis développe ainsi une conception de l’action aux antipodes de celle, uni-causale et technologico-instrumentale, de la « tradition du matérialisme dialectique », conduisant Tosel à opérer un retour critique sur Lénine (et le léninisme) et sur la question intimement liée de la morale (et de l’autonomie). Un tel retour critique le soustrait d’abord de toute posture strictement exégétique d’une refondation du marxisme et lui permet ensuite de reformuler de manière plus ramassée le sens et la portée de sa critique des réactualisations-reformulations épocales du léninisme, celle de Gramsci notamment.
De manière classique, une grande partie de la tradition marxiste considère que le système des normes et de conduites est lié à un état donné des rapports sociaux de production. Une telle considération est toutefois aussi juste qu’étroite. Elle se paie surtout d’une subtilisation de la morale comme « effet de superstructure », alors confondue sans reste avec le moralisme, procédant ainsi « au rejet total de l’idéologie du “sujet” juridico-moral » et donnant « une “explication” idéologique de la morale [3] ».
Tosel souligne également qu’il existe, selon les termes d’Ágnes Heller (1982), une « hérédité de l’éthique » immanente à la théorie marxienne, renvoyant à Kant et Spinoza : être autonome c’est vivre sans puissance ni autorité extérieure au-dessus de soi. Les normes morales sont donc à critiquer « pour autant qu’elles s’érigent comme les structures incomprises de la nature sociale (marché, procès de production) », etc., et puisque le procès historique de formation de l’espèce « est régi par le passage de la causalité in alio [en un autre] à la causa sui [par soi-même]. » (1984b, p. 297)
Tosel insiste alors sur le paradoxe, non subsidiaire, que, pour Marx, la lutte politique de classes se donne pour fin la construction d’une communauté de libres individus, sans que cette lutte n’exige aucun principe moral. Cette dénégation de l’instance éthique est la doublure du providentialisme historique selon lequel la libération est non seulement assurée, inéluctable mais proche.
La philosophie de la praxis, et plus généralement le marxisme, est alors affrontée à une exigence théorique qui est simultanément une tâche politique : élaborer une théorie de l’obligation morale. Cette exigence et cette tâche, Tosel les formule dès 1984, à une époque doublement marquée, à l’Est, par l’épuisement de plus en plus perceptible du « communisme historique » et à l’Ouest, par le raffinement croissant et la visée foncièrement hégémonique du dispositif théorique de l’agir communicationnel développé par Habermas, d’abord comme une « reconstruction du matérialisme historique » puis comme une rénovation « raisonnable » du marxisme [4].
À l’opposé de ceux qui, sur les décombres du « communisme historique », et tout en se déclarant toujours marxistes, n’envisage(ro)nt la question de la morale pour le marxisme que comme l’inextinguible amende des crimes du premier – un mauvais infini en somme – et concurremment à l’entreprise habermassienne, Tosel ne fétichise pas ce qui demeure une question, mais s’en ressaisit plutôt par sa dimension génétique, celle de l’autonomie, de l’agir (cf. Tosel, 1991b et ici même, le ch. 1).
L’acuité du marxisme
La singularité de l’ouvrage tosélien, pas plus que l’acuité du marxisme ne se résument à la seule élaboration de Gramsci, fût-elle déterminante pour l’un et l’autre. D’autres aspects de l’ouvrage théorique tosélien auxquels nous n’avons pu faire droit, en témoignent fortement. Tosel n’est certes pas le seul intellectuel marxiste français à n’avoir pas renié ses engagements théoriques et politiques. Mais il est, selon nous, l’un des rares qui a maintenu l’exigence d’un marxisme authentique, i. e. (auto-)critique, l’un des rares philosophes marxistes à avoir (main)tenu l’exigence d’une histoire marxiste du marxisme.
Non pour le simple plaisir de l’érudition, quoique ce ne soit pas infâme, mais comme une nécessité théorique cardinale pour penser le présent historique et préparer l’avenir. La trajectoire et le positionnement de Tosel dans le marxisme français ont ceci de singulier qu’ils se situent au croisement de l’althussérisme et d’un courant « italien/gramscien », très minoritaire en France, dont il est le principal représentant – seul l’ouvrage de C. Buci-Glucksmann, Gramsci et l’État (1975) offre un autre exemple de travail significatif sur Gramsci. Son parcours tranche également au regard des bruyants délices du renoncement, auxquels a succombé une grande partie des marxistes français, brûlant avec ferveur ce qu’ils avaient jadis, et avec non moins de fureur, adoré. À cet égard, la prolixité de sa production intellectuelle est en décalage avec l’audience et la discussion qu’elle aurait mérité – et qu’elle mérite du reste toujours –, lesquelles sont demeurées par trop confidentielles. Il nous semble que Tosel a été insuffisamment soucieux de la visibilité de ses travaux, en dépit, ou à cause, de son opiniâtreté à toujours remettre son ouvrage sur le métier. Dans son excessive modestie toutefois, cette opiniâtreté nous paraît être le fait pratique du devoir et de l’inquiétude, et même du devoir de l’inquiétude. C’est à notre sens tout son honneur et la raison de la profonde estime que nous lui devons.
Textes cités d’André Tosel
(1983). « Gramsci ou la philosophie de la praxis comme marxisme de la crise organique du capitalisme ». In A. Gramci, Textes. Paris : Messidor/Éd. Sociales, p. 9-40.
(1984a). « Philosophie de la praxis et dialectique ». La Pensée, n° 237, p. 100-120.
(1984b). Praxis : vers une refondation en philosophie marxiste. Paris : Messidor/Éd. Sociales.
(1991a). Marx en italiques : aux origines de la philosophie italienne contemporaine. Mauvezin : Trans-Europ-Repress.
(1991b). L’esprit de scission : études sur Marx, Gramsci, Lukács. Paris : Les Belles Lettres/ALUB.
(1993). « Quelle pensée de l’action aujourd’hui ? ». Actuel Marx, n° 13, p. 16-39.
(1994). Du matérialisme de Spinoza. Paris : Kimé.
(1995). « Sur quelques distinctions gramsciennes : économie et politique, société civile et État ». La Pensée, n° 301, p. 69-80.
(2000). « Pratique de la traduction et théorie de la traductibilité des langages scientifiques et philosophiques chez A. Gramsci ». In J. Moutaux & O. Bloch (dir.), Traduire les philosophes. Paris : Publications de la Sorbonne, p. 137-142.
(2005). « Antonio Labriola et la proposition de la philosophie de la praxis : la pratique après Marx ». Archives de philosophie, t. 68, n° 4, p. 611-628.
Autres textes
AKRICH M., CALLON M. & LATOUR B. (2006). Sociologie de la traduction : textes fondateurs. Paris : Presses de l’École des Mines.
BADALONI N. (1975). Il marxismo di Gramsci : dal mito alla ricomposizione politica. Torino : Einaudi.
BUCI-GLUCKSMANN C. (1975). Gramsci et l’État : pour une théorie matérialiste de la philosophie. Paris : Fayard.
HELLER Á. (1982). « L’eredità dell’etica marxiana ». In Storia del marxismo : 4. Il marxismo oggi. Torino : Einaudi, p. 483-509.
PARROCHIA D. (1991). Mathématiques & existence : ordres, fragments, empiètements. Seyssel : Champ Vallon.
VACATELLO M. (1983). « Oltre il rifiuto marxiano dell’etica ». Critica marxista, n° 5, p. 141-172.
VERRET M. (1967). Théorie et politique. Paris : Éd. Sociales [rééd. Paris : L’Harmattan, 2007].

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  • Ce texte a paru en préface à André Tosel, Le marxisme du XXe siècle. Paris : Syllepse, 2009. Il est issu d’une étude plus large consacrée à l’œuvre d’André Tosel. Je remercie vivement Stathis Kouvélakis pour ses encouragements et ses précieuses remarques sur une première version de ce texte.

[1]. Nous avons tenté une bibliographie la plus exhaustive possible de ses travaux, disponible sur le site web du séminaire Marx au XXIe siècle : l’esprit & la lettre ().
[2]. Sur cette idée, Tosel renvoie à N. Badaloni (1975). Plus largement, une confrontation serait à mener avec les travaux de « sociologie de la traduction » (Akrich & al., 2006) et ceux sur la question de l’empiètement (Parrochia, 1991).
[3]. Tosel, 1984b, p. 296. Althusser (et par métonymie la fraction « politiste » althussérienne) est explicitement nommé comme la pointe contemporaine de ce rigorisme.
[4]. Dans le débat suscité par les thèses d’Á. Heller en Italie (Vatacello, 1983), dont Tosel restitue les grandes lignes, tout en regrettant qu’il n’ait pas eu lieu en France, la théorie de l’agir communicationnel d’Habermas est alors envisagée, par Vatacello notamment, comme une alternative sérieuse aux thèses de Heller (cf. Tosel, 1984b, p. 304 sqq.).

Philosophy and the masses

Philosophy and the masses
A review of Stathis Kouvelakis, Philosophy and Revolution: From Kant to Marx (Verso, 2003), £17
MARK THOMAS
Issue 99 of INTERNATIONAL SOCIALISM JOURNAL Published Summer 2003 Copyright © International Socialism

Is Marxism simply an insightful way of looking at capitalism, or does it possess a plausible strategy for transforming society?

In the late 1990s there was a certain revived interest in Marx. But this was Marx as the great critic of the anarchy of capitalist production. This was the time of the Asian economic crisis, and even free market apologists were thrown into panic and talked of ‘the end of capitalism’. But Marx’s communism and advocacy of working class revolution remained derided and dismissed.1 The argument was that Marx’s political project was not to be taken seriously in the wake of the collapse of the regimes in Eastern Europe. Theory and practice were thus kept at arm’s length. You can use Marx to analyse capitalism, but don’t attempt to change it.

In fact, the claim that Marx had no coherent theory of politics was one of the central themes in the onslaught on Marxism in the late 1970s. The alleged role Marx gives to the economy leaves no space for human intervention in the realm of politics, and Marx’s emphasis on society over the individual leads to a rejection of the classical issues concerning liberal political thinkers, namely justice, rights, and so on. The argument runs that this paves the way for totalitarianism, where an all-powerful state annihilates the individual.2

Stathis Kouvelakis’s Philosophy and Revolution has the great merit of taking Marx’s political project seriously. It traces the emergence of Marxism through a careful study of the evolution and development of Marx’s ideas as a young German radical in the 1840s, when Marx was still in his twenties. Marx was not born a Marxist, but by the mid-1840s the new theory of historical materialism was sketched out in fundamentals at least, and Marx, together with Frederick Engels, had embarked on a lifelong commitment to revolutionary socialism. How did this happen? Why did Marxism emerge in this precise period and manner?

Germany in the 1840s
In Marx’s youth Germany was still a patchwork of small states under the hegemony of Prussian absolutism. It was mired in backwardness, yet with a feudalism already breaking down under the impact of new social relationships associated with the rise of a new form of society, capitalism. Caught between the old world and the new, German society was dominated by the question of its relationship to its French neighbour, or more precisely to that country’s great revolution. Was the French Revolution of 1789 Germany’s future?
Reactionaries were, of course, hostile to everything the French Revolution stood for, and to the whole tradition of the Enlightenment which had preceded it. But the response of the majority of German intellectuals who detested this stultifying old order was not a simple desire to repeat the experience. From Immanuel Kant onwards, they defended the French Revolution against the reactionaries, but they outlined a different path for Germany, a road to modernity that would avoid revolution. Thus they were plagued by a desire to reap the gains of the French Revolution, the abolition of feudalism and so on, but without unleashing the mass upsurge from below that had been at the heart of the French experience. ‘Revolution without revolution’ was the first hallmark of the ‘German road’. How would this be attained? Quite simply, it would be philosophy that would offer the prospect of reaping the fruits of the French Revolution without its traumas and risks. The realm of ideas allied to a reforming state would supplant the role of the masses. Kouvelakis puts it like this:
The revolution is legitimate, but it is other people’s business; the mission of ‘spiritualisation’ incumbent on Germany will allow it to escape the horrors of the revolutionary hell even as it reaps the benefits of revolutionary gains; thanks to state reform, stimulated by the practical philosophy that has invested the public sphere, it will prove possible to resolve existing contradictions peacefully and productively, and so on.3
Nor was this accidental. It reflected the weakness of the German bourgeoisie and the threat from below. Kouvelakis argues that Kant, for example, ‘both fears and…deems utopian’ any repeat of the revolutionary mass mobilisations of the 1790s.4 Both fears and deems utopian? At first glance these might appear contradictory responses. After all, to be a danger the revolution must at least be a feasible prospect, and if it is an impossibility then why feel threatened by it?
But from a class perspective it falls into place. The German bourgeoisie is too weak to overthrow Prussian absolutism on the model of its French counterpart. But it is already beginning to fear a working class breathing down its neck which is stronger than that of 1789. In other words, the ‘German road’, the hope for a ‘revolution without revolution’, modernisation from above through reforms is rooted in the historical situation the German bourgeoisie found itself in. A victorious German bourgeois revolution is utopian, but any attempt might trigger something altogether more radical from below. In 1848 this is of course what happens, when the bourgeoisie takes fright and turns back to the arms of reaction.
Central to this attempt to construct a ‘German road’ avoiding revolution is that intellectuals like Kant abstain from engaging in agitation for radical change among the masses. Self censorship will maintain the divide between intellectuals and the mass of the population—to the point even of cultivating a deliberately obscure style. Philosophy will address only the king and an ‘educated’ property-owing public. This carefully limited public arena is to serve as a substitute for revolution in the hope that it will foster a reforming, rational spirit in the state.5 In return Kant asks that the state tolerate this circumscribed debate, and hopes that it will take the advice of the philosophers and begin a process of reform from above. This gap between philosophy (intellectuals) and the masses, between theory and practice, is the second hallmark of the majority of German radicals from Kant through to Marx’s contemporaries (and Marx himself, initially).
Kant’s quandary is that he recognises that this strategy may well fail. What if Prussian absolutism remains immune to the call of the philosophers, and revolution erupts instead? It is precisely this fear that turns into a reality in the 1840s. In 1840 a new Prussian king, Friedrich Wilhelm IV, meant new hopes for progress. These were rapidly dashed. Press freedom was quashed, and the followers of a radical interpretation of Hegel (the ‘young Hegelians’) were pushed out of the universities. By 1842-1843 the democratic movement in Germany was sharply confronted with a crisis, as the new monarchy turned to repression. Any hope of reform was put paid to:
By unambiguously dashing hopes that he would liberalise the Prussian regime, Friedrich Wilhelm IV succeeded in rapidly deepening the crisis, in a double sense: eliminating any possibility that the regime might reform itself, he made it inevitable that its contradictions would burst into the open; but, by the same token, he destabilised an opposition whose entire strategy had been predicated, precisely, on the calculation that an out and out conflict could be avoided.6
If you look to the state to reform itself to avoid the prospect of social revolution, how do you respond if that same state sets its face against any modernisation, precisely because it fears any reforms will inevitably open the door to revolution? At this point the German democratic movement entered into crisis. From this period on the Young Hegelians are riven by polarisation and fragmentation. Bruno Bauer, once the key figure and Marx’s mentor, together with his Berlin coterie, ‘the Free’ retreat from all political engagement, blaming the masses for not rising in support of the philosophers in the face of this repression. They instead champion an idealist and elitist ‘critical criticism’ as the only adequate response. Marx savages this in ‘The Holy Family’, his first collaboration with Frederick Engels in 1844 (although Engels only makes a small contribution to the final text).
‘True’ socialism
More important than Bauer and ‘the Free’ is the response of Moses Hess, who turned to a ‘philosophical communism’ that formed the basis of what Marx and Engels call ‘True’ socialism in The Communist Manifesto. This was probably the dominant current among German radicals on the eve of the 1848 revolutions that swept both Germany and most of Europe. Indeed, Kouvelakis stresses that these ideas held a strong sway inside the workers’ movement of the 1840s, not least among the German emigre workers in Paris who formed the League of the Just. It took a protracted struggle for Marx and Engels to win the battle against the ideas of Hess and ‘True’ socialism. The Communist Manifesto comments that ‘True’ socialism ‘spread like an epidemic’ in the 1840s.7
The ‘True’ socialists looked for a new principle to act as a substitute for revolution in Germany. Hess wished to ‘appropriate the results of the French Revolution peacefully’.8 This principle or concept is that of the ‘social’ or ‘social-ism’, which is to play the role of an alternative to both liberal individualism and revolution.9 Following the pioneer utopian socialist, Saint Simon, society for Hess was possessed of an underlying, intrinsic harmony. This had been temporarily obscured by the competitive laws of the market which fostered a war of all against all. The task was to rectify this situation and reveal the inner truth of this innate human bond, that is to say ‘True’ socialism. Hess converts Saint Simon into the language of German philosophy.
In The European Triarchy, written in 1841 in the flush of optimism about prospects for change in Germany, Hess clearly identified the Prussian state as the vehicle for introducing this programme of what Kouvelakis aptly describes as ‘top-down reform’.10 Indeed, Hess contrasts the state’s ‘supreme power…to regulate the spiritual, the physical, and the ethical in society’ with an elitist disdain for the masses, ‘The multitude has always been uncultivated’. This fear of the masses who are seen as always open to manipulation by reaction ‘haunted the pages of The European Triarchy, as it did almost all of the Young Hegelians’.11
But in response to the crisis in the democratic movement, and the closing of the road of reform, Hess, like Bruno Bauer, engaged in what Kouvelakis calls ‘retreat disguised as philosophical offensive’. Hess now declared that the form of government is irrelevant and therefore there is no need to confront the state. Instead he puts forward an increasingly anti-political concept of the ‘social’. Simultaneously, socialism and communism are purged of any association with the proletariat.12 This is the outlook of a socialist humanism aiming at class reconciliation, not revolution. For Hess, communism is the expression of a principle, not of a class interest.
How will this principle triumph? Through education and gradual change. This will allow the triumph of the true essence of humanity, namely love. This transcends class boundaries, overcoming the alienation of capitalists as much as proletarians from a world of money, competition and exploitation. Kouvelakis summarises the political stakes at issue between the ‘True’ socialists and those like Marx who turned towards revolution: ‘The main bone of contention was the question of humanism: class struggle or the dialectic of the human essence; revolution or ethical sermonizing and peaceful propaganda’.13
What kind of revolution?
By contrast with Moses Hess, Kouvelakis explores the work of the German poet Heinrich Heine.14 For Kouvelakis he forms a crucial link between the generation of Hegel and the young radicals of the generation of the 1840s, and he sees in Heine a vital precursor to Marx.
Heine set himself against those who wished the French Revolution to be over, done and dusted, and safely relegated to the past. Heine shunned any craving for harmony, social peace and political moderation.15
The central question here was the relationship any new revolution would have to 1789. For Heine it was not simply a question of repeating 1789 but looking to a new revolutionary wave even more radical than its forerunner. For Kouvelakis, Heine is the true initiator of the Young Hegelians and the interpretation of Hegel’s thought as revolutionary. He imbues classical idealism with the French spirit—the heritage, in other words, of the French Revolution. Thus he looked to a Franco-German alliance as the key to the future revolution, one that would combine German philosophy and the French revolutionary experience. Theory and practice would at last be united.
The relationship between the past and present also preoccupies Heine’s work. He challenges the amnesia of bourgeois society, which sought to deny its birth on the barricades and lived only in a present without any reference to history. Heine saw conflict brewing beneath the surface of the Orleanist regime which had confiscated the French Revolution of 1830.16 He counterposed antagonism to harmony. But he also challenged traditional republicans who simply repeated the slogans of the past and focused solely on the nature of the political regime—monarchy or republic. However, Heine did not draw from this conclusion an approach that dismissed all political questions in favour of a purely social transformation:
The bourgeoisie will before all things have order and protection of the laws of property—needs which a republic can satisfy as well as a kingdom. But these shopkeepers know…by instinct that a republic today would not represent the principles of 1789, but only the form under which a new and unheard-of reign of proletarians would realise all the dogmas of the community of property.17
Heine’s goal was to preserve the ‘spirit’ rather than just the letter of the French Revolution. Heine was attentive to the altered context of France and Germany in the 1840s—above all the rise of a new force, the proletariat, and the increasingly explosive contradictions of bourgeois society that the French Revolution had left unresolved. It was not enough to simply repeat the old republican formulas—to do so now carried the danger of aiding reaction by not addressing questions of property and equality. So, neither a denial of the past nor its simple repetition rose to the needs of a new historical period.
These, then, are the themes thrown up by Heine’s reflections on the nature of the forthcoming revolution—antagonism over reconciliation, the need for any new revolution to go beyond the limits of 1789 and address the ‘social’ question, but without falling into an apolitical retreat from confronting the state. The idea that the new revolution must be both a political act and a social transformation was at the centre of Marx’s inheritance from Heine. The ‘revolution is one and indivisible’, as Heine put it.
Marx and a new conception of politics
Lenin famously described Marxism as the outcome of a synthesis between German philosophy, French politics and English political economy.18 Central to Kouvelakis’s approach is the claim that this insight only takes us so far. As he successfully shows in his ‘group portrait’ of German radicals of the 1830s and 1840s, some attempt to combine these elements was almost a common sense in this milieu.19 Yet those who were to evolve into revolutionaries were a distinct minority.
Kouvelakis structures his book around a contrast between Heinrich Heine and Karl Marx on the one hand, and Moses Hess and the young Frederick Engels on the other.20 The latter are presented as representatives of ‘True’ socialism, while Heine and Marx are by contrast the minority current which lays the basis for the theory of a new revolution which preserves the ‘spirit’ of the French Revolution while going beyond it—a proletarian revolution.
The upshot of this is to demonstrate that Marx’s specific way of combining these elements is unique, and represents as much a radical break from all three traditions as any simple synthesis. That this was the case is amply shown by Marx’s subsequent polemics with those who hadn’t made the break from these traditions, for example Proudhon and French socialism or the various ‘Young Hegelians’, in The German Ideology. Behind this lies the gulf separating Marxism from all forms of liberalism. This, then, is a claim for the novelty of Marx’s conception of communism—it is not just a question of taking over pre-existing traditions and combining them, but of a sharp break.
Kouvelakis charts Marx’s development from a reformist outlook that assigned a pivotal role to a free press (Marx was editor of a radical bourgeois newspaper in this period, the Neue Rheinische Zeitung) to a revolutionary perspective and the birth of a new worldview. In particular Kouvelakis emphasises that this process is a politically driven one for the young Marx, and at the same time involves the emergence of a radically new conception of politics itself.
To begin with Marx, like all the other Young Hegelians, operates within the framework of the ‘German road’ of reform not revolution. Yet from the outset Marx saw a much more active and engaged role for philosophy. Like Kant, he demanded a public sphere outside the control of absolutism that could conduct a campaign for democratic reform. But Marx aims for a situation in which ‘philosophy becomes worldly and the world became philosophical’. 21
He even calls on philosophy to ‘become a newspaper correspondent’! Here is an aspiration for philosophy to overcome its separation from the world of practice. It also breaches the self censorship advocated by Kant. By its nature a newspaper has a greater audience than a philosophical tract. Of course, the very real censorship of the Prussian state still had to be negotiated.
Marx also takes a far more critical approach to Hegel’s view of the state. Initially he still accepted the premise that the state’s role is to reconcile the conflicts which threaten to tear civil society—the world of the market, private property, competition, and so on—apart. Marx, however, is highly sceptical of Hegel’s account of the mechanisms and institutions that will perform the role of overcoming these conflicts. For example, Hegel rejects the argument for representative democracy, and instead talks of ‘corporations’ which organise the various classes or ‘estates’ in society. It is these corporations that are to be represented in the state rather than individuals directly. In other words, he gives an inbuilt advantage to the landowning aristocracy, who as an ‘estate’ are guaranteed a political weight way beyond their actual numbers. Hegel also saw the state civil service as an embodiment of the ‘universal’—in other words, the public interest. For Marx these are false solutions—they are ‘sham meditations’. From the outset Marx looks to a democratisation of the state, but of the existing state at this point.
But the crisis beginning in 1842-1843 as the Prussian state turned to repression closed off this option. Marx now looked again at the relationship between civil society and the state. What is at stake is nothing less than the question of revolution. Kouvelakis insists that behind this theoretical shift is a political radicalisation. It is not a question of purely abstract intellectual enquiry, but a product of the double crisis of absolutism and reformism in Germany in 1842-1843. But neither can it be seen simply as a reflection of these new circumstances, because only a minority of existing radicals go over to the side of revolution. Thus Kouvelakis sees Marx’s shift as a political act in the ‘heat of battle’: ‘Before discovering the proletariat, before forging the concept of his theory of history, Marx makes the leap; he is virtually the only one in the democratic German opposition to do so, with the exception…of Heine’.22
So Marx becomes a revolutionary before he becomes a Marxist. He now calls for the battle for democracy in Germany to be openly joined. He rejects any attempt to solve the crisis that evades this question, as the ‘True’ socialists argue.23
Marx now moves to settle accounts with both Hegel and the French Revolution. Marx engages in what Kouvelakis describes as a Hegelian critique of Hegel. Marx sees Hegel as failing to deliver on the promise of his own dialectic. Instead of uncovering the real and ceaseless movement of history, it ends up accommodating to empirical reality—the actually existing Prussian state. So, what comes to pass in history turns out simply to be what already exists. The revolutionary promise of Hegel’s idealist dialectic turns out to be a conservative justification of the status quo.24
Marx then proceeds to launch a critique of the notion of representative government itself. Crucially, this centres on the fact that even this—the maximum possible democracy under capitalism—fails to overcome the division between civil society and the state. The state under representative democracy claims to treat everybody as an equal citizen, yet in the realm of private property the division between the propertied and propertyless remain. Indeed, the state itself is a product of those divisions. Without a state, this polarisation of wealth threatens to explode. The state doesn’t ‘reconcile’ these divisions, it entrenches them:
The state is incapable of substantially affecting the contents of civil society, for it is, precisely, a product of civil society’s abstraction from itself. Hence the state can overcome social differences only in imaginary ways, in the heaven of the equality that prevails between the subjects of the law. 25
So any revolution that fails to eradicate the cleavage between civil society and the state must fall short of real human emancipation, however much it might succeed in democratising the existing state:
A revolution is not radical unless it puts an end to the separation between civil society and the state—that is to say, unless it simultaneously overcomes the internal division of civil society and imaginary transcendence of that division, namely the abstraction of the merely political state. 26
Bourgeois property and the modern state are two sides of the same coin. They are mutually interdependent. So you cannot, as the ‘True’ socialists argued, transform bourgeois society without addressing the question of the state. But nor will a purely ‘political’ revolution suffice. You cannot, says Marx, ‘leave the pillars of the house standing’. The revolution must be simultaneously political and social.
So, politics is central to Marx’s thought. His ideas are formed in a fight against the apolitical notions of the ‘True’ socialists, but it is a new way of thinking about politics that cannot be separated from the ‘social’. Kouvelakis, somewhat abstractly, calls this a ‘transformation of the political that amounts to posing it as a power of transformation’.27
There are two related points here. First, Marx is seeking to abolish a view of politics as a separate autonomous sphere. Politics cannot be viewed as a distinct entity from economics or the ‘social’. Such a view is a central feature of liberalism. Second, for Marx, overcoming the division of politics and economics is part of the process of establishing truly democratic control from below over the organisation of society. Abolishing politics as a separate sphere is to subject it to conscious human control. Politics will no longer be an alienated realm offering only a fictitious equality and democracy even under representative democracy, but ‘truly democratic’.
Kouvelakis’s book, while very rich and suggestive, is also demanding and at points slightly ambiguous. It is not always clear whether he believes the state will continue to exist under communism. So he says on the one hand, that the ‘state “disappears”—but only as a separate entity, a fixed, immutable given—in order to dissolve into the network of mediations that constitute concrete universality’. But he then insists, ‘The “disappearance” of the political state does not in any way signify the pure and simple absence of law, a constitution, or even state institutions. Marx is resistant to “anarchist temptations”.’28
Perhaps the tightly focused nature of Kouvelakis’s book is a hindrance. He only takes the story of Marx’s development up to 1844. It might be argued that Marx himself is still ambiguous in what he is saying at this point. Either way, a discussion of Marx’s response to the Paris Commune (mentioned in passing) or to the rich tradition of soviets or workers’ councils thrown up repeatedly in revolutionary situations in the 20th century would perhaps serve to clarify the issues at stake here. Kouvelakis’s argument about Marx’s turn to revolution as a political act also provokes some questions. If he is saying that it must be seen as the product of Marx’s engagement in the struggle, and not simply as an abstract theoretical development, that seems clear and right. But when he also insists it cannot be interpreted in ‘sociological’ terms and that Marx’s breakthrough to the new perspective ‘surges up out of the contradiction’, then is there not a danger of saying that it has no relationship to real struggles, to the objective world?
This aside, Philosophy and Revolution is a welcome return to the question of Marx’s political project. It is a robust defence of Marx’s profound concern with the issue of democracy. Given the renewal of the movement against capitalism, this is certainly timely. In particular, Marx’s attention to the limits of even representative democracy (remarkably, one written in the 1840s when genuine parliamentary democracy was still only an aspiration) has a real force at a time when the hollow nature of parliamentary democracy has rarely been more apparent.
Marxism was formed at a time of crisis, and the resulting radicalisation of a wing of a movement that had initially sought reform, not revolution. Kouvelakis’s insistence that a central part of this process was a confrontation with ‘True’ socialists who were indifferent to questions of the state and politics has something real and urgent to say to those today seeking a way to successfully challenge capitalism.
Notes
1. J Rees,’The Return of Marx’, International Socialism 79 (Summer 1998).
2. Gareth Stedman Jones’s introduction to the new Penguin edition of the The Communist Manifesto (London, 2002) reiterates this liberal critique of Marx (p179). Indeed, Stedman Jones only reserves any praise for Marx’s famous celebration of the revolutionary dynamism of the capitalist system (p5).
3. S Kouvelakis, Philosophy and Revolution, (London, 2003), p274.
4. Ibid, p14.
5. Ibid, p19.
6. Ibid, p145.
7. K Marx and F Engels, The Communist Manifesto, op cit, p251.
8. S Kouvelakis, op cit, p141.
9. Ibid, p131.
10. Ibid, p143.
11. Ibid, see pp141-144.
12. Ibid, p153.
13. Ibid, p165.
14. Heinrich Heine (1797-1856) is perhaps best known among socialists for the poem ‘The Silesian Weavers’, written after the 1844 uprising of the weavers. The poem can be found in Heinrich Heine (London, 1997). Testimony to his radicalism is the fact that Hitler, after occupying Paris, ordered the poet’s grave at Montmartre to be destroyed.
15. Ibid, p45.
16. In July 1830 revolution broke out in France after the last Bourbon king, Charles X, had attempted to suppress the liberal press. It ended in the establishment of the ‘bourgeois monarchy’ under Louis-Philippe, from the rival Orleanist dynastic house contending for the French crown.
17. Heinrich Heine, quoted in S Kouvelakis, op cit, p60.
18. See V I Lenin, ‘The Three Sources and Three Component Parts of Marxism’, in V I Lenin, Marx, Engels, Marxism (Beijing, 1978).
19. For example, the very title of Moses Hess’s The European Triarchy reflects his attempt to distil a synthesis of English, French and German experiences, in this case to find a path for evading revolution.
20. Kouvelakis argues that the young Frederick Engels was highly influenced by Moses Hess, and was a ‘True’ socialist prior to his ‘real encounter’ with Karl Marx. Kouvelakis interprets Engels’ The Condition of the Working Class in England as a ‘True’ socialist text. This seems to me to ‘bend the stick’ far too hard, to say the least. Too many hostages are being offered to the argument that counterposes Engels to Marx, and sees in the former the source of the mechanical Marxism prevalent in the Second International. An account of how Engels—and not just Marx, who after all was also strongly influenced by Hess for a time—makes the transition to a consistent revolutionary outlook might reveal a more rounded perspective on the young Engels’ break from ‘True’ socialism. For a different perspective, see ‘The Revolutionary Ideas of Frederick Engels’, International Socialism 65 (Winter 1994).
21. Ibid, p259.
22. Ibid, p278.
23. Stedman Jones describes the section in The Communist Manifesto on ‘True’ socialism as ‘sectarian’. Yet surely it was the tendency of some ‘True’ socialists to turn their fire on those fighting for democracy on the eve on the 1848 revolutions that was both sectarian and reactionary, however radical the rhetoric was that cloaked it. Marx and Engels’ polemic insisted that socialists took part in the fight for democracy even while they sought to extend into a struggle for socialism. This is one of their most important contributions to the revolutionary tradition. See, for example, August Nimtz’s excellent treatment of this question in A Nimtz, Marx and Engels: Their Contribution to the Democratic Breakthrough (Albany, 2000).
24. S Kouvelakis, op cit, pp288-292. See also J Rees, The Algebra of Revolution (New Jersey, 1998), for one of the clearest approaches to Marx’s relationship to Hegel.
25. S Kouvelakis, op cit, p300.
26. Ibid, p326.
27. Ibid, p310.
28. Ibid, pp309-310.

Syriza explained by Stathis Kouvelakis

Syriza explained by Stathis Kouvelakis

By Mike Watson / 03 March 2015

In this interview originally published in Nouvel Observateur, the political theorist and member of Syriza’s central committee, Stathis Kouvelakis looks at the origins of the Syriza phenomenon.

Protesters clash with policemen during riots at a May Day rally in Athens, 2010

Éric Aeschimann: Alexis Tsipras, leader of the radical Left party Syriza and new Prime Minister of Greece, is engaged in an unprecedented tug of war with Europe. As a member of the Syriza central committee, do you think that he will be able to resist the pressure from his European partners?

Stathis Kouvelakis: Last Sunday Tsipras gave his speech to the Greek Parliament outlining his overall policy, and a lot of people were expecting to see early signs of a retreat, or even Greece’s submission to the Troika (the European Commission, IMF and European Central Bank). But that wasn’t at all the case. Tsipras made no important concessions. Yes, he did avoid speaking in terms of ‘cancelling’ the Greek debt. But he insisted that it is unviable, and demanded its ‘reduction’ and ‘restructuring’. And while the minimum wage has not immediately been brought back up to its 2009 levels (when it stood at 751 euros a month, as against 480 today), he has promised to achieve that this year. Apart from that he repeated the points of the ‘Thessaloniki programme’: emergency measures to help the poorest (food aid, turning their electricity back on, free bus passes, and medical cover); the re-establishment of workplace legislation (in particular the collective bargaining conventions, which the Troika had made only optional); getting rid of punitive housing taxes; tax reform to make the rich pay their way; bringing the income tax threshold back up to €12,000 a year; the rehiring of laid-off civil servants; abolition of the privileges given to the private media, and the re-constitution of the ERT (the state broadcaster); a stop to privatisations; and an end to police repression of the people’s demonstrations.

How is such a programme going to be funded?

Alexis Tsipras has confirmed that he will be scrapping the Troika-imposed ‘assistance programme’. Moreover, he has demanded an extension of the liquidity supplied to the Greek banks – including the return of the profits the Eurozone’s central banks have made on the Greek debt. He has emphasised the need for a balanced budget but rejected the idea that Greece’s primary surpluses should be devoted ad vitam aeternam to paying off the debt. Since there seems to be no chance of Europe’s leaders accepting even part of this working programme, we are dealing with a logic of confrontation.

So does that mean a rupture?

Over the last two weeks Syriza has met with flat refusals from Europe’s leaders; this together with the ECB’s decision to shut off one of the taps financing the Greek banks has shown the real nature of the European institutions: they are there to impose austerity policies, without any consideration of elected governments’ democratic mandates. Tsipras has repeatedly stated that the Greek people’s dignity and democratic and national sovereignty are non-negotiable. Add to that the fact that he has brought up the question of the loans that the Nazi occupier forced Greece to give Germany, and which have never been paid back. The 92 year old Manolis Glezos was made head of the delegation responsible for presenting this repayment demand. He is a legendary figure in Greece: as a young patriot in May 1941 he tore the swastika flag down from the Acropolis. This was the first act of the Greek Resistance. These are just some of the declarations making up nothing less than a call to popular mobilisation. We are perhaps standing on the eve of important events that will change how things work in Greece and in Europe as a whole.

After being a young Communist activist, you took part in the founding of Syriza. What are this party’s origins?

Syriza is the fruit of a recomposition process that transformed the political space to the Left of social democracy, from the 1970s onward. The unique thing about Greece is that this ‘Red’ Left coming out of the Communist tradition has always remained a powerful force, such as to allow the kind of dynamic that led to the 25 January election victory. This recomposition process revolved around the gradual separation of the historical Communist Party into two branches. On the one side, its Stalinist wing, which still exists (the KKE, which scored 5.5% at the recent election), and which is very hostile to what Syriza is doing. On the other side is a heterodox tendency that broke with the Soviet model and then gave rise to Syriza in 2004. It has proven able to attract other forces on the Left: firstly some of the formations of the far Left; then the alter-globalisation movements, feminists and ecologists; and more recently those who feel betrayed by PASOK and citizens who have got involved in politics during the debt crisis.

Elsewhere in Europe the Communists have lost most of their influence. In Greece, conversely, they make up the backbone of a new party. How would you explain this?

In Greece the Communists were in the front rank of the people’s struggle against the colonels’ regime, in particular the Athens Polytechnic uprising of 1973. The bloody repression of these student protests precipitated the fall of the dictatorship. With the return to democracy the following year the Communists enjoyed immense prestige, and each year a mass march honours the memory of the student revolt. The part of the Left rooted in the old Communist Party has always received between 8 and 15 percent of the vote; but there was a parting of the ways within this bloc, separating the heterodox current from a KKE trapped in a sectarian and Stalinist approach. Another important consideration is that the heterodox tendency in Greece, unlike the French Communists for example, has refused to enter into a deadly alliance with social democracy. Syriza has become a credible alternative by simultaneously both avoiding sectarian isolation and refusing to become anyone else’s bag-carriers.

How has PASOK – a party we often identify with the Parti Socialiste – changed across this period?

It is actually more comparable to the Mexican Partido Revolucionario Institucional, since PASOK sank deep roots in the Greek state. And this state is not based on the Western European model. Having emerged from a military triumph – with the end of the civil war in 1949 – it based its authority on patronage networks and its ability to hand out sinecures. Public spending long remained at very low levels, and only in the 1980s did PASOK implement a real healthcare and pensions system. Which explains why for a long while it really was popular. But it did so without increasing taxes to pay for this rudimentary welfare state. That’s how the debt started to take off. Starting from 1996 PASOK prime minister Costas Simitis liberalised the financial system. Everyone started to play the stock market, and the housing market soared; the 2004 Olympic Games held in Athens were the apotheosis of this artificial enrichment of the country. Simitis airbrushed the public accounts in order to qualify Greece for euro membership, with Goldman Sachs providing a helping hand. That was the golden age of financial globalisation… but also of the alter-globalisation movement!

How did these ex-communists react to this new form of protest?

Syriza’s success was in allowing the new social movements to feed into it, and this was a decisive factor in the dynamic leading to its victory. For instance, since 2010 informal solidarity networks formed (such as mutual aid networks and social heath centres) creating a pool of activists part of which joined Syriza. In Greece joining or supporting a political party is quite normal. As is voting – the turnout for student elections is around 70 percent! Even a section of the anarchists, who are very active in the solidarity networks, support Syriza. In Exarchia, the ‘anarcho’ neighbourhood of Athens, Syriza won easily.

How did a protest coalition turn into a party of government?

It all took off with the occupation of Syntagma Square in spring 2011. At that time large sections of society saw their world crumbling. This movement had a ‘plebeian’ aspect, with the participation of workers, state employees, and members of the middle classes hit hard by crisis. Syriza made a real effort to listen to this movement – not trying to manipulate it, but offering it a way forward politically. An analysis of the 25 January election results shows that the party has considerably increased its implantation in rural areas as well as in working-class neighbourhoods. In Crete it dislodged PASOK, and in the Piraeus constituency no. 2 where the dockers have always voted for the KKE, that party slumped to 8 percent while Syriza got 42 percent. Conversely, in Athens’ trendy Kolonaki district and in the bourgeois suburbs the Right was on the rise: Syriza isn’t the bobos’ party! [bobos = bourgeois-bohêmes, very roughly similar to hipsters].

From France it’s troubling to see Syriza allying with the nationalist Independent Greeks (ANEL), a party known for its xenophobic positions and links to the Orthodox Church…

Tsipras answered this concern last Sunday, when he announced that citizenship would be granted to all immigrants’ children born in Greece. He emphasised the new immigration ministry’s mission of protecting human rights and people’s dignity. Which is proof if it were needed that ANEL’s participation in the government has not at all changed our positions on such questions.

If the negotiations with Europe fail could Tsipras be tempted to ask for lines of credit from Russia or China?

If the European credits were abruptly cut off then there would be no other choice but to turn to alternative sources of financing. In Greece, Russia is seen as a friendly country, from both the Right and the Left. Syriza has no ideological affinity with the Putin regime, which certainly is not a great democracy. But in my view there are much worse things on the planet, for example the Gulf States regimes who fund terrorism and decapitate women in public. And yet Western governments hurry to do business with them.

And what if faced with Europe’s refusal, Tsipras decided to give in?

That would be suicidal, and would lead to Syriza’s collapse.

Interview with Stathis Kouvelakis by Éric Aeschimann, from the 12 February Nouvel Observateur.

“Contra el peligro de un pensamiento estancado”.

Entrevista a Aurelio Alonso por Yohanka León del Río, “Contra el peligro de un pensamiento estancado”.

Yohanka León Del Río
11 January 2013
Biblioteca Contracorriente

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Publicada en la Revista Cine Cubano

AURELIO ALONSO (Cuba, 1939)

Licenciado en Sociología en la Universidad de La Habana. Fundador del Departamento de Filosofía. Miembro del Consejo de Dirección de la revista Pensamiento Crítico desde su creación en 1967 hasta su desaparición en 1971. Publicó en 1998 su libro Iglesia y política en Cuba, y también más de ochenta artículos, desde materiales de prensa hasta ensayos en revistas especializadas, en Cuba y en el extranjero. Designado en el 2003 coordinador del Grupo de Trabajo de CLACSO sobre Religión y Sociedad. En la actualidad es Investigador Titular del Centro de Investigaciones Psicológicas y Sociológicas (CIPS) y Profesor Titular Adjunto de la Universidad de la Habana. Es miembro del Comité de Redacción de la revista Alternatives Sud , publicada en Bélgica. Colabora habitualmente en las publicaciones cubanas Temas , Revolución y Cultura , Marx Ahora , Debates Americanos , y en el exterior en Alternatives Sud.

YOHANKA LEÓN DEL RÍO

Profesora de Filosofía de la Universidad de La Habana, investigadora, miembro del Grupo de Investigación América Latina: Filosofía Social y Axiología (GALFISA), del Instituto de Filosofía del Ministerio de Ciencia, Tecnología y Medio Ambiente de Cuba.

Yohanka León: Una vez más, la Videoteca Contracorriente del ICAIC nos ofrece la oportunidad de conversar con un amigo y profesor entrañable: Aurelio Alonso Tejada, investigador titular y subdirector de la revista Casa de las Américas. Bienvenido.

Aurelio Alonso: Muchas gracias.

Y. L.: ¿Cómo era el joven Aurelio Alonso? ¿Vivió la conmoción revolucionaria del año 1959?

A. A.: Ah, bueno. Yo creo que muchas de mis vivencias fueron comunes a las de otros jóvenes de aquella época que tenían mi edad: al triunfo de la Revolución yo tenía diecinueve años, estaba al cumplir los veinte, y estudiaba en el extranjero. Abandoné mis estudios para regresar a Cuba ante el impacto del hecho revolucionario; y decidí no volver al extranjero porque sentí la fuerza enorme de las transformaciones que comenzaban con la Revolución. Más la fuerza ética que la fuerza política. He dicho a veces, no siempre, sino a partir de que lo he reflexionado un poco, que sentí la enorme carga de libertad que una transformación revolucionaria genera como posibilidad; no en el sentido clásico de «quiero más libertad», «que me den más libertades». No es la forma liberal de concebir la libertad, es la forma que, incluso, pudiéramos decir que Marx hereda de la visión de Hegel: la libertad ligada a la necesidad de la comprensión histórica, de las posibilidades ante las que se enfrenta una generación, ante las que se enfrenta una comunidad, ante las que se enfrenta una nación, incluso, ante las que se enfrenta una familia, y que permiten un marco de realización y un marco de compromiso, que es realmente el punto de referencia para la libertad. Es el planteamiento de Ortega y Gasset cuando hablaba de las circunstancias: «soy yo y mis circunstancias»; es una reflexión que no está resumida a una ideología solamente, es decir, hay mucho pensamiento filosófico detrás. Tú siempre estás condicionado por tus circunstancias y tú siempre eres un actor clave sobre esas circunstancias. Eso yo lo viví muy fuertemente.

Y. L.: Hablando de circunstancias y mencionando a Ortega y Gasset y la filosofía, usted ha dicho en varias ocasiones que su incursión en la enseñanza de la filosofía y del marxismo, en la Universidad de La Habana, en esos inicios de los años sesenta, lo marcaron definitivamente desde el punto de vista existencial y desde el punto de vista profesional. Usted ha dicho que los profesores eran «hijos de la urgencia», por la formación rápida que recibían para la enseñanza del marxismo en la Universidad. Y precisamente en relación con esto quería que conversara un poco sobre esos destinos, sobre ese curso del marxismo en los primeros años del proceso de institucionalidad cubana, de la reforma universitaria.

A. A.: En efecto, los años que van de 1962 a 1965 ó 1966 son definitivos, porque en realidad, yo no empecé mi vida universitaria estudiando Filosofía; comencé estudiando una carrera ya casi olvidada por mí, que fue Administración de Negocios, es decir, estudié una carrera vinculada más bien a la contabilidad, y empecé a trabajar también en Cuba en empresas del Ministerio de Industrias. Pero también estudié Derecho y, en el marco universitario, cuando se produce la necesidad de enseñar Filosofía, ya yo tenía algunas lecturas filosóficas marxistas y no marxistas —más no marxistas que marxistas—, y poseía cierta inclinación y vocación, sobre todo, por el pensamiento filosófico. Y me alisté, me propusieron y acepté el desafío de dedicarme a la enseñanza de esta disciplina. La filosofía, las ciencias sociales, la reflexión filosófica y sociológica, me capturaron con mucha fuerza, y ya nunca me pude distanciar de eso.

Y. L.: Aurelio, esa fue una etapa de enconadas polémicas. Recientemente, Graziella Pogolotti publicó una compilación de las polémicas culturales que se produjeron en esa época. Pero también hubo una polémica en la que usted tuvo una activa participación, que fue la «polémica de los manuales». ¿Qué marxismo se asumió? ¿Cuál fue la polémica en relación con esto? ¿Por qué en relación con los manuales? ¿Qué pudiera conversar con nosotros acerca del papel del marxismo y el encuentro de la Revolución cubana con el pensamiento marxista en ese momento?

A. A.: Bueno, ¿qué te diría yo? Es una pregunta muy difícil de responder de forma breve. Podría resumirla a mi experiencia personal o podría enfocarla en función de mi concepción, es decir, de la lectura que yo tengo de la entrada del marxismo en Cuba y de las polémicas mismas como fenómeno. En cuanto a mi experiencia personal, es inevitable decirlo: el grupo nuestro se formó en el marxismo soviético, es decir, con profesores hispano-soviéticos, y enseñamos la filosofía. Realmente ya yo había leído un poco a saltos, había leído a otros filósofos más bien contemporáneos, existencialistas algunos de ellos, y tenía cierta inclinación hacia el pensamiento de Sartre. Pero en realidad el marxismo me capturó muy rápido, incluso a través del mismo manual. Este me dio una cierta seguridad: la seguridad que ofrecen los manuales, que es superficial. Y entonces empezamos a formarnos dentro de esa visión del marxismo manualizado; fue en el curso del estudio de la filosofía y de la mirada de la realidad cubana que fuimos cambiando hacia una visión crítica, leyendo a otros autores, comprendiendo que no todo estaba dicho dentro del marxismo y que no toda la verdad estaba dentro; que no todo se decía desde el marxismo… y que la realidad necesitaba un análisis más dinámico; que la dialéctica era otra cosa… El grupo nuestro representó una herejía. Bueno, nosotros quizás nos creímos que éramos los portadores de una nueva ortodoxia de la Revolución y nos equivocamos: la nueva ortodoxia de la Revolución no existía, era la Revolución misma. Es decir, nosotros teníamos una lectura y creo que éramos orgánicos en ese sentido, pero los otros también. La contienda entre dogmáticos y no dogmáticos, o revisionistas y no revisionistas, según el ángulo desde el que tú la mires, no es tan sencilla, no es tan lineal, no es tan dual, porque la historia es muy compleja. No es una contienda de enemigos, es una contienda de lecturas. Bueno, para decirlo con palabras del día, es parte de la «batalla de ideas» de entonces, de hoy, y de muchos años en un futuro.

Y. L.: La «batalla de ideas» es permanente, y yo creo que también en esa etapa una batalla de ideas importante fue la desempeñada por la revista Pensamiento Crítico.

A. A.: La revista Pensamiento Crítico fue un proyecto que se tronchó, es decir, se realizó en un sentido y se tronchó en otro, porque no logró su plena madurez. Fue una revista que comenzó a salir en el año 1967 y se nos planteó que teníamos que dejar de publicarla en el año 1971. Es decir, fueron 52 números… ¿52, verdad?

Y. L.: 52 ó 56…

A. A.: No, 53 creo, si no recuerdo mal. Si la memoria no me falla, fueron 53. Y, por supuesto, desaparece en un momento en que está ganando una madurez sobre todo en cuanto a participación cubana. Yo nunca llegué a escribir en Pensamiento Crítico: no hay ningún artículo mío en esa publicación. Hay varios prólogos de números que yo preparaba; Fernando creo que nada más llegó a publicar dos artículos en la revista… Es decir, los primeros números más bien eran reproducciones, trabajos de otras colaboraciones. Nosotros no queríamos hacer una revista que fuera para lanzarnos a nosotros mismos, sino difundir un pensamiento que creíamos que no tenía suficiente promoción en Cuba. Deseábamos mostrar una imagen de y hacia América Latina, pues la selección de los textos era realizada por cubanos, mostrábamos nuestra mirada, la visión de generaciones jóvenes, cercana y articulada al proyecto revolucionario. Por eso también pensábamos que éramos los orgánicos: yo hoy pienso que orgánicos éramos muchos, no solo nosotros. Quizás hoy conozco más a Gramsci; entonces lo empezábamos a conocer… La revista desaparece en un momento en que estábamos entrando nosotros mismos en ella, con mucha cautela, con mucho cuidado, con temas en los que estábamos seguros que podíamos entrar, etc. Sin embargo, a la vuelta de los años, nos hemos dado cuenta de que la revista circuló tremendamente por América Latina: llegó a tener una tirada de 15 000 ejemplares, y sabemos que por lo menos unos 5 000 o un poco más, circulaban en América Latina. Incluso, muchos compañeros de la izquierda latinoamericana de hoy, que no vivieron la época de la revista, que nacieron después, la conocen, les ha sido útil, importante en la formación de ellos, importante en la renovación del pensamiento de izquierda. Es decir, esa izquierda a la cual el derrumbe socialista no amilanó… No me gusta decir el «derrumbe socialista» porque queda muy ambiguo: el derrumbe del experimento socialista del siglo XX… Me gusta siempre puntualizar que el socialismo no ha fracasado: lo que ha fracasado es el experimento temprano del socialismo, el primer experimento del socialismo, el del siglo XX, y lo que nos está indicando también es que posiblemente en el siglo XX era muy temprano para pensar que iba a tener éxito… Hay compañeros, muchos compañeros de esa izquierda, que han logrado recoger este mensaje y retomar el reto en América Latina, de la búsqueda de un socialismo del siglo XXI o como le quieras llamar; de la reconstrucción del socialismo; del hallazgo de un socialismo viable; de la búsqueda en cada país de las coordenadas de ese socialismo, cosa que ya está floreciendo con mucha fuerza. Y muchos de esos compañeros se han formado tomando a Pensamiento Crítico como punto de referencia importante. Para nosotros, ese es el gran elemento de aliento. ¿Cómo decirte? No quisiera verlo yo mismo como un elemento de vanidad, y pensar: «esto demuestra que nosotros éramos los que teníamos la razón en aquella época», no. La razón nunca la tiene nadie completamente, es decir, la razón siempre está en un lugar a mitad de camino. Pero la satisfacción es darnos cuenta de que nuestra herejía se insertaba dentro de la lucidez revolucionaria de la época, como se insertaba la herejía del Che mucho más que la de nosotros.

Hay muchos compañeros que ya han trabajado Pensamiento Crítico como publicación, incluso se ha puesto un poco de moda en Cuba y fuera de Cuba, y me alegro de eso, porque ha mostrado que el grueso de los artículos de la revista son sobre temas políticos, económicos y sociales de América Latina, sobre los problemas políticos y sociales del Tercer Mundo y del Primer Mundo también. Por ejemplo, recientemente estuve buscando entre viejos números de revistas con motivo de una nueva que hice por el aniversario del Mayo francés de 1968, y te puedo asegurar que no encontré un dossier más completo de aquella época que el número que nosotros hicimos de Mayo del 68. En aquel momento no estaba seguro de eso, pero ahora te digo que fue un número excepcional; el número de la Revolución del 30 también fue excepcional… En fin, hay números de la revista que quedan… Hay un número sobre Martí que lanza el ensayo de Ramón de Armas, creo que después fue incluso Premio Casa, y el ensayo de Pedro Pablo Rodríguez, es decir, hay un número dedicado a Martí que también fue excepcional. La revista tuvo números verdaderamente geniales. Y no solamente sobre América Latina, pero América Latina fue el tema central de la revista. ¡Y qué decirte! Estaba lo polémico, estaba el análisis académico de las problemáticas coyunturales y, en menor medida, estaba lo teórico. La revista no era una revista de filosofía o una revista esencialmente de pensamiento; era una revista que abarcaba un espectro ensayístico muy amplio que iba de lo coyuntural a la reflexión más abstracta.

Y. L.: Por eso yo le quiero hacer esta pregunta muy precisa: ¿qué desafíos le plantea al pensamiento social crítico la urgencia de la formación política de los movimientos sociales populares?

A. A.: Ese es uno de los problemas centrales de hoy. Yo creo que… Creo no: considero evidente que las fuerzas de cambio en el Tercer Mundo, pero específicamente en América Latina, que es nuestro escenario más cercano de inserción, han basculado —y esto lo han planteado muchos autores, no estoy diciendo nada nuevo— de las fuerzas propiamente políticas, es decir, de los partidos, movimientos políticos, etc., a los movimientos sociales. Cada vez han tenido un peso mayor los movimientos sociales y yo creo que esto es un hecho que, aunque algunos critican, se va a reforzar, ha habido momentos de avance y momentos de reflujo, pero a mi juicio esta es una tendencia que se va a instalar. Hoy en día, nosotros tenemos una de las fuerzas no solamente sociales, sino políticas y hasta ideológicas, más importantes del continente, que es el movimiento «sin tierra», y su expansión en ese gran movimiento internacional que se llama «vía campesina», que tiene un peso muy significativo en el presente de Brasil, en el presente de América Latina en general, y en el futuro. Pero, por otra parte, los movimientos indigenistas, en toda la región andina, tienen también un significado de primer orden. Hasta hace poco, el indigenismo era un actor invisible, invisible para la teoría (a pesar de Mariátegui que estaba ahí como referencia), para la teorización sobre el peso del movimiento indigenista como movimiento social y su significado en la lucha de clases… Porque el problema es ese: no es que los movimientos sociales desplacen a la lucha de clases, es que los movimientos sociales fuerzan a las correlaciones de clases a actuar en otra forma, o quizás sea que las correlaciones de clases le imponen sus tareas principales a los movimientos sociales sobre otra forma de organización. No me atrevo a decir qué incide sobre qué con más presión, pero esto, por supuesto, constituye un reto esencial para el pensamiento crítico de hoy, de nuestros días: la colocación del movimiento social en su justo lugar y la relación entre movimiento social y política. No me gusta decir «la relación entre movimiento social y movimiento político», sino la relación entre movimiento social y la política como ejercicio.

Y. L.: Vamos entonces a pasar al tema de Cuba. En su último texto, recientemente publicado en Rebelión, habla de los desafíos del socialismo en Cuba más allá de la economía.

A. A.: Ese último artículo es realmente una ponencia y se introduce en la economía… No es posible enfocar la producción de un futuro socialista dejando la economía de por medio; no es posible decir «yo me encargo de lo político y no de lo económico». No, a mi juicio eso no es posible. Incluso nosotros tenemos hasta que evaluar los inmensos aportes sociales de la Revolución, críticamente, en el plano económico, porque Cuba, la Revolución, desde los sesenta hasta nuestros días, muchas veces ha tomado decisiones y realizado inmensos aportes sociales sin preguntarse antes cuánto van a costar en el plano económico. Eso entraña una enorme virtud y es la de no subordinar la necesidad social a la posibilidad económica; pero entraña un defecto también, es decir, el defecto de involucrarse en proyectos que después no estás en condiciones de sustentar. Son cosas que en el pensamiento socialista del siglo XXI tenemos que ver cómo se resuelven. Ahí está vinculado todo el problema de encontrar un patrón de eficiencia económica que sea capaz de darle sostén a las políticas sociales. Y en ese trabajo yo planteo que hoy en día el desafío más grande que tiene la Revolución cubana, que tiene el socialismo cubano y el proyecto socialista cubano, sigue siendo —cincuenta años después de la victoria del 59— el de encontrar un patrón, un factor, un elemento de eficiencia que la haga sustentable, y que supone cambios estructurales.

Y. L.: Institucionales también.

A. A.: Sí, también institucionales. Yo los pienso económicos, los pienso políticos y los pienso en la esfera de la espiritualidad también. Mira, ¡qué decirte! A veces me da miedo que las cosas que digo y repito sean clichés, pero tengo que decirlas. Pienso que el hombre nuevo, la idea de ese hombre y el avance hacia él, nunca será total; en lo que yo creo que la Revolución tiene mucho avance es en la generosidad de los médicos y de nuestros combatientes internacionalistas, en fin, en muchos elementos de conducta…, pero también tiene cuotas de egoísmo que no se han logrado superar. Y lo he dicho en varias ocasiones, considero que hay que sacar el deseo del automóvil de la cabeza humana. ¿Te ríes? Bueno. Yo no estoy diciendo que hay que acabar con los automóviles, ni que no quiero un carro, o que prefiero irme caminando… Creo que el automóvil es el mayor signo de deformación individualista que el capitalismo del siglo XX nos impuso y que el socialismo compró. Y el socialismo cubano también, porque en cuanto el proyecto cubano se afilió al CAME y tuvo un poco de holgura, no empezó por asegurar el transporte público: empezó por comprar Fiat, Peugeot, Ladas y Moscovitz, y qué se yo, y comenzó a vender automóviles. Nunca ha habido un aseguramiento del transporte público. Entonces, pienso que una sociedad tiene que resolver los grandes problemas sociales, y los grandes problemas sociales tienen que estar primero que los problemas que satisfagan necesidades individuales; y cuando se antepone la satisfacción de esas necesidades, no solamente se yerra en el plano económico, sino también en el plano de la formación moral de la sociedad, porque se lleva al ser humano a circunscribirse a la satisfacción de una necesidad personal, a veces por encima de todas las demás cosas. El hombre en una sociedad nueva tiene que hacer avanzar también su formación en el sentido de tener objetivos distintos, de poder reflexionar estas cosas con otros criterios más altruistas.

Y. L.: Aurelio, usted ha señalado en este último trabajo los temas de la economía, cómo pensar, cómo debe ser una economía socialista. ¿Y se ha acercado a pensar si la democracia es el desafío para el poder popular en Cuba, o a la inversa, es más el poder popular el desafío para la democracia cubana?

A. A.: Yo creo que la democracia es el desafío para el Poder Popular y que el poder popular es el desafío para la democracia. Creo que es una dinámica, una dialéctica complementaria, porque precisamente es el poder popular… no el que tenemos, que no estoy diciendo que sea malo ni bueno, en fin, tiene cosas muy importantes y tiene frustraciones también muy grandes, y déficits, es decir, cosas que le faltan, cosas que ha realizado de manera insatisfactoria. Estoy hablando del poder popular dicho literalmente, es decir, el desideratum. Tampoco el que está en la utopía, sino el que está en lo que podemos realizar a partir de lo que tenemos, porque no hay que pararse en la utopía. No hay que perder de vista la utopía; pero hay una realidad posible que está delante de nosotros y que está poco realizada; hay una institucionalidad insuficientemente aprovechada, tratada, respetada y desarrollada. Hay una cierta incapacidad para desarrollar esa institucionalidad, una rutinización de las respuestas; ese es un mal que tenemos y que atenta contra la institucionalidad, la que nosotros mismos nos hemos creado. Lamentablemente, nosotros no podemos decir que tenemos una democracia participativa; es algo que no existe en ningún lugar, ¿qué cosa es participativa? ¿Participativa es que te citen a la manifestación y que tú vayas? No, eso es… no sé, eso podría ser «democracia movilizativa». Participativa es que tú tengas un rol, un papel en las decisiones que tienen que ver con tu comunidad, hasta las que tienen que ver con tu país. Hay una cita del Che que yo la repito bastante, no porque no haya otras que se aproximen: él habla de que las masas tienen que llegar incluso a decidir, a poder participar en la decisión de qué parte de los ingresos del país van al consumo y qué parte a la acumulación. Eso me parece que lo esclarece todo. El poder real, la democracia real que supone el poder popular… El poder popular debe ser la democracia y eso vamos a decir que es una tarea pendiente, en la cual nosotros estamos situados en un plano más viable de realización que otros muchos sistemas. El problema es que a veces parecería que no lo vemos, que nos solazamos demasiado en lo que tenemos y nos conformamos demasiado con lo que tenemos, nos complacemos. Hay una cierta lectura complaciente de nuestras realizaciones, de nuestros logros. Lo mismo pasa en la economía. Nosotros hemos desarrollado una economía sumamente estatizada y sumamente inoperante, con muchos errores; con la quimera de que nosotros eliminamos lo que se puede eliminar: que se podía eliminar el mercado con medidas administrativas, lo cual la historia ha demostrado que es falso. Porque lo que haces es relegarlo a una segunda economía, que es la informal, que en situaciones de alguna holgura económica la puedes mantener en cierto equilibrio, pero cuando la economía entra en crisis, como sucedió a partir del año 1990… Y como todavía está en crisis, el mito de que el Período Especial pasó es un poco ingenuo. «Período Especial» fue una forma de anunciar los efectos que el país iba a sufrir cuando se derrumbara el sistema en Moscú. El problema es que la economía cubana estaba cayendo, desde 1990 a 1994; en el año 94 se queda ahí y después tiene momentos de mejoría; con el cambio del escenario latinoamericano, con el alza del comercio con China, con los resultados del turismo que ya venía, a partir de 2000 vuelve a tener un proceso de recuperación. Ahora, el problema es que todos los momentos de la historia económica del país, después de 1959, han estado muy marcados —más allá de que se haya tenido siempre una utopía— por imposiciones cortoplazistas. El país ha tenido que tomar decisiones constantemente para subsistir mañana. No sé si me explico. Cuando la bancarrota de finales de los sesenta y después de la zafra de los diez millones (que era una bancarrota, con diez millones o sin ellos), el país acudió al CAME. Acudir al CAME era una decisión en principio cortoplazista, porque era salir del problema: era el CAME el que daba una salida al problema y ya, y el largo plazo se enrumbó también por ahí. Pero después de 1990, el país ha estado acosado por los efectos de la caída de aquel sistema y tomó medidas, reformas, más bien determinadas por la imposición de problemas que requerían respuesta a corto plazo. Nosotros tenemos que llegar a la construcción de una estructura económica en nuestra sociedad que balancee la propiedad estatal, que concentre la propiedad estatal en aquello que el Estado tiene que administrar para darle las seguridades a la sociedad, y que se saque de encima, en formas de producción cooperativa, asociativa, comunal y familiar —privada también—, los sectores de la economía que pueden funcionar mejor en esa forma y que pueden ser controlados por el Estado; control para los sectores no estatalizados y estatalizar los sectores que son determinantes para la economía. Ah, bueno, y ahora tú me preguntarías: «¿y cuáles son los sectores determinantes y cuáles no?». Bueno, ese no es ya el problema. El problema es que eso es algo que tiene que definirse por la sociedad misma, porque en la composición de nuestra economía serán unos y en la composición de la economía de Ecuador, por ejemplo, serán otros. Claro, nosotros tenemos la diferencia de que el futuro de Ecuador, para balancear adecuadamente su economía, está en nacionalizarla; el futuro nuestro, para balancear adecuadamente nuestra economía, está en desnacionalizarla. No quiero decir en privatizar, no me gusta la palabra «privatizar» porque no se trata de eso: se trata de dejar de identificar «socialización» con «estatización». Como dice Boaventura de Souza Santos, y yo estoy de acuerdo con él en eso, igual que el capitalismo significa no una sociedad donde todas las relaciones de producción son capitalistas (hay distintas relaciones de producción, pero las que dominan son las capitalistas, las que tipifican a la sociedad son las capitalistas), bueno, el socialismo tiene que ser una sociedad en la cual no quiere decir que todo sea nacionalizado, estatal. No puede ser que la socialización se identifique con la relación estatal, porque la relación estatal puede ser ineficiente, y suele ser ineficiente en muchos niveles. Y entonces en esos niveles en los que es ineficiente, para que el conjunto de la sociedad sea eficiente y, por lo tanto, que el conjunto de la economía socialista sea eficiente, esa economía socialista tiene que desnacionalizar, que hacer cambios estructurales en esa dirección. Esa es una tarea pendiente muy fuerte en nuestra economía.

Y. L.: Creo que vamos a ir terminando, el tiempo se nos está acabando. Ya esta es una pregunta que va más hacia lo que en toda la entrevista usted ha mostrado: el oficio del pensamiento crítico y la misión del pensamiento crítico comprometido. Hubo quien mal colgó un pésimo cartel a su generación, calificándola como «la del silencio», y usted en su momento indicó que no era precisamente «del silencio», sino de «la lealtad». ¿Cuál es el desafío de la coherencia en el ejercicio intelectual?

A. A.: Bueno, es que realmente esto tiene que ver con la relación entre el intelectual y la Revolución, en el sentido de la militancia. Yo estaba hace poco releyendo un pasaje de un debate que se produjo aquí en la Casa de las Américas, a los diez años de la Revolución, donde se entraba en ese tema entre varios intelectuales, y Roque Dalton decía una cosa muy interesante… No puedo citarlo ahora literalmente, porque estoy simplemente recordando esa lectura, pero decía que el intelectual tenía que ser incondicionalmente revolucionario, pero que esa incondicionalidad suponía la dimensión crítica, porque para ser incondicionalmente revolucionario, tienes que ser autocrítico, y si tienes que ser autocrítico, también tienes que ser crítico. En tu incondicionalidad de revolucionario está implicado el sentido crítico de tu pensamiento, porque no puedes ver a la Revolución como algo perfecto, sino como algo perfectible siempre, y el sentido autocrítico tuyo es una bella forma de expresarlo. No sé si tenga más de sentimental que de argumentación ética, pero es una forma muy bella de expresar una relación que existe y que hace la lealtad; la lealtad no con un hombre, sino la lealtad con las ideas que ese hombre, o esos hombres, han defendido, con las que tú te has sentido identificado y de las que formas parte en el compromiso de una construcción política, social, distinta, con un objetivo distinto, pero que no quiere decir que te conviertas en un repetidor.

Y. L.: Ahora una pregunta pequeñita, si puede: desde esa incondicionalidad, desde esa lealtad que usted identificó para su generación, más concretamente, ¿cuáles serían, aunque sea de una forma esquemática, las tareas que tiene ante sí, hoy, el pensamiento crítico social en América Latina?

A. A.: Bueno, sobre qué es lo que nos toca a los cubanos es como yo entiendo tu pregunta: ¿qué cosa hemos dado nosotros? Lo primero que hemos dado es un ejemplo de resistencia; y lo otro, junto a ese ejemplo… vamos a decir mejor que dentro de ese ejemplo de resistencia más que junto a él, es la capacidad de hacer transformaciones orientadas hacia el mundo que queremos. No es que hayamos llegado; estamos muy distantes, tenemos muchos fracasos arriba. Nuestro desafío está en seguir dando los resultados de nuestra experiencia, y también en aprender algunas cosas de lo que está pasando en los nuevos procesos latinoamericanos. Yo creo que hay cosas también que nosotros tenemos que aprender de lo que sucede en Bolivia y en otros espacios… No es que busquemos allí quien nos tenga que enseñar, sino las experiencias del proceso mismo: cómo se comporta la relación con el pueblo, cómo se comporta el cambio de institucionalidad, por qué tienen un significado tan grande la constitucionalidad y las modificaciones de las constituciones de esos países, y nosotros no hemos asumido que aquí tendrían que tener un significado más grande también esa constitucionalidad y los cambios constitucionales. Hay cosas que aprender.

La pasión por la teoría

La pasión por la teoría
Yohanka León del Río , Félix Valdés García • La Habana, Cuba

La filosofía no es siempre un saber necesario, pero para las revoluciones se convierte en un saber imprescindible. En ocasiones viene a menos, se convierte en lujo del espíritu, en ejercicio baldío y de placer, se enajena de su mundo, como la mayor parte de las veces se esquiva por constituir un estorbo adicional ante las cosas prácticas e inmediatas.

Vladímir I. Lenin, en vísperas de una gran revolución en mente, se sumergió en la apacible sala de lecturas de la biblioteca de Berna, entre 1914 y 1915, para leer la Ciencia de la Lógica y entender a Hegel, para comprender a Marx, o para reafirmarse que la dialéctica expuesta aquí, invertida por Marx, es el álgebra de la revolución. Frantz Fanon tenía en su mochila la Fenomenología de Hegel y daba clases de marxismo a las tropas del Frente de Liberación Nacional argelino, acantonadas en la frontera con Túnez durante la revolución. Y Fidel se leía a Kant y a Marx en el Presidio Modelo, así como el Che, ante la batalla decisiva de la Revolución en Santa Clara, leía en su escaso asueto a Göete, según atestigua una foto que ha quedado para la historia.

Al triunfo de la Revolución cubana en 1959, nuevamente la filosofía se pone en la diana, y tras reformarse la universidad surge el 1ro. de febrero de 1963, el Departamento de Filosofía sobre el cual hoy reflexionamos en ocasión de sus 50 años, con una distancia de medio siglo, pero asistidos aún por la necesidad de pensar en la teoría que acompaña a la revolución y su impronta, como bien señalara en su tiempo una mujer, la marxista norteamericana Raya Dunayevskaya, en aquel texto que ponía en maridaje los dos términos: Filosofía y revolución para rescatar a Marx y a Lenin de los espectros inmóviles sobre ellos creados, en tiempos que los obreros de Norteamérica los demandaban.

Imagen: La Jiribilla

Los jóvenes profesores del recién creado Departamento de Filosofía, sabían de su reto, hacían y emprendieron una revolución total en este campo, querían incendiar el océano, desafiando y asimilando el maremágnum de cosas nuevas ante sus narices puestas.

¿Cuál fue este tiempo para ellos, para el mundo y para la teoría misma? En primer lugar, era un momento de rupturas y de quiebras epistémicas. Como nunca antes se viene de vuelta de la modernidad, la ilustración y el liberalismo. El Tercer Mundo pone en tela de juicio todo el saber hasta entonces funcional al sistema capitalista. No es suficiente lo que se sabe, no se adecuan los conceptos que permiten entender lo que está pasando en Cuba, en América Latina, en África, en el sur de los EE.UU., en Nueva York y en California, como en la propia Europa y la Unión Soviética. Y en la periferia de Europa, están sucediendo cosas que aun no tienen siquiera un nombre, “estamos prácticamente sin bautizar” —decía Fidel en un discurso—. Y es que entendernos, leernos, pensarnos no es suficiente desde recetas y saberes llegados allende el Atlántico. El Manual de Konstantinov, el marxismo desarrollado en la URSS con sus leyes y categorías, o las creencias infalibles de los intelectuales del Norte con sus cortapisas resultaban de poca ayuda. Hay un vacío de presupuestos en el conocer, y también ellos deben ser emancipados.

Cuba se convertía en ‘atractor’ de las nuevas ideas y del movimiento revolucionario del Tercer Mundo, del giro que tanto la teoría y el marxismo abierto como fundamento teórico de los partidos revolucionarios, se exigía. Había que indisciplinar la disciplina de la filosofía, había que readecuar la enseñanza del marxismo. Pero indisciplinar la disciplina traería graves riesgos.

¿Por qué hablamos de un giro de tipo epistémico, de nuevos presupuestos ante los cuales sustentar el saber? ¿Es que se tenía conciencia de este salto, de esta revolución total por quienes eran sujetos del cambio? Los jóvenes profesores de filosofía hacían, debatían, se sumaban, pero tal vez no advertidos del vórtice en el que se hallaban ellos mismos y la teoría.

En este tiempo, no solo las ciencias naturales o exactas se autocritican en su programa moderno y su pretensión de objetivad, neutralidad, linealidad y sus leyes eternas. Como dijera Inmanuel Wallerstein, cuando en 1995 presentaba su Informe Gulbekian en Nueva York, la década del 60 ponía a las ciencias —con la complejidad y los estudios culturales— en otros rumbos. Desde entonces, el equilibrio se hizo excepcional; la realidad física, indeterminada; no hay orden sino caos, hay simetría temporal; y el saber social es parte del saber del mundo.

Desde el Tercer Mundo —el Sur diríamos hoy—, se desmienten las nociones tradicionales llegadas del Norte. Los pueblos de África, Asia y América se convierten en sujeto de la historia, en objeto de una nueva relación teórica. Ya lo santificaba Sartre en su apasionado prefacio a Los condenados de la tierra. Se está dando un giro, se está produciendo teoría de la práctica, que se separa de lo sabido por manuales y doctrinas. Hacerse eco de ellos, recepcionarlo como justo deber de intelectual y marxista cubano, se contraponía a la estabilidad del marxismo hecho disciplina, hecho orden y programa académico. Sin embargo, la práctica, siempre más dinámica, está demandando leer con otros ojos, sobre todo desde otro locus de enunciación.

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Una muestra de ello se da en la propia Historia de Cuba, una ciencia que encontraba impulso en los ímpetus del momento y ponía en solfa la lectura misma de la formación de la nación, esta vez releída desde la gente sin historia. El recién estrenado departamento se sintió atrapado y le dio una vuelta de rosca a la Historia misma y al marxismo, uniendo y siguiendo a la una y al otro, en una inusual interconexión. De estos años nacieron libros esenciales como El ingenio, de Manuel Moreno Fraginals; Ideología mambisa, de Jorge Ibarra y La revolución pospuesta, de Ramón de Armas —un ensayo escrito para la revista Pensamiento crítico, justo en los días finales de 1969—. La Historia se democratizaba y las personas se apoderaban de ella, al mismo tiempo que se le exigía sostenerse sobre nuevos pies, justo al filo de las celebraciones del centenario del 68. ¿Habrá significado hacerse concientes de ello?

Se dan sucesos de tanto valor como la descolonización en África, asistida por perspectivas como la negritud, el antioccidentalismo, el antimperialismo y el socialismo para el Tercer Mundo o el giro en la comprensión del sujeto del cambio. Entre ellas, la revolución argelina fue un proceso particular a la cual la joven Revolución cubana se había ligado desde el principio. Su gran ideólogo y filósofo político, Frantz Omar Fanon, destacaba que los conceptos no eran suficientes para comprender la descolonización. El colonizado ya no es más el lumpen proletario del marxismo europeo, ni la vida de los partidos políticos en sus formas tradicionales, viene de gran ayuda para el mundo africano que se emancipa. Fanon esquiva a los periodistas y a los intelectuales socialdemócratas como a los marxistas europeos, unos y otros están en incapacidad para comprender el nacimiento de un hombre nuevo, no como utopía abstracta, sino como realidad que emana del acto revolucionario, del colonizado que se deshace “de los miedos y de lo onírico”.

Fanon habla del hombre nuevo que se construye en el acto, en el proceso de la revolución que niega los valores vencidos de la cultura occidental, tales como el racismo, el patriarcalismo, el sexismo y todo tipo de discriminación humana. El hombre nuevo, un ideal sentado en el cenit utópico abstracto de la emancipación, sería la superación del sujeto que Europa no pudo crear. La violencia revolucionaria, según Fanon, era un acto necesario que llevaría a la superación de la violencia misma, como se había discutido en Accra en 1960, mientras el proceso pasaba por los peligros de la dependencia colonial, los nacionalismos, la enajenación, las mímesis acríticas y los compromisos y apetitos de los líderes involucrados. La revolución se forja al rojo vivo y no desde las herencias ancestrales negras. Todas estas verdades nuevas vienen a cambiar referentes teóricos envejecidos y actuantes.

Tampoco puede olvidarse en nuestro caso el proceso político de independencia en las vecinas islas del Caribe, con proyectos y perspectivas que anunciaban rupturas radicales: Eric William en Trinidad, los Manley en Jamaica, Cheddi Jagan en la Guyana, así como las fuertes críticas de intelectuales caribeños de la talla de C.L.R. James, Aimé Cesaire, L. Best, seguidos del Black Power, que introducía aun más leña al fuego. Todos estos cambios confluían en lecturas y críticas teóricas que se agolpaban en un espacio docente en revolución, a las afueras de los muros universitarios.

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No menos importante fue el Movimiento por los Derechos Civiles en la América del Norte, desde el Mississippi hasta Montreal, acompañado del movimiento contracultura, el reclamo por la libertad de expresión con Mario Sávio a la entrada de la Universidad de California en Berkeley, el movimiento Hippie, el movimiento negro estadounidense, los Panteras negras, Ángela Davis, Stokely Carmichel, o los jóvenes que se revelaban contra la guerra en Vietnam.

A su vez, la América Latina se convertía en un hervidero, con sucesos revolucionarios en Córdova, Argentina, en México, y hasta en la isla de Guadalupe. Surgían guerrillas en México, Guatemala, Nicaragua, Venezuela, Colombia, Perú, la Bolivia del Che, y se afincaban como respuesta las más sangrientas dictaduras, hasta Chile con Pinochet en 1973, que vino a poner fin a un movimiento intelectual, cuestionador del desarrollo y propugnador de teorías que merecían el diálogo, una vez arrinconadas en este país austral.

Todo ello en medio de la guerra fría, de distención entre los dos grandes polos constituidos y de encerramiento político, militar, pero sobre todo ideológico: Tanto el Macartismo —una especie de limpieza y reafirmación anticomunista en el país de las libertades per se y la democracia a todas voces—, como el cuestionamiento del estalinismno y la construcción del socialismo desarrollado en la URSS, imponían al comunismo internacional un reforzamiento teórico y un atrincheramiento ideológico, también geopolítico, en el cual cada espacio ganado era una victoria a mantener.

¡Cuanto suceso político e intelectual, cuanto estremecimiento pasaba también por Cuba! Y en medio de todo, la guerra desatada contra la joven Revolución desde el imperio del norte.

La filosofía nuevamente venía al ruedo, como para Lenin en 1914 o para Fidel en el Presidio Modelo, y los jóvenes profesores que constituían el Departamento encaraban a tumbos dos modos, o dos grandes paquetes de conocimiento: uno, el del marxismo soviético, ya batallador en nuestro medio, y otro, el del marxismo que se enriquecía con las nuevas lecturas de la realidad y de su tiempo. El primero era sistema, era método, horma, escuela, y ante todo ‘manual’ al cual solo había que adicionarle los ejemplos del sur, como adornos o añadiduras individuales a las leyes universales. El diamat y el hismat eran infalible doctrina, disciplina coherente de la academia, dada en la docencia, mientras el marxismo de Che, de Fidel, de Fanon, y de mucho intelectual del Sur se hacía búsqueda, inquietud, enriquecimiento, crítica, y no sabía exactamente cómo hacerse disciplinado. El primero era cerrado, monolítico, el segundo era abierto. Y en este bregar estuvo el Departamento de Filosofía, el cual —más allá de las afrentas—, supo hacer encantar la teoría, recepcionarla, debatirla y difundirla, desde las coordenadas cubanas.

Fue tanta la acción, que los jóvenes profesores rebasaban los marcos de una simple estructura organizativa docente universitaria, para convertirse en un proyecto cultural, político pedagógico, no solo en el escenario universitario, sino más allá del Alma Mater. El 7 de diciembre de 1965, Fidel los visitaba en la casa de la calle K y en aquella noche, tal y como cuentan sus protagonistas, se articularía un plan, más que pedagógico, político, cultural, que incluía la publicación de textos imprescindibles. Ellos ambicionaban seguir la rebeldía en las montañas del conocimiento, la ideología, el saber y la cultura. Para eso había que emplazar las fuerzas y las estrategias en el campo de la teoría, darle continuidad y hacer real el proceso nacional, liberador revolucionario, antimperialista, anticolonial y martiano de la nación cubana, de la república en armas que había nacido en la manigua.

Venir al mundo en esas circunstancias fue la mayor de las herejías, porque nació una propuesta teórica nueva en la enseñanza del marxismo que tuvo su despegue a partir del año 1966, en un proceso de fermento y creación profunda de la teoría marxista desde la atalaya única e indiscutible del proceso revolucionario cubano. Sus búsquedas las encuentran no solo revisitando a Marx, Engels, Lenin, Luxemburgo, Lukacs, Korsh, Gramsci, el marxismo latinoamericano de Mariategui y Mella, sino en el diálogo creador con el pensamiento de los líderes de la Revolución cubana, de los movimientos anticoloniales y de liberación nacional, y esencialmente con el de Che Guevara.

Los jóvenes de la calle K, se sumergieron con pasión sin límites, en lo que la Revolución regalaba, en sus diarias celebraciones de dignidad y de justicia, en la tarea (palabra mágica de la década, que a lo largo de los años ha perdido la carga inicial movilizativa que tuvo) de la teoría. La Revolución como el acontecimiento trascendente seguía teniendo sus líneas de fuego, sus ofensivas armadas y esta era la de la teoría.

Sin embargo, tiempos de afrenta, de desentendimientos y de crudezas, de redefiniciones y desafíos, de radicalizaciones, hicieron ver sombras e incomprensiones, allí donde se imponía el diálogo y la continuidad del debate. El arduo periodo de inicios de los 70 sustraía la calma. En el verano de 1971 cerró el Departamento y la revista que viera crecerse en apegadas apuestas. Justamente en estos días Roberto Fernández Retamar dio a la luz su ensayo Caliban en el Nro. 68 de la revista Casa de las Américas, correspondiente a septiembre-octubre de 1971, y al hacer balance de aquellas jornadas, rememora cómo la Isla vivía la intensidad y el peso de un proceso en el cual “separar la paja del grano”, suponía ciertos estragos. Caliban nacía cuando cerraba el Departamento de Filosofía y Pensamiento Crítico, “días, de escaso sueño y sostén, de noches febriles”.

Hoy, como en aquellos años, el problema no es de poses intelectuales, sino de reales aconteceres prácticos, y el dilema de la teoría es nuevamente vital. Aportar a la formación marxista de las grandes masas significaba ampliar los horizontes de compresión de la teoría misma, por la insurgencia de las realidades rebeldes de las luchas y resistencias de los pueblos del mundo contra el sistema de dominación imperialista, capitalista y colonial.

La pasión por la teoría no fue adorno intelectual, ni saber colonizado, ni búsqueda de protagonismos, sino la responsabilidad asumida de que la teoría fuese saber culturalmente apropiado y apropiable por las grandes masas de hombres y mujeres protagonistas de los cambios cotidianos de sus vidas hacia la dignificación y la justicia. Eran jóvenes y todo lo era en aquellos años, el propio pensamiento tercermundista anticolonial que se gestaba de las luchas de liberación nacional como ofensiva estratégica de la teoría marxista. Ahí están los textos de Ho Chi Min, revelando la necesidad de volcarse la teoría hacia las cuestiones coloniales, el estudio y análisis de la situación concreta, de cómo entender la relación entre las luchas por la liberación nacional y la lucha de clases como responsabilidad intelectual y acto de solidaridad, en los textos de Amílcar Cabral, publicados en la Revista. Es sobre todo la impresión inmediata en mimeógrafo del discurso de Che Guevara en Argel, el 24 de febrero de 1965.

Era la herejía del acto revolucionario cubano y de las rebeldías del mundo colonial y subdesarrollado que se levantaba, que atrapaba el apasionante oficio de la teoría. Todo era cotidiano y urgente, y no por la espera agonizante de la objetividad de realidades condensadas y deterministas, sino por la voluntad y la intencionalidad enlazadas. ¿Cómo explicar entonces en un mundo que ya se marcaba en una geopolítica bipolar, el entusiasmo esperanzador de una revolución mundial? Esa esperanza había sido puesta en el escenario mundial y su eficacia era tal, que su certeza estaba rubricada por la férrea y visceral respuesta de las fuerzas dominantes del capitalismo mundial, el imperialismo, y los reformismos renovados.

Cuba surcaba esas aguas con una soberanía permanentemente asediada, y ese carácter soberano era también el del ejercicio teórico. No hay un texto más explícito sobre esto que “El Ejercicio de pensar”, aparecido en enero de 1967 en Caimán Barbudo y luego en Lecturas de Filosofía, que no merece reseña, sino únicamente obligada lectura.

Los años 60 entrelazan muchas historias intelectuales y culturales, hay una deuda de estudios históricos sobre esas interconexiones y sobre todo no para juzgar, ni dirimir ganadores o perdedores sino para comprender, que es la manera de que ese pasado se haga presente.

La presencia es urgente. Ejerzo la docencia por años de aquella asignatura que quedara dispuesta en los diseños curriculares de todas las carreras, refrendada por la Reforma Universitaria de 1962. Hace pocos días conversaba con los estudiantes en el primer encuentro y con un ejercicio realizado levanté las expectativas hacia la asignatura que ellos tendrán, así como sus sentidos comunes acerca del marxismo. A pesar de mi obstinado optimismo, tengo difícil la tarea para este curso. Me pregunto entonces cómo devolver la pasión por la teoría, cómo lograr enamorar para el ejercicio de pensar, como re-encantar la Revolución, que es lo mismo.

Es premura desprenderse de la concepción de una teoría incólume, no dispuesta al desarrollo, una ideología de la legitimación, la obediencia y la clasificación incapaz de aportar a lo que va emergiendo con fuerzas. El propio Ernesto Guevara, en sus lecturas de juventud de las Lecciones sobre la historia de la filosofía de Hegel, avizoraba lo que ya era un prejuicio insalvable: La propia filosofía siendo “doctrina de la verdad absoluta” no puede circuns­cribirse a un número tan reducido de individuos, ni a determinados pueblos, o ciertas épocas. El Che iniciaba la heterodoxia total que la teoría misma exige en su tiempo.

Hoy, como en los 60, una tercera ola de revoluciones se abre en el mundo y su centro pasa por el continente latinoamericano. Una vez más, el marxismo no es la unívoca teoría, jamás eso lo hubieran querido sus fundadores en todos los sentidos. La univocidad no implica unidad, fortaleza o solidez, sino arbitrariedad, empobrecimiento e inutilidad. Sin embargo, hay que volver al ejercicio apasionado de la teoría porque la realidad de lucha de los pueblos contra las dominaciones en el mundo, siguen poniendo infinitas preguntas y hay que hacer valer el instrumento analítico de la lectura de la realidad.

El problema no es el de poner en práctica la teoría sino el de la necesidad práctica de la teoría. El problema, tanto en aquellos años como en estos, no es cuánto es difícil hacer una teoría, sino cómo la realidad y la práctica nueva que emerge, nos reta teóricamente.

Las lecturas teóricas de la realidad, desde el paradigma crítico, enfatizan el momento de la negación, de develar la realidad unilateral de la dominación. Las teorías críticas del fetichismo, la cosificación, la explotación, el colonialismo en sus diferentes escuelas y sistemas de ideas (marxismos, escuela de Frankfurt, estudios culturales, estudios postcoloniales, teología de la liberación y pedagogía de la liberación, etc.), han dado aportes epistemológicos y críticos fundamentales para comprender las relaciones de dominación.

Es por eso que con ellas y desde ellas, la tarea del pensamiento crítico sigue siendo subvertir todo el andamiaje en el que se ha construido el pensamiento crítico mismo. El acto de pensar críticamente sucede desde el observador activo, no contemplativo de las subjetividades en luchas y resistencias en el mundo; al poner las teorías y las prácticas en común, que es más que una teoría y una práctica común.

La tarea, y así la vislumbraron en su quehacer el grupo del Departamento de Filosofía, está en hacer consciente para sí, sistematizar sin homogeneizar ese acto de pensar. Es recrear los saberes desde el diálogo y la pregunta, traducir, transitar desde las lógicas de lo unívoco a las lógicas relacionales de las identidades múltiples, de la diversidad. Es hablar, conversar (en todas sus formas preformativas: cantar, pintar, mirar, bailar, sentir) con todos y todas, en cualquier lugar y en cualquier momento.

Tendríamos que, entre tantas cosas, preguntarnos específicamente desde las experiencias de producción de pensamiento crítico, como desde las emergencias emancipadoras anticapitalistas que suceden hoy en el movimiento social popular de Nuestra América. ¿Cuáles son entonces las claves para la construcción teórica de la emancipación?

La pasión por la teoría es reconocer la producción de conocimientos desde una nueva mirada a la praxis revolucionaria, un desplazamiento epistémico-político hacia la construcción de saberes críticos y democratizadores. Hoy se está produciendo un diálogo no solo para enfrentar y buscar soluciones a problemas urgentes de la práctica emancipadora, sino para reorganizar los conocimientos con que se interpretan estos, producirlos mediante cambios en los modos, perspectivas de colaborar, y comportamientos en la organización de los saberes para la lucha emancipadora.

Si la polémica de los manuales asumida por el profesor Aurelio Alonso, en las páginas de la Revista teoría y práctica, no fue una discusión bizantina del Medioevo europeo, sí mostró la necesidad de encontrar las formas, modos y métodos de hacer valer la construcción colectiva de la hegemonía cultural de la revolución de los humildes y para los humildes. Hoy, ello no es simple anécdota o récord del pasado, como tampoco los inicios urgentes de la década del 70 y la vuelta a la gresca de los manuales, que esta vez fue una polémica con tintes mordaces, donde se dieron términos incriminatorios que culpabilizaban y anatemizaban, antes que dialogar o debatir en busca de un marco de comunes puntos de partida y compromisos políticos. Se dio entonces un desplazamiento al plano de la política real, y un vaciamiento de la teoría con contenido profético, inspirador, político, que el proceso revolucionario no ha cesado de producir. No serán traperos de la historia quienes revolcarán estos sucesos, sino el trabajo joven de investigación que justiprecie y comprenda.

Hoy, no se ha renunciado aún a la pasión por la teoría, pues sería de un error estratégico sin par, y sí, para ello tenemos de inspiración a los jóvenes, “los filósofos” de K. Todos, o casi todos, han dado continuidad a esa empresa, han seguido en el magisterio, en el profesorado de formación política teórica y cultural, en la tarea de las revoluciones sociales por el socialismo, haciendo valer cada vez más un marxismo urgente y necesario, como instrumento teórico y paradigma de crítica al modo dogmático especulativo, positivista, autoritario y reformista de una tendencia académica, teórica y política divulgativa, latente en formas de relaciones de poder y saber en el campo cultural e intelectual.

La pasión por la teoría era la misión cultural, ética y política del grupo. Creo justo reconocer la labor de los profesores del Departamento de Filosofía, como la del rebelde haitiano, para quien el reino de este mundo es siempre una tarea por realizar, es buscar las soluciones, no en imágenes congeladas de ideas peregrinas, sino en las luchas, los sentidos, las emociones, las iconografías bellas de las revoluciones y las vidas puestas de los dignificados de la tierra.
Ponencia incluida en el panel “Coloquio Científico 50 Aniversario del Departamento de Filosofía de la Universidad de La Habana”. La Habana, 17 y 18 de septiembre de 2013.

American Hegemony or American Primacy?

MAR 9, 2015 20
American Hegemony or American Primacy?

CAMBRIDGE – No country in modern history has possessed as much global military power as the United States. Yet some analysts now argue that the US is following in the footsteps of the United Kingdom, the last global hegemon to decline. This historical analogy, though increasingly popular, is misleading.

Britain was never as dominant as the US is today. To be sure, it maintained a navy equal in size to the next two fleets combined, and its empire, on which the sun never set, ruled over a quarter of humankind. But there were major differences in the relative power resources of imperial Britain and contemporary America. By the outbreak of World War I, Britain ranked only fourth among the great powers in terms of military personnel, fourth in terms of GDP, and third in military spending.

The British Empire was ruled in large part through reliance on local troops. Of the 8.6 million British forces in WWI, nearly a third came from the overseas empire. That made it increasingly difficult for the government in London to declare war on behalf of the empire when nationalist sentiments began to intensify.

By World War II, protecting the empire had become more of a burden than an asset. The fact that the UK was situated so close to powers like Germany and Russia made matters even more challenging.

For all the loose talk of an “American empire,” the fact is that the US does not have colonies that it must administer, and thus has more freedom to maneuver than the UK did. And, surrounded by unthreatening countries and two oceans, it finds it far easier to protect itself.

That brings us to another problem with the global hegemon analogy: the confusion over what “hegemony” actually means. Some observers conflate the concept with imperialism; but the US is clear evidence that a hegemon does not have to have a formal empire. Others define hegemony as the ability to set the rules of the international system; but precisely how much influence over this process a hegemon must have, relative to other powers, remains unclear.

Still others consider hegemony to be synonymous with control of the most power resources. But, by this definition, nineteenth-century Britain – which at the height of its power in 1870 ranked third (behind the US and Russia) in GDP and third (behind Russia and France) in military expenditures – could not be considered hegemonic, despite its naval dominance.

Similarly, those who speak of American hegemony after 1945 fail to note that the Soviet Union balanced US military power for more than four decades. Though the US had disproportionate economic clout, its room for political and military maneuver was constrained by Soviet power.

Some analysts describe the post-1945 period as a US-led hierarchical order with liberal characteristics, in which the US provided public goods while operating within a loose system of multilateral rules and institutions that gave weaker states a say. They point out that it may be rational for many countries to preserve this institutional framework, even if American power resources decline. In this sense, the US-led international order could outlive America’s primacy in power resources, though many others argue that the emergence of new powers portends this order’s demise.

But, when it comes to the era of supposed US hegemony, there has always been a lot of fiction mixed in with the facts. It was less a global order than a group of like-minded countries, largely in the Americas and Western Europe, which comprised less than half of the world. And its effects on non-members – including significant powers like China, India, Indonesia, and the Soviet bloc – were not always benign. Given this, the US position in the world could more accurately be called a “half-hegemony.”

Of course, America did maintain economic dominance after 1945: the devastation of WWII in so many countries meant that the US produced nearly half of global GDP. That position lasted until 1970, when the US share of global GDP fell to its pre-war level of one-quarter. But, from a political or military standpoint, the world was bipolar, with the Soviet Union balancing America’s power. Indeed, during this period, the US often could not defend its interests: the Soviet Union acquired nuclear weapons; communist takeovers occurred in China, Cuba, and half of Vietnam; the Korean War ended in a stalemate; and revolts in Hungary and Czechoslovakia were repressed.

Against this background, “primacy” seems like a more accurate description of a country’s disproportionate (and measurable) share of all three kinds of power resources: military, economic, and soft. The question now is whether the era of US primacy is coming to an end.

Given the unpredictability of global developments, it is, of course, impossible to answer this question definitively. The rise of transnational forces and non-state actors, not to mention emerging powers like China, suggests that there are big changes on the horizon. But there is still reason to believe that, at least in the first half of this century, the US will retain its primacy in power resources and continue to play the central role in the global balance of power.

In short, while the era of US primacy is not over, it is set to change in important ways. Whether or not these changes will bolster global security and prosperity remains to be seen.

Read more at http://www.project-syndicate.org/commentary/american-hegemony-military-superiority-by-joseph-s—nye-2015-03#5auWCIqgZHgqIe30.99

Evolution of Soft Power Since Fall of the Berlin Wall (2015)

Evolution of Soft Power Since Fall of the Berlin Wall
January 20, 2015 Joseph S. Nye, Jr. University Distinguished Service Professor at Harvard

When the Berlin Wall came down a quarter century ago, its collapse was not caused by a barrage of artillery, but by hammers and bulldozers wielded by people whose minds had been changed by ideas that penetrated the Iron Curtain. In other words, the end of the Cold War was partly caused by “soft power.”

One of the notable trends of the past half century is the current information revolution. And with it comes an increase in the role of soft power—the ability to obtain preferred outcomes by attraction and persuasion rather than coercion and payment.

The current information revolution dates from Moore’s Law in the 1960s—the capacity to double the number of transistors on a computer chip every 18 months. As a result, computing power doubled every couple of years. In 1993, there were about 50 websites in the world; today, about a third of the world population is online; by 2020 the “Internet of things” is projected to connect some 50 billion devices.

The crucial change is not speed, but the enormous reduction in the cost of transmitting information. When the price of a technology declines so rapidly, it becomes readily accessible and the barriers to entry are reduced. In the middle of the twentieth century, people feared that the computers and communications of the current information revolution would create the central governmental control dramatized in George Orwell’s dystopian novel 1984. Instead, as computing power has decreased in cost and computers have shrunk to the size of smart phones, their decentralizing capabilities have outweighed their centralizing effects.
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Governments will be most powerful global actors, but new actors will compete effectively in the realm of soft power.

Today, more people have access to more information than ever before. As I describe in The Future of Power, this has lead to a diffusion of power away from governments to non-state actors ranging from large corporations to non-profits to informal ad hoc groups. This does not mean the end of the nation-state. Governments will remain the most powerful actors on the global stage, but the stage has become more crowded. Tahrir Square and the so-called “Arab Spring” is a good example. New information technologies contributed to the collapse of the Mubarak regime, but today the deep state is still in control in Egypt.

But the story does not end there. Many of the new actors will compete effectively in the realm of soft power—witness the ability of ISIL to attract thousands of recruits from as far away as Australia, Canada and Europe to its efforts to create a new Caliphate in Syria and Iraq. The politics of the cyber domain with actors ranging from Anonymous to transnational criminal groups using the “dark net” are another good example. As John Arquilla noted, in today’s global information age, victory may sometimes depend not on whose army wins, but on whose story wins.
Twenty five years ago, I coined the term “soft power” as a concept to fill a deficiency in the way analysts thought about power. It was eventually used by European leaders to describe some of their power resources, as well as by other governments, such as Japan and Australia. But I was most surprised when Chinese President Hu Jintao told the 17th party Congress of the Chinese Communist Party in 2007 that China needed to increase its soft power. Xi Jinping repeated that message last year. It is a smart strategy because as China’s hard military and economic power grows, it may frighten its neighbors into balancing coalitions. If it can accompany its rise with an increase in its soft power, China can weaken the incentives for these coalitions.
China has created hundreds of Confucius Institutes around the world to teach its language and culture, and China is spending billions to increase its international radio and television broadcasting. In addition, China has reinforced its attraction by economic aid to poor countries. In the last decade, it became common to refer to these efforts as “China’s Charm Offensive.”
China’s soft power still has a long way to go as measured by recent international polls. China does not yet have global cultural industries on the scale of Hollywood, and its universities are not yet the equal of America’s, but more important, it lacks the many non-governmental organizations that generate much of America’s soft power. As The Economist noted, “[T]he party has not bought into Mr. Nye’s view that soft power springs largely from individuals, the private sector, and civil society. So the government has taken to promoting ancient cultural icons whom it thinks might have global appeal.”
Moreover, as the party has based it legitimacy on a high rate of economic growth and appeals to nationalism, it not only reduces the universal appeal of Xi’s “Chinese Dream,” but it encourages policies in the South China Sea and elsewhere that antagonize its neighbors. For example, when Chinese ships drove Philippine fishing boats from the Scarborough Shoal, China gained control of the remote area, but at the cost of reduced Chinese soft power in Manila.
Vladimir Putin has recently called for an effort to increase Russia’s soft power, but he might consider the Chinese examples the next time he locks up dissidents like Andrei Navalny or intervenes in the state affairs of its neighbors, such as Ukraine. Not only has he suffered the hard power of economic sanctions, but he has undercut his soft power to attract neighbors into his design for a Eurasian Union to compete with the European Union. Last year Russia increased its investment in government propaganda but that is not a smart strategy to increase a country’s soft power. The best propaganda is deeds, not propaganda.
Increasingly, smart strategies will have to pay attention to both hard and soft power, and the ways they can reinforce or contradict each other. The example of the Berlin Wall is a good place to start.

Diversifying American Power

Diversifying American Power
[By Joseph S. Nye, Jr. Part of the series “Global Challenges in 2030” (Goldstein & Pevehouse), January 2010.]

The American National Intelligence Council projects that American dominance will be “much diminished,” by 2025. Many foreign leaders also suggest that American power has passed its mid-day. How would you know if these predictions are correct or not?

First, beware of misleading metaphors of organic decline. Nations are not like humans, with predictable life spans. For example, after Britain lost its American colonies at the end of the 18th century, Horace Walpole lamented Britain’s reduction to “as insignificant a country as Denmark or Sardinia.” He failed to foresee that the Industrial Revolution would give Britain a second century of even greater ascendency. Rome remained dominant for more than three centuries after the apogee of Roman power. Even then, Rome did not succumb to the rise of another state, but died a death of a thousand cuts inflicted by various barbarian tribes.

Indeed for all the fashionable predictions of China, India, or Brazil surpassing the United States in the next decades, the greater threats to all states may come from modern barbarians and non-state actors. The classical transition of power among great states may be less of a problem than the rise of non-state actors. In an information-based world of cyberinsecurity, power diffusion may be a greater threat than power transition.
“On many transnational issues, empowering others can help us to accomplish our own goals.” Here, in 2009, the leaders of Brazil, the United States, and China work together, with others, to coordinate actions for global economic recovery.
At an even more basic level, what resources will produce power in the next two decades? In the 16th century, control of colonies and gold bullion gave Spain
the edge; 17th-century Netherlands profited from trade and finance; 18th-century France gained from its larger population and armies; while 19th-century British power rested on its primacy in the Industrial Revolution and its navy. Conventional wisdom has always held
that the state with the largest military prevails, but in an information age it may be that the state (or nonstate) with the best story will win. Soft or attractive
power becomes as important as hard military or economic power. Secretary of State Hillary Clinton has said, “We must use what has been called ‘smart power,’ the full range of tools at our disposal.” Smart power means the combination of the hard power of command and the soft power of attraction.
In today’s world, power resources are distributed in a pattern that resembles a complex, three-dimensional chess game. On the top chessboard, military power is largely unipolar and the United States is likely to remain the only superpower for some time. But on the middle chessboard, economic power has already been multipolar for more than a decade, with the United States, Europe, Japan, and China as the major players, and others gaining in importance.
The bottom chessboard is the realm of transnational relations that cross borders outside of government control, and it includes non-state actors as diverse as bankers electronically transferring sums larger than most national budgets at one extreme, and terrorists transferring weapons or hackers threatening cyber-security at the other. It also includes new challenges like pandemics and climate change. On this bottom board, power is widely dispersed, and it makes no sense to speak of unipolarity, multipolarity, hegemony. The soft power to attract and organize cooperation will be essential for dealing with transnational issues.
The problem for American power in the 21st century is that there are more and more things outside the control of even the most powerful state. Although the United States does well on military measures, there is increasingly more going on in the world that those measures fail to capture. For example, international financial stability is vital to the prosperity of Americans, but the United States needs the cooperation of others to ensure it. Global climate change too will affect the quality of life, but the United States cannot manage the problem alone. And in a world where borders are becoming more porous than ever to everything from drugs to infectious diseases to terrorism, America must help build international coalitions and build institutions to address shared threats and challenges. In this sense, power becomes a positive sum game. It is not enough to think in terms of power over others. One must also think in terms of power to accomplish goals. On many transnational issues, empowering others can help us to accomplish our own goals. In this world, networks and connectedness become an important source of relevant power. The problem of American power is less one of decline, than realizing that even the largest country cannot achieve its aims without the help of others.
JOSEPH S. NYE, JR. is University Distinguished Service Professor at Harvard and former dean of Harvard’s Kennedy School of Government. He is the author of The Powers to Lead and Soft Power: The Means to Success in World Politics.

La urgencia de pensar la comunicación política

Por Darío Machado Rodríguez*

La comunicación política, prefiero llamarla de contenido político, tiene hoy el mayor de los desafíos: preservar y enriquecer los valores cultivados por la revolución socialista en condiciones de un cuádruple conjunto de factores que conspiran en contra.

Naturalmente, la comunicación política no puede echar sobre sus hombros toda la responsabilidad. Sin el predominio de la propiedad social, sin un Estado, sin voluntad política y leyes que respalden la orientación socialista de la sociedad cubana poco o nada significarán las acciones en el terreno de la comunicación social. Pero de igual manera, sin la acción consciente desde la ideología y la política revolucionarias, estos factores pueden debilitar y hacer desaparecer el rumbo socialista y con ello la independencia, la soberanía nacional y la identidad cultural.

Pero el tema que nos ocupa concretamente es el de la comunicación de contenido político y, por tanto, lo primero es explicar la naturaleza de ese cuádruple desafío y hacerlo pensando en la posible acción que pueden tener en lo inmediato y en el mediano plazo.

El enfocar los desafíos ideológicos de la comunicación política hay que ir a la raíz de la realidad social, tener en cuenta los datos que esta aporta.

El primer desafío es el que presentan las transformaciones económicas en curso hoy y en los años siguientes en la sociedad cubana, impulsadas por el Estado revolucionario y por la voluntad política de la nación expresada en los Lineamientos y que amplían la acción del mercado y de la propiedad privada. Ambos elementos contienen el germen del individualismo y junto con su ampliación recrean y amplían la base económica alrededor de la cual puede y de hecho ya ha comenzado a recomponerse subrepticiamente la ideología liberal derrotada por la revolución socialista.

Todos los cubanos, sin importar el lugar que ocupamos en la estructura socioclasista, recibimos iguales beneficios de las políticas sociales del Estado, pero las relaciones económicas que se van abriendo paso, estimuladas por la acción del mercado y la propiedad privada, van tejiendo también relaciones personales de entendimiento mutuo de quienes se encuentran ligados a una cotidianidad específica, diferente de quienes participan en la parte de la economía vinculada a la propiedad social, relaciones que pueden conducir a una autoidentificación como grupo social, con intereses diferentes a los de la sociedad en su conjunto, aun compartiendo los beneficios de las políticas sociales consideradas por muchos “naturales”. Una cadena de favores mutuos, tiende a apartarlos de la proyección colectiva, de la visión de futuro compartido. La ausencia o debilidad en el examen de las consecuencias para todos de ese alejamiento solo servirá a la rearticulación del liberalismo.

No significa lo anterior que estos cambios traigan automáticamente cambios en la mentalidad de las personas, pero tampoco significa negar que a la larga, la cotidianidad de su espacio económico traerá inevitablemente una influencia en la conciencia de los protagonistas, que puede terminar dándose la mano con la ideología liberal si no hay acciones conscientes para evitarlo.

El repunte de la ideología liberal arriba aludido se observa, por ejemplo, en una relectura exageradamente entusiasta de la vieja república que esconde una negación de las transformaciones materiales y culturales desarrolladas por la revolución socialista, o en las propuestas de fórmulas jurídicas y políticas que miran más al pasado que al presente y al futuro, o en la negación a ultranza de fórmulas de orientación socialista para el desarrollo social y económico del país.

Tenemos además presentes los hechos de corrupción que ya han provocado importantes acciones legales en contra de funcionarios que han privatizado los cargos para operar en ellos en función de intereses personales espurios, a lo que se suma el oportunismo que tanto daño espiritual y material hace a la sociedad.

Corruptos y oportunistas no tendrán escrúpulo alguno en servir a la ideología liberal y a una ampliación ilimitada del papel del mercado y de la propiedad privada, puesto que sus intereses individuales hace rato que ya no están en clave social, si es que en algún momento lo estuvieron. A los corruptos y a los oportunistas les viene bien el capitalismo.

Un tercer factor en contra se presenta con el proceso de normalización de las relaciones con los Estados Unidos, ya que junto con la ampliación de los contactos, las inversiones y el comercio, vendrá la propaganda sociológica implícita en la sociedad norteamericana y en su modo de vida. Una sociedad solo exporta lo que porta. La política y las leyes deberán hacer lo suyo en materia de poner límites claros a estas relaciones, pero el efecto simbólico de su presencia en lo adelante creciente en la sociedad cubana no se podrá conjurar si no hay un correlato ideológico y político pensando sistémicamente y expresado en la comunicación de contenido político.

Y un cuarto elemento ya lo tenemos también presente en nuestra realidad: me refiero a los medios principalmente digitales y de otra índole a través de los cuales fluye producción informativa y cultural, no siempre veraz y no siempre de buen gusto, conformándose un panorama simbólico diferente en el cual se mira hoy cada vez más la sociedad cubana.

Es imprescindible que nuestros medios nacionales, propiedad social y al servicio del pueblo trabajador, presenten un espejo analítico, crítico, comprometido, convincente de nuestra vida, en el que se vea y reflexione la sociedad cubana. Naturalmente no solo la radio y la televisión nacionales, y la prensa nacional, sino los medios digitales que crecen y se desarrollan en una batalla contra el tiempo.

La necesidad de un enfoque integral de la comunicación de contenido político que recupere todo el talento nacional imbuido de la necesidad de proteger el proyecto de nación que solo sobrevivirá si mantiene su esencia socialista, es hoy el principal objetivo político para echar a andar la ofensiva ideológica en toda la línea de la batalla por la preservación, afianzamiento y enriquecimiento de los logros culturales de la revolución socialista.

En este contexto, se observa en ocasiones una distonía entre el abordaje de los asuntos sensibles del país en la producción periodística que comunican los medios nacionales y en la producción habitualmente llamada cultural: novelas, programas humorísticos, etc.

Mientras en la producción informativa y periodística en general los temas que se aprueban por los medios solo pueden ser tratados parcial e insuficientemente para el nivel cultural del público y las realidades de la sociedad cubana, en la producción cultural se observan licencias que pasan en ocasiones de la crítica necesaria, profunda y constructiva a zaherir sensibilidades en la audiencia y, al exceder los límites, hacen reprobables esos mensajes. Hay que encontrar el justo medio, el equilibrio que de rienda suelta a la creatividad y la diversidad y a la vez evite la confusión y el desencanto.

El correlato ideológico de la aplicación de los cambios necesarios en la economía del país, imprescindibles para garantizar la orientación socialista y con ello preservar la independencia nacional y el proyecto de nación, tiene que tener expresión en los medios nacionales que sirven a la sociedad cubana con más confianza en nuestro público, en nuestros periodistas y en los colectivos de los medios de comunicación, quienes deberán enfocar su trabajo con la necesaria autonomía y no solo otorgarles el derecho a equivocarse como cualquier otra actividad humana, sino también reconocerles el derecho a tener la razón.

Solo ventajas en la actual batalla de ideas nos traerá el tratamiento de la comunicación de contenido político desde la autoestima de los periodistas, los medios y el público, para un accionar responsable, comprometido y sin secretismos de la realidad nacional. Un público mejor informado y escuchado confiará más en los medios y en la institucionalidad revolucionaria, estará cada vez mejor preparado para ejercer su derecho a participar en los asuntos del país y para controlar su funcionamiento, en particular previniendo la corrupción y la ilegalidad, a la vez que contribuirá a alcanzar como nos pidió nuestro Presidente, toda la democracia posible.

La ofensiva en la comunicación política, como toda operación compleja, deberá tener una estrategia clara, que abarque integralmente todos los escenarios en los cuales tiene y tendrá lugar la batalla de ideas y deberá también mantener y acrecentar sus reservas, lo cual pone la mirada en los más jóvenes.

Estoy convencido que en esta pelea la población adulta cubana formada por la revolución socialista está más preparada para vérselas con la mentira sobre Cuba que los adultos de los países del norte para aceptar la verdad, pero es de importancia estratégica contribuir a la mejor preparación de los jóvenes.

Cabe preguntarnos por qué, si hoy por hoy, cuando el escenario más dinámico de la batalla de ideas está en la comunicación social, nuestros medios de comunicación no producen programas que expliquen la naturaleza de esta confrontación y en especial por qué en nuestro sistema educacional esta materia no tiene el tratamiento que corresponde al desafío que representa. Circula en todo el país información y programación de ninguna o cuando menos escasa o dudosa calidad en el orden ético y cultural (que tiene su principal símbolo en el famoso “paquete”), sin que haya una acción consciente de cara a este verdadero reto de nuestra época.

Creo que debe pensarse seriamente por parte de quienes integran el sistema nacional de educación en cómo instruir y educar a nuestros niños, adolescentes y jóvenes acerca del funcionamiento de estos medios, en formar una conciencia contrahegemónica en ellos, enseñarles la importancia que tiene para nosotros la veracidad en la producción informativa y también las artimañas de los medios al servicio de los intereses imperialistas para ocultar la verdad. Desarrollar en ellos una conciencia crítica que les permita comprender las intenciones de la producción desinformativa y anticultural de estos medios. No solo pienso en el sistema nacional de educación si lo destaco es porque resulta por su solidez y sistematicidad el más importante, sino en general en todos los espacios formativos del país.

En resumen, junto con el imprescindible crecimiento y desarrollo económico, una organización a tono con los nuevos tiempos, un entramado jurídico normativo eficiente, deben marchar indisolublemente articuladas las políticas sociales que ha defendido el ideal socialista en Cuba, y un correlato ideológico y político que reproduzca y defienda creativa y audazmente los valores de la revolución cubana.

Enviado por su autor para Cubacoraje

*Licenciado en Ciencias Políticas. Diplomado en Teoría del proceso ideológico y Doctor en Ciencias Filosóficas. Preside la Cátedra de Periodismo de Investigación y es vicepresidente de la cátedra de Comunicación y Sociedad del Instituto Internacional de Periodismo José Martí.

Schafik Handal y la conducción estratégica de la guerra circa 1985

Schafik Handal y la conducción estratégica de la guerra circa 1985 Roberto Pineda 14 de julio de 2015

A mediados de 1985 (mayo-junio) se realizó en las montañas de Morazán con el ERP de Joaquín Villalobos como anfitrión una importante reunión de la Comandancia General del FMLN, en la que se definieron las líneas generales de la estrategia insurgente para el periodo, para enfrentar el diseño político-militar implementado por el ejército salvadoreño, bajo la conducción directa del gobierno estadounidense.

En octubre de ese mismo año, Schafik Handal, integrante de ese organismo de dirección superior del FMLN, traslada parte de los principales acuerdos y valoraciones de esta reunión a un colectivo de cuadros dirigentes del FMLN. A continuación hacemos un resumen de este informe.
Una de las conclusiones principales de esta reunión, explica Schafik es la reiteración de la tesis que El Salvador vive una “prolongada situación revolucionaria”, sostenida por la CG-FMLN desde 1983 y que la coyuntura de ese momento de mediados de 1985 era la de “aceleración del proceso de maduración de la situación revolucionaria.”
A la base de esta afirmación se encontraba según Schafik el siguiente marco teórico “hay etapas históricas de evolución y etapas históricas de revolución. Lo que determina que una etapa histórica sea de evolución o de revolución, es la concordancia o no, entre el nivel de desarrollo de las fuerzas productivas, que es el factor dinámico de desarrollo en el modo de producción, y el carácter de las relaciones de producción, que es el factor mucho más lento que se rezaga respecto al desarrollo de las fuerzas productivas.”
Enfatiza Schafik que “el primer momento, dentro de la etapa histórica de revolución es el de entrada a lo que el marxismo caracteriza como crisis en las estructuras. Es decir, aquel desfase trae como consecuencia la crisis en las estructuras económicas, políticas, ideológicas, et., de la formación económico-social. El sistema no puede seguirse desarrollando, se entra en un periodo de empantanamiento y las crisis económicas coyunturales del capitalismo, que le son inherentes aun en el período de evolución, agravan más profundamente la crisis estructural.”
Añade que “al agudizarse la crisis estructural y al entrelazarse con la crisis económica propiamente dicha, se pasa a otro momento más crítico. Surgen las motivaciones concretas que impulsan a las masas a enfrentarse a las clases dominantes y a las distintas clases sociales entre sí.”
“Las motivaciones aparecen o se manifiestan bajo la forma de protesta contra la represión, contra la falta de libertad, etc., ya que al entrar en crisis el sistema, las clases dominantes adoptan una política para defender el sistema, pues el cambio de sistema es su muerte como clase.”
Y frente a esto las clases dominantes hacen uso del “Estado que es su instrumento de fuerza, pero también es su instrumento político, ideológico, jurídico, además ponen en acción al resto de sus instrumentos (a los partidos políticos, medios de prensa, etc.) Así aparece la represión, el ahogamiento de las libertades democráticas; la inestabilidad política y social agrava la crisis económica coyuntural; las clases dominantes pasan a defender sus intereses económicos y trasladan sobre las masas los efectos de la crisis.”
Explica Schafik que “en la medida que el sistema capitalista dependiente de nuestro país no es puramente nacional sino que forma parte del sistema capitalista mundial, la crisis general del capitalismo mundial, acentúa la crisis estructural de nuestro país y contribuye a bloquear la posibilidad de solución por vía evolutiva. Así pues la crisis estructural se manifiesta como crisis de la dependencia, como crisis de la ideología y de la política de esas relaciones de dependencia.”
Sostiene que “la acumulación de todos esos cambios graduales, bajo la forma de mayores enfrentamientos entre las clases, mayor conciencia de las masas populares, etc., abre la entrada a un nuevo momento, que el marxismo-leninismo define como SITUACION REVOLUCIONARIA.”
Caracteriza Schafik la situación revolucionaria como “un momento de agudo tensionamiento de la etapa histórica de la revolución y que tiene a la base la crisis estructural que, como ya se dijo, no es puramente nacional, ni puede ser puramente nacional, es también crisis de la dependencia y de su particulares relaciones con los centros de poder imperialistas y en particular con el imperialismo norteamericano.”
Continúa explicando que “por las características del sistema económico de nuestro país, es decir, por las características de la estructura económica concreta, del modelo, las inversiones del imperialismo no eran cuantiosas y a partir de estas realidad muchos concluían que en el país, hablar del imperialismo era solo propaganda comunista. Sin embargo, al profundizarse la crisis estructural, apareció más claramente la presencia del imperialismo, su actividad fue más evidente y entonces entró en todo el contexto de la lucha de clases, que se hizo mucho más profunda y multifacética.”
Añade que “pero también entró en crisis la ideología, hicieron crisis las estructuras ideológicas, los llamados aparatos ideológicos, la religión, no como religión propiamente, sino como tesis religiosa concreta, que quebrantó; hizo crisis la teoría prevaleciente de los partidos burgueses acerca, de lo que es y debe ser la democracia. En este marco y sobre la base de la crisis estructural, el sistema arriba a su momento de plena madurez, en el que está listo para ser cambiado, para que tenga lugar una revolución.”
Analiza que “para que la revolución pueda ocurrir, no decimos triunfar, este es otro aspecto, para que la revolución pueda ocurrir tiene que ser en el marco de una situación revolucionaria y está solamente puede darse sobre la base de la crisis estructural, y la crisis estructural a la vez es propia de la época de revolución, surgida tras la ruptura de aquella concordancia.”
Continua diciendo que “dentro de la situación revolucionaria a su vez sigue desarrollándose el proceso de cambios graduales, en busca de una salida, hasta que llega un momento en que se configura otro momento pasajero, en el que niveles del enfrentamiento son máximos, es máxima la actividad política de las distintas clases sociales y el enfrentamiento entre ellas; la crisis económica, social, ideológica, etc., alcanza igualmente su máximo nivel de profundidad. Este es el momento en el que están dadas las condiciones para que la revolución estalle y para que pueda triunfar, para que pueda, puesto que el triunfo no e s una cuestión mecánica.”
Plantea Schafik que “cuando la revolución toma la forma de una insurrección, sin previo desarrollo de la lucha armada o de la guerra revolucionaria, entonces el momento maduro de la situación revolucionaria, tiende a confundirse en el análisis, con la situación revolucionaria como tal; es decir que la situación revolucionaria tiende a reducirse a ese momento muy fugaz, a aquellos días, a aquellas semanas o meses de máximo enfrentamiento que culminan con la insurrección.”
Y para ilustrar esta tesis Schafik indica que en El Salvador “en la historia política de los últimos años han ocurrido varios momentos de situación revolucionaria (1932, 1944, 1959-60, 1979-80) que se desarrolla más o menos aceleradamente, hasta que la crisis revolucionaria estalló. En la segunda mitad de 1979 y la primera de 1980 se dio un caso típico de momento maduro de la situación revolucionaria que tuvo sus antecedentes, su desarrollo.”
Indica que “la historia de las revoluciones muestra que estas no solo triunfan por vía de la insurrección; cada vez se dan experiencias de revoluciones triunfantes que han pasado por largos procesos de guerra revolucionaria, que duran años, lo cual le plantea al análisis la pregunta de si en estos caso hubo o no situación revolucionaria, hubo o no crisis estructural?”
Y de esta premisa Schafik se hace al siguiente pregunta: ¡se puede desarrollar la guerra en cualquier situación, en cualquier marco histórico, en cualquier etapa histórica?” Y responde: “No se puede, porque a guerra revolucionaria se alimenta de la incorporación de las masas a la guerra, y ese proceso de incorporación no pude ocurrir sin que existan fundamentos para ello, sin que se den las motivaciones concretas de lucha, sin que haya problemas, etc.” Y plantea que “objetivamente no pude desarrollarse la guerra revolucionaria en ausencia de crisis estructural y en ausencia de situación revolucionaria.”
Y sobre este punto concluye que “la situación revolucionaria es un proceso más o menos prolongado, no se pude reducir sólo al momento fugaz del punto de su maduración. Es un proceso más o menos largo que surge en un momento de agravamiento de la crisis estructural y que se mantiene abierta si se mantiene vigente la crisis estructural. Cuan larga o cuan corta puede ser una situación revolucionaria depende de las condiciones históricas concretas de cada país.”
Argumenta que “si al revolución estalla y no triunfa y la situación revolucionaria se desvanece, pero se mantienen la crisis estructural, entonces poco apoco se va configurando otra situación revolucionaria. Este ah sido el caso de otras revoluciones, como el clásico caso de la revolución bolchevique en Rusia. En 1905 estalló la revolución y fue derrotada. Sin embargo, no fue sino hasta los años 1906-1907 en que se desvanecieron los aspectos más destacados del momento de maduración de 1905 caracterizado por un alto nivel de actividad de las masas y de enfrentamiento de las clases.”
Alrededor de esta situación, rescata Schafik que se planteó un debate en la izquierda rusa que permitió el afianzamiento del leninismo como teoría revolucionaria. Explica que “una parte de la izquierda consideraba que Rusia había entrado a una “etapa de evolución, y por tanto lo que se imponía era la lucha por las reformas. En cambio, el planteamiento leninista sostuvo lo contrario, que aunque el momento que se vivía era de reflujo del movimiento popular, y lo que se había abierto era un periodo contrarrevolucionario, las causas que originaron aquel periodo de situación revolucionaria continuaban vigentes.”
Agrega que para Lenin “lo que se imponía era adaptar la táctica a las condiciones del reflujo del movimiento de masas para contribuir a la configuración de una nueva situación revolucionaria. Así, los bolcheviques que en el anterior período habían estado bloqueando las luchas parlamentarias pasaron a participar en el Parlamento con aquella directriz clara…La vida mostró que el enfoque leninista era correcto: en 1917, se da otro momento de situación revolucionaria madura y se dan dos revoluciones: una en febrero, la revolución democrática-burguesa, y la revolución socialista en octubre.”
Explica Schafik que “la lucha de masas se desarrolla por flujos y reflujos, no puede mantenerse a un nivel máximo de actividad de las masas indefinidamente, eso choca contra las conveniencias y contra los intereses concretos de las mismas masas.”
Por otra parte, Schafik subraya con respecto al papel de la vanguardia política que esta “si bien no tiene que ver en absoluto con la creación de las condiciones objetivas de la situación revolucionaria, si puede y debe influir en su maduración. Si su línea es correcta y su acción es revolucionaria puede acelerar el proceso de maduración de las condiciones objetivas de la situación revolucionaria y en definitiva llevar a las masas a la victoria revolucionaria.”
Y señala como ejemplo de esta tesis a la Bolivia de 1952 en la que en “una situación revolucionaria madura, la revolución estalló y triunfó. En qué sentido triunfa? Como fenómeno histórico-social, se da una revolución que se consuma, el ejército es destruido, se da una revolución clásica de la clase obrera; los mineros se pusieron a la cabeza, aniquilaron al ejército y se instala uh nuevo poder. Pero ¿ a donde fue aparar el nuevo poder? Después de vacilaciones, de conflictos cayó en manos del que tenía “más simpatías” en la opinión pública. Ese fue pues resultado de la inexistencia de una vanguardia revolucionaria…”
Considera Schafik que “el papel de la vanguardia es clave, es decisivo. Su actitud no es la de esperar que maduren condiciones por si solas y escoger el momento para la toma del poder…la línea que adopte puede bloquear o acelerar la maduración de la situación revolucionaria.”
Ante el retraso en las tareas decisivas para la toma del poder, y la necesidad de fortalecer el ejército popular luego de casi cinco años de Guerra Popular Revolucionaria, Schafik reflexiona que “quienes piensan que se entró en un periodo evolutivo y que no puede darse un nuevo momento de maduración de la situación revolucionaria porque se abrió un período de reflujo de la lucha de masas, es porque se desubicaron.”
Estima Schafik con respecto a la vanguardia política que “el problema del número no es decisivo, el número se hace. La vanguardia se convierte en “el capital de todo el pueblo” en los momentos de situación revolucionaria madura, si tiene una línea correcta y tiene capacidad de aplicarla. El partido de Lenin era de los partidos más pequeños de la izquierda rusa, con menos ramificaciones, ¿qué hacía al diferencia? La línea y al capacidad de aplicarla.”
Agrega que “en esto último juega un papel clave la claridad, la conciencia de los militantes. No es necesario que las masas lleguen a tener un nivel de conciencia óptimo para que la revolución triunfe. La vanguardia en cambio si debe ser muy consciente, muy unida ideológicamente, muy disciplinada, con una alta moral, dispuesta al sacrificio absoluto, incondicional…”
Analiza Schafik que en El Salvador “existe una crisis estructural que ha atravesado varias fases. La última de ellas, la actual, la de maduración de esa crisis, la ubicamos a partir del estallido del MERCOMUN y de la guerra de Honduras. Desde entonces las clases dominantes y el imperialismo no han podido poner en marcha un nuevo modelo de desarrollo económico-social que les permita superar la crisis estructural. En estos últimos cinco años la situación revolucionaria se ha mantenido vigente en tanto se ha mantenido la crisis estructural y esta se ha mantenido abierta a causa de que a guerra revolucionaria le ha impedido al imperialismo y a la burguesía poner en marcha un nuevo modelo de capitalismo dependiente, más moderno para darle salida a aquella crisis.”
Agrega que “debemos percatarnos pues, de que el gobierno de Duarte, no es una simple pantalla, sino que se trata de un plan contrainsurgente integral del enemigo. No percatarse de ello puede llevar al error de concluir de que como los partidos derechistas y los señores oligarcas son más burdos, tiene una línea de confrontación con la revolución por la vía de la matanza, están vinculados a los escuadrones de la muerte, entones hay que considerarlos como los enemigos principales a los que hay que derrotar primero. Efectivamente son los más burdos pero no son los más peligrosos.”
Enfatiza que “el peligro mortal para la revolución está dentro de los marcos del capitalismo dependiente. La solución a la crisis, aunque temporal pero sería una solución que postergaría la revolución…Para este periodo nosotros hemos definido que el enemigo principal está constituido por un bloque integrado por el imperialismo yanqui y más específicamente por el actual gobierno de Reagan, el gobierno demócrata cristiano de El Salvador, las Fuerzas Armadas, cada vez más dominadas por los norteamericanos. Este es el núcleo principal del bloque enemigo.”
Pero también concluye que “forman parte del bloque de fuerzas enemigas, la gran burguesía, los terratenientes, la oligarquía, pero el núcleo principal es aquel, con todos sus instrumentos (su prensa, sus partidos, etc.) . La esencia de clase del bloque de fuerzas enemigas pero sobre todo el enemigo principal que al revolución han enfrentado en otros momentos.”