Campisme et géopolitisation de la société civile africaine. Entre les lignes entre les mots. Janvier 2025

Une tendance à la géopolitisation de la société civile africaine existe, qui repose sur cet entrelacs de passif (néo-)colonial non résolu, de sentiment d’aliénation politique et d’affinités électives avec des puissances alternatives.

Deux courriels qui se suivent dans ma boîte de réception, reçus à deux heures d’intervalle il y a quelques jours. Le premier, un communiqué de presse de l’organisation de la société civile nigérienne Alternative Espaces Citoyens, annonce que son secrétaire général, Moussa Tchangari, enlevé l’avant-veille à son domicile à Niamey par des hommes en civil armés, est retenu en garde à vue dans un service de sécurité pour « apologie du terrorisme ». Le second, le bulletin d’un think tank progressiste – le Tricontinental Institute – rend compte avec enthousiasme de la « Conférence en solidarité avec les peuples du Sahel » tenue dans la même ville de Niamey deux semaines plus tôt, qui visait à manifester un soutien « panafricain » aux pouvoirs militaires de l’Alliance des États du Sahel (Niger, Burkina, Mali). D’un côté, donc, une junte qui arrête un militant progressiste historique, de l’autre, des militants progressistes qui offrent une tribune à cette même junte.

Car Moussa Tchangari n’est pas n’importe qui au Niger. Figure centrale des grandes mobilisations qui rythment l’histoire politique du pays ces trente dernières années, il a animé les manifestations étudiantes pour la démocratisation dans les années 1990, les mobilisations de masse contre la vie chère la décennie suivante, la contestation populaire des tendances antidémocratiques et antisociales du gouvernement Issoufou dans la décennie 2010. Un engagement qui s’est soldé par plusieurs séjours en maison d’arrêt, notamment quatre mois en 2018. La radicalité de ses positions contre un pouvoir soutenu par les pays occidentaux l’avait d’ailleurs rendu non fréquentable aux yeux des diplomates européens. D’autant que l’enjeu de la souveraineté du Niger, notamment sur ses ressources minières, était un axe fort de ses combats, bien des années avant l’inflammation du « sentiment antifrançais » dans la région. Enfin Moussa Tchangari était une des dernières voix critiques restées au pays après le coup d’État du 26 juillet 2023 et l’installation du régime « souverainiste » du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP).

La rareté d’une voix comme celle de Tchangari s’explique bien sûr par la peur qui s’est emparée de la société civile nigérienne, suite à la série d’arrestations de journalistes ayant osé s’écarter du discours officiel, en particulier sur la réalité des succès de la lutte contre les terroristes djihadistes, socle du discours de légitimation des putschistes [1]. Mais cette modération s’explique aussi par la complaisance d’une bonne partie des leaders de la société civile nigérienne à l’égard du pouvoir militaire. Comme l’expliquait Azizou Abdoul Garba il y a quelques mois, le Niger offre le spectacle étonnant « d’une société civile qui soutient inconditionnellement la junte militaire. Certains de ses acteurs, connus pour leur engagement en faveur de la démocratie, ont paradoxalement décidé de lui apporter leur soutien en dépit du démantèlement des institutions » [2].

Les plus motivés avaient constitué en août 2022 le mouvement « M62 », rassemblement d’une quinzaine d’organisations de la société civile qui avait organisé des manifestations dans le centre de Niamey pour exiger le départ de l’opération militaire française (Barkhane) contre le djihadisme au Sahel. Les principaux animateurs du M62 avaient par la suite mis leur pouvoir de mobilisation au service des putschistes dans le contexte du rapport de force qui s’était installé entre ces derniers d’une part et la France et la CEDEAO d’autre part, réussissant à rassembler des milliers de Nigériens dans des démonstrations de soutien populaire à la décision des nouvelles autorités d’expulser les soldats français. La contribution des leaders de la société civile à la légitimation du nouveau régime n’a pas seulement pris des formes aussi directes et explicites. Elle s’est faite aussi de manière plus subtile, à travers la reprise des éléments de langage autour de la « refondation » en cours du Niger.

Cette adhésion plus ou moins assumée au nouveau cours autoritaire des choses par des « partenaires » financés depuis des années, voire des décennies, à des fins de promotion de la démocratie, de la bonne gouvernance et des droits humains a dérouté bien des ONG européennes. Le comble de l’incompréhension a sans doute été atteint face à l’attitude du représentant nigérien de la coalition internationale « Tournons la page », réseau d’ONG africaines et européennes menant des actions et campagnes contre les tentatives des présidents africains de s’éterniser au pouvoir en manipulant les institutions. Ce même militant qui coordonnait en juin 2022 un rapport sur « l’extinction de l’espace civique » au Niger durant les années Issoufou (2011-2021), au cours desquelles le respect des libertés publiques avait effectivement gravement régressé, est désormais un des chantres les plus bruyants d’un régime dans le cadre duquel « les droits humains sont en chute libre » [3].

Si le positionnement de la société civile nigérienne découle de ses spécificités – sa « faiblesse structurelle » pour paraphraser Abdoul Garba –, il s’inscrit dans une conjoncture idéologique régionale de dévaluation du modèle démocratique de gouvernement de la société. Ainsi l’enquête menée par Tournons la page et Science Po-CERI auprès d’environ 500 militants associatifs et syndicaux de six pays africains francophones révèle que moins de la moitié des activistes estime que la démocratie est préférable à toute autre forme de gouvernement, tandis que 61% considèrent qu’un gouvernement efficace est préférable à un gouvernement démocratique. Une « fatigue démocratique » qui se vérifie, quoique dans une moindre mesure, dans les grandes enquêtes couvrant également les pays anglophones du continent. Les déterminants de ce désenchantement sont pluriels et varient d’un pays à l’autre, mais reposent très largement sur l’expérience concrète d’une « démocratie » systématiquement dévoyée par une oligarchie politique corrompue, au détriment de la souveraineté nationale, du développement, de la sécurité. [4]

La France et les pays occidentaux en général apparaissent comme compromis dans ces échecs démocratiques. D’une part, car les modèles institutionnels implantés sur le continent depuis les années 1990 sont de plus en plus considérés comme des produits importés d’Occident, souvent par conditionnalités interposées, qui dysfonctionnent parce qu’ils sont exogènes, incompatibles avec les réalités sociopolitiques locales. D’autre part, car les gouvernements occidentaux ont trop souvent validé les démocraties de façade, dès lors que celles-ci favorisaient leur accès aux ressources naturelles, aux marchés publics ou aux emprises militaires, donnant l’impression d’une poursuite de la présence coloniale par d’autres moyens, en particulier dans les ex-colonies françaises. Sur ces deux plans, Vladimir Poutine apparaît comme une alternative, un contrepoint vierge de compromission néocoloniale, en résistance contre l’hégémonie occidentale, plus fiable sur le plan sécuritaire et respectueux des souverainetés africaines, projetant l’image d’une « conception musculaire du pouvoir et du virilisme politique » en vogue dans de larges fractions de la jeunesse africaine. [5]

Une tendance à la géopolitisation de la société civile africaine existe donc, qui repose sur cet entrelacs de passif (néo-)colonial non résolu, de sentiment d’aliénation politique et d’affinités électives avec des puissances alternatives. Elle est parallèlement alimentée par un travail de cadrage (soit de construction et diffusion de narratifs), qui diabolise le rôle de l’Occident en Afrique, par des entrepreneurs d’influence locaux ou externes au service des politiques étrangères de la Russie et de la Chine. Non pas que l’existence de mécanismes néocoloniaux soit une vue de l’esprit, bien entendu [6], mais ces relais d’influence s’emploient à les caricaturer, voire à les inventer, souvent à grand renfort de théories du complot [7], tout en euphémisant les facteurs politiques internes de la dépendance et en idéalisant les impérialismes concurrents.

La Conférence en solidarité avec les peuples du Sahel évoquée en début d’article est une déclinaison parmi d’autres de ces dispositifs de propagande. Le fait que l’« Assemblée mondiale des peuples » compte parmi les promoteurs de l’événement, l’inscrit par ailleurs dans une démarche beaucoup plus large de géopolitisation des sociétés civiles. Cette organisation est effectivement une branche d’une entreprise internationale de mobilisation des organisations populaires du Sud global en faveur des intérêts et de la vision de la politique étrangère chinoise [8]. Contrairement à ce que le titre de cette conférence suggère, et à l’instar d’autres initiatives anti-impérialistes « campistes » [9], ce ne sont justement pas les « peuples » qui importent aux organisateurs de l’événement – en l’occurrence le recul de l’insécurité djihadiste et de la pauvreté au Sahel ou la promotion des droits sociaux et politiques – mais bien la survie des régimes ayant rejoint le camp des empires anti-occidentaux.

Notes
[1] Amnesty International, « Niger : La liberté de la presse en péril avec l’intimidation et l’arrestation de journalistes travaillant sur le conflit », 3 mai 2024.
[2] Azizou Garba, « Niger : la société civile contre la démocratie ? ».
[3] Human Rights Watch, « Niger : Les droits humains en chute libre un an après le coup d’État », communiqué de presse, 25 juillet 2024.
[4] Afrobarometer, Aperçus africains 2024. La démocratie en danger – le point de vue du peuple, 2024 ; Ichamily Foundation, African Youth Survey, 2024.
[5] Jean-François Bayart, L’Afrique au diapason de Vladimir Poutine ?, 21 septembre 2022,
https://aoc.media/analyse/2022/09/20/lafrique-au-diapason-de-vladimir-poutine/.
[6] CETRI, Anticolonialismes, Paris, Syllepse, Collection « Alternatives Sud ».
[7] Jean-Pierre Olivier de Sardan, « Le rejet de la France au Sahel : mille et une raisons ? », L’enchevêtrement des crises au Sahel, Paris, Kartala, 2021.
[8] Voir l’article documenté d’Alexander Reid Ross et de Courtney Dobson dans le magazine New Lines (18 janvier 2022) sur la nébuleuse d’organisations financées par un milliardaire états-unien prochinois pour (entre autres) disséminer un narratif mettant en doute la réalité des persécutions subies par les Ouigours.
https://newlinesmag.com/reportage/the-big-business-of-uyghur-genocide-denial/.
[9] Campisme dont la manifestation la plus criante est la bienveillance à l’égard des « Pinochet arabes », comme le ci-devant Bachar el-Assad, dès lors qu’ils manient une rhétorique anti-occidentale.

François Polet
https://www.cetri.be/Campisme-et-geopolitisation-de-la

Nuevos retos tras la crisis de seguridad. Enero de 2025. LPG

Cada cierto tiempo se informa de la detención de personas acusadas de pertenecer a la pandilla; no es intermitente sino una suerte de patrón de publicaciones sociales con el propósito de mantener el asunto en la agenda. ¿Qué asunto? El del peligro que representan los eventuales remanentes de esa mafia y la necesidad de mantener vigente el régimen de excepción, la militarización del espacio y de la seguridad pública.
En ese sentido, valga decir que el gobierno es víctima de su propio éxito, el de su manejo de la agresión terrorista de hace dos años y medio, el de la recuperación del control territorial y el del modo en que administró la narrativa: la suma de esos tres sucesos, el operativo, el social y el comunicacional dieron como resultado que la población ya no le tema a la pandilla y la considere el pasado.
El fin de semana homicida de marzo de 2022 representó el clímax del terror de la nación ante los delincuentes; ese miedo cultivado durante la última década y la respuesta punitiva de la institucionalidad se conjugaron para valerle al gobierno y a su cúpula la popularidad de la que gozó al final del quinquenio. Es que a diferencia de otros países en los que un régimen debió inventarse enemigos para cultivar entre su gente una falsa idea de seguridad que justificara los excesos autoritarios, en El Salvador la amenaza fue real y se constituyó en una suerte de estado dentro del Estado, con sus propias reglas, voceros, códigos y territorios.
En otros países, el peligro es diseñado políticamente para despertar temor y cosechar en él; en El Salvador, la victimización fue real, sostenida, y al reaccionar con toda su fuerza, al recuperar el monopolio de la violencia sin matices y a plena luz del día, el gobierno triunfó en los tres órdenes apuntados: en el militar policial, en el vínculo con buena parte de la sociedad y en el propagandístico. El saldo directo de esa victoria fue que por primera vez en muchos años, la ciudadanía dio por satisfecha una, cualquiera de las demandas sin solución sufridas durante años; no es poca cosa a efectos oficiales pues la capacidad del sistema para brindar respuestas es el modo más eficaz y orgánico de regular el grado de descontento de la población.
Por eso no se equivocan quienes creen que los dos anteriores fueron los años más dulces en la relación de la cúpula con la nación, porque el ciudadano además de conforme se sintió en deuda con el gobierno; de esa sensación se derivó una lealtad que le permitió al oficialismo capitalizar y procesar ciertas expectativas mientras desoyó otras igual de importantes como la del respeto a los derechos humanos, la crisis económica, la contención e investigación de la corrupción, etc.
El mismo presidente, al pasar revista al Ejército en septiembre pasado, se refirió a la crisis de seguridad en pretérito. Abrió de inmediato a todos los efectos una nueva etapa en la que los retos son distintos, en la que dando por consumada la guerra contra la pandilla, la estabilidad del sistema político vuelve a depender de la funcionalidad, es decir de qué tan útil y satisfactoria es la relación entre la clase política y el colectivo social, sus actores, sus grupos de presión.
Las asignaturas pendientes son abrumadoras, el gobierno tiene que ser creativo y corregir sus peores hábitos; algunos en la cúpula consideran más recomendable atrincherarse pronto, transformar las demandas de la gente en discursos emotivos que la mantengan entretenida aunque no resuelvan nada, y neutralizar a los grupos de poder valiéndose de la popularidad y la fuerza. ¿Qué camino recorrerá la administración?

Realizan primera entrevista a Movimiento Cultural Salvadoreño “Prometeo Liberado”

SAN SALVADOR, 3 de enero de 2025 (SIEP) “Nuestros esfuerzos como movimiento están dirigidos hacia la emancipación cultural en nuestra patria…” indicó Guillermo Campos, en entrevista con el periodista Luis Galdámez, de la revista Espacios, en la que también participaron Ivis Barrera, Roberto Pineda y Dimas Castellón.

Agregó Campos que “cultura viene de cultivo, y el desafío que asumimos como movimiento es el de cultivar, fortalecer y promover el rescate y la defensa de las diversas expresiones de nuestra identidad cultural…”

Por su parte, Barrera  explicó que “este es un esfuerzo por darle vida a un espacio de amistad y de apoyo, de solidaridad entre el gremio artístico, de promover nuestros valores literarios, históricos, de la pintura, escultura, danza, teatro, arquitectura, etc.”

Pineda subrayó que “existe una cultura oficial desde el estado y sus instituciones, y una cultura alternativa que surge desde la sociedad civil, y que refleja los sueños y anhelos de los sectores populares, su imaginario cultural…”

Finalmente, Castellón opinó que “hay una crisis en la cultura oficial, y el cierre de las Casas de la Cultura,  afecta y debilita fuertemente el desarrollo cultural de nuestro país, por lo que es una medida que debería ser rectificada.”

En el Manifiesto de fundación de este movimiento se rinde homenaje  a “Chicho y su Ulalio U, a los escritores de la Generación Comprometida, Manlio Argueta, el Pichón José Roberto Cea y Alfonso Quijada Urías.”

Tiempos difíciles: hitos y tendencias que marcaron el 2024 latinoamericano y caribeño (I). Lautaro Rivara. Diciembre 2024.

Toda síntesis de la extensa, contradictoria y no siempre sincrónica región latinoamericana y caribeña debe adolecer, necesariamente, de los inevitables pecados de la arbitrariedad y la simplificación. Sin embargo, un reducido itinerario por algunos de los hechos y tendencias más sobresalientes del año que se va puede dar indicios de la orientación general de una región que solo puede ser comprendida como una unidad histórica y geopolítica.

El estancamiento económico de la región

Según la CEPAL, el 2024 redondeó casi un decenio de estancamiento económico generalizado en América Latina y el Caribe. Ni conservadores ni progresistas, ni propios ni extraños, ni tirios ni troyanos, pudieron en ningún caso alardear de tasas de crecimiento excesivamente altas o de indicadores económicos lo suficientemente estables o promisorios.

Entre los casos más sobresalientes, encontramos economías altamente desiguales, concentradas y dependientes de los servicios logísticos, financieros y turísticos internacionales como República Dominicana y Panamá. O casos totalmente excepcionales como el de Guyana, que en el último bienio rompió todas las métricas tras el descubrimiento de grandes yacimientos hidrocarburíferos en la región del Esequibo, que se encuentra en litigio con la vecina Venezuela. Positivos fueron también los indicadores de crecimiento en países con gobiernos progresistas o de izquierda como México (en clave de estabilidad y previsibilidad) y Venezuela (en clave de recuperación respecto del punto más álgido de las medidas coercitivas unilaterales), pero en ambos casos con una alta incidencia de las remesas, las “maquilas” y las “zonas económica especiales”. Como sea, estos desempeños se encuentran muy lejanos de los de grandes potencias emergentes como China, la India, Turquía o Indonesia.

Pero si las causas de los muy relativos “éxitos” macroeconómicos son poco evidentes o difícilmente imputables a tal o cual modelo o liderazgo, no sucede lo mismo con los incontestables fracasos de los países que dan patadas de ahogado al fondo de la tabla: tanto la Argentina anarco-capitalista de Javier Milei y su «Ley Bases» como el Haití dominado por grupos paramilitares (ambos con los mayores récords recesivos) aparecen como una consecuencia explícita de una suerte de post-estatalidad salvaje y de una nueva gobernabilidad de tipo madmaxiana.

La década de la contraofensiva regional conservadora, pero también los primeros años de la “segunda ola progresista”, no lograron rebasar un cuadro generalizado de estancamiento que viene a demostrar que la región nunca superó del todo la gran crisis económica de 2008 ni mucho menos la pandemia del Covid-19. Ciclos políticos breves con una gran alternancia ideológica se sobreimprimen sobre ciclos económicos chatos, de bajo crecimiento, amesetamiento de las exportaciones, escasa inversión, condiciones financieras internacionales adversas y una todavía alta inflación. Frente a un mundo volátil, la economía latinoamericana y caribeña permaneció este año, periférica y dependiente, en estado de crisis casi permanente.

Las cumbres de la CPAC y la consolidación de la «internacional reaccionaria»

Las nuevas derechas radicales rinden culto a una frase acuñada por la narrativa apocalíptica del escritor estadounidense G. Michael Hopf: “los tiempos difíciles crean hombres fuertes”. En efecto, fuertes (y también inclementes) han sido los gobiernos ultraderechistas de Nayib Bukele en El Salvador, Javier Milei en la Argentina y Daniel Noboa en Ecuador, principales abanderados del giro conservador en la región. Medidas económicas draconianas, países “atendidos por sus propios dueños”, liderazgos autoritarios con toques carismáticos y políticas de seguridad altamente punitivas han sido sus marcas de identidad. Con acaso menor conocimiento y encanto, tendencias similares se han verificado también en Panamá, República Dominicana o Perú.

Sin embargo, la novedad del momento es la consolidación de las redes internacionales de estas nuevas derechas y su inscripción en una auténtica “internacional reaccionaria” conformada por la CPAC y por una vasta red de think tanks, fundaciones, mecenas y partidos políticos con terminales en los Estados Unidos y Europa. Así, 2024 fue el año de su irradiación definitiva en la región, a caballo de las sucesivas cumbres realizadas en agosto en Ciudad de México y en diciembre en Buenos Aires, y del patrocinio explícito de Donald Trump a algunos de sus subalternos ideológicos preferidos. 

Por eso, este proceso no puede entenderse sin la exportación de la “grieta” estadounidense, que ha impulsado toda una serie de realineamientos en las derechas vernáculas de cara al fenómeno trumpista. El revisionismo histórico a lo MAGA o directamente la nostalgia colonial, el calco de una retórica rabiosamente antimigrante que paradójicamente se vuelve contra los propios países emisores de migración y la combinación esperpéntica de modelos económicos aperturistas y la invocación del proteccionismo trumpiano, dan cuenta de las contradicciones insolubles de la implantación del “anti-globalismo” y la agenda “anti-woke” en otros climas y otras geografías. Como sea, pese a la ilusión de homogeneidad que proyectan los miembros de la disfuncional familia conservadora, no caben dudas de que su articulación se ha fortalecido y de que su capacidad de respuesta y construcción de agendas comunes está hoy más aceitada que nunca.

El crecimiento de los factores armados y el recrudecer de la violencia

No sería exagerado definir el 2024 regional como un año ultraviolento. La multiplicación, crecimiento y expansión de los factores armados y de todo tipo de violencias no deja de constatarse a lo largo y ancho de la geografía continental. En casi todos lados la estatalidad y la comunitariedad languidecen en favor de la irrupción de la para-estatalidad, el narcotráfico y las soberanías fragmentadas, cuyos pedazos se reparten remanentes de instituciones democráticas, comunidades resistentes (barriales, campesinas, indígenas, afrodescendientes), grupos delincuenciales, formaciones paramilitares, cárteles de la droga, fuerzas militares extranjeras, ONGs internacionales, grupos confesionales, etcétera.

Algunos hitos de esta tendencia son, en Ecuador, la debacle securitaria, la extensión del sicariato, los motines carcelarios, la Consulta de Noboa del 21 de abril, el intento de modificar la Constitución para reinstalar bases militares extranjeras y la desaparición forzada de tres adolescentes y un niño por parte de las fuerzas armadas el 8 de diciembre. En Argentina, la popularización de la punitiva «Doctrina Chocobar» de la ministra Patricia Bullrich, el crecimiento de la violencia ciudadana y la ingente partida presupuestaria discrecional que el gobierno de Milei intentó destinar a los servicios de inteligencia, presuntamente para tareas de espionaje y represión interna.

En Perú, el visto bueno del Congreso para el ingreso de militares estadounidenses para “colaborar” con las fuerzas armadas y la policía local a partir del año entrante, así como la impunidad ante las masacres cometidas por el gobierno de Dina Boluarte. En Chile, la militarización rigurosa y permanente de la Araucanía y de las poblaciones indígenas mapuches, incluso bajo un gobierno como el de Gabriel Boric. En Paraguay, la cesión del control de la estratégica hidrovía Paraná-Paraguay al Cuerpo de Ingenieros del Ejército de los Estados Unidos. En El Salvador, la instalación del modelo de las “mega-cárceles”, el encarcelamiento masivo de más de mil personas cada 100 mil habitantes y la instauración de un “régimen de excepción permanente” que viola las garantías constitucionales y los derechos humanos del conjunto de los y las salvadoreñas. En Haití, la federación de grupos paramilitares que controlan ya más del 80 por ciento de la ciudad capital y sus alrededores y que amenazan con balcanizar y dominar todo el territorio nacional.

En lo que respecta a gobiernos progresistas que como el de México o Colombia rigen los destinos de naciones que han sido víctimas, durante décadas, de las políticas contrainsurgentes y de la mal llamada “guerra contra las drogas” (en rigor, una guerra contra las poblaciones), la permanencia del conflicto, de espacios de para-estatalidad, y el poderío sostenido de las economías ilícitas, demuestran la dificultad de subsanar, en los breves ciclos electorales, la extensión y profundidad de los ciclos de la guerra, en una geografía del conflicto que muta y se desplaza pero se resiste a ceder paso a una soberanía estatal o comunitaria efectiva.

Por último, y en toda la región, se multiplican las giras de la CIA y el Comando Sur, en la búsqueda de establecer un “área de exclusión” que deje por fuera del “patio trasero” estadounidense a jugadores globales como China y Rusia, así como se verifica la preeminencia de un lobby militarista israelí que continúa vendiendo software espía, armas y tecnología militar de punta pese a su creciente aislamiento internacional.

Tampoco la violencia sexual escapó a esta tendencia: durante el primer semestre del año se documentaron 2.128 feminicidios en 16 países de la región, resultando en una media de un feminicidio cada dos horas, en un promedio que supera al de de años anteriores.

El apático retorno de la CELAC y la fuerzas centrífugas de la geopolítica global

Una forma de medir los bríos relativos de un espacio de articulación y concertación es dar seguimiento a sus novedades más allá y más acá de la convocatoria rutinaria a reuniones, foros y cumbres. En el caso de la CELAC, apenas si tuvimos noticias del espacio más amplio y comprensivo de la integración regional desde la cumbre de marzo de este año (amén de algunos posicionamientos de rigor, como sucedió frente al asalto del gobierno ecuatoriano a la embajada mexicana en Quito). A la sorda protesta de los gobiernos conservadores y a los faltazos de sus líderes regionales en una cumbre que el ex presidente pro témpore Ralph Gonsalves definió como “mutuamente insatisfactoria”, se sumó una declaración final más bien laxa y el anunció de una serie de medidas concretas y discretas de las que no se ha dado mayor seguimiento público: mejorar la conectividad aérea, establecer un organismo sanitario regional y generar un marco para validar internacionalmente los títulos educativos. Nada se sabe sobre eventuales avances al respecto.

Como siempre, más estrecho geográficamente pero más dinámico y homogéneo políticamente ha sido el radio de acción de ALBA-TCP, el bloque integracionista que encabezan Venezuela, Cuba, Nicaragua y Bolivia, y que incluye también a varios países del Caribe insular. Este mismo mes, el espacio fundado por Hugo Chávez y Fidel Castro cumplió dos décadas de existencia, con un historial de avanzada en el campo del comercio, la educación, la salud y la energía, que sin embargo sufrió los embates de las crisis respectivas de Venezuela, Cuba y Bolivia. Al anunciado relanzamiento de la plataforma de cooperación energética PetroCaribe se suma ahora el proyecto AgroAlba, que según sus impulsores buscará “promover la soberanía alimentaria” y “producir alimentos orgánicos y sanos” para la región.

Sin embargo, no todo fue armonía y concertación en el amplio espectro de las izquierdas y los progresismos de la región durante el 2024. Dos hechos sacudieron este año la precaria unidad del espacio: las elecciones presidenciales de Venezuela del mes de julio, cuyos resultados oficiales fueron negados con animosidad por los gobiernos centristas de Gabriel Boric en Chile y Bernardo Arévalo en Guatemala, y resistidos con suspicacias y matices en el caso de sus homólogos de Colombia y sobre todo Brasil. Otro hito, para algunos una suerte de respuesta al primero, fue el veto de Lula da Silva y la Cancillería brasileña al esperado ingreso de Venezuela al bloque de los BRICS, que de este modo solo se abrió, en la región, a la participación de Cuba y Bolivia durante la 16° cumbre de Kazán, en Octubre. Acaso ningún acontecimiento señaló de manera tan nítida como las elecciones venezolanas y su veto explícito en los BRICS que los caminos de las izquierdas y los progresismos de la región dan señales de bifurcación que podrían llegar a un punto de no retorno. A las diferencias de modelos económicos, competencias por el liderazgo regional, concepciones de la democracia y el poder, asincronía de las diferentes “oleadas progresistas” y posicionamiento desigual frente al hegemón norteamericano, se suman las tendencias centrífugas de la geopolítica mundial, que fuerzan a una región incapaz de unificarse a tomar partido de manera aislada o por bloques por alguno de los bandos en pugna en la transición hegemónica en curso. La diferencia entre “izquierdas sociales”, “izquierdas políticas” e “izquierdas geopolíticas” no necesariamente llevará a que la región aproveche las oportunidades de la multipolaridad, pero si a que sufra todos sus avatares y peligros, sin importar cuáles sean los contenidos efectivos que a esta perspectiva se le de en Beijing, Moscú, Brasilia o Caracas.

Publican Orígenes y evolución del teatro en Mesoamérica de William Armijo

SAN SALVADOR, 31 de diciembre de 2024 (SIEP) Orígenes y evolución del teatro en Mesoamérica, publicado en España, es el nuevo libro de William Armijo, artista salvadoreño radicado en Francia desde 1978.

Armijo, fue uno de los pioneros en El Salvador de la canción protesta en la década de los años setenta, así como un distinguido alumno en la UES del maestro español Edmundo Barbero. Luego, en París, en la Universidad de la Sorbonne, obtuvo su maestría en estudios teatrales. Últimamente está dedicado al trabajo de cantante guitarrista.

Es precisamente la tesis que presentó para esta maestría la que se convirtió en libro, publicado en España por la Revista Vericuetos del colombiano Efer Arocha. Además la publicación de esta obra da inició al proyecto editorial de la Fundación Roberto Armijo.

La obra se divide en cuatro capítulos, el primero trata sobre la definición de Mesoamerica, lugar dónde nació un teatro; el segundo sobre los testimonios históricos que afirman los orígenes y evolución del teatro mesoamericano.

El tercer capítulo sobre las cusas que dieron origen a la estética del teatro mesoamericano y el último sobre la auténtica pieza El Rabinal Achi, rescate del teatro mesoamericano y conservación de las representaciones a la manera prehispánica. Armijo, originario de Chalatenango, es miembro fundador del recién creado Movimiento Cultural Salvadoreño “Prometeo Liberado.”

Crean el Movimiento Cultural Salvadoreño “Prometeo Liberado.”

SAN SALVADOR, 30 de diciembre de 2024 (SIEP) Un grupo de hombres y mujeres vinculados al quehacer cultural, decidieron esta mañana en el icónico Café Don Pedro de esta capital, fundar el Movimiento Cultural Salvadoreño “Prometeo Liberado.”

Las palabras introductorias fueron pronunciadas por el poeta Guillermo Campos, quien agradeció la presencia de los asistentes y explicó que este nuevo proyecto obedece a la necesidad histórica de fortalecer nuestra identidad cultural.

Entre los participantes se encontraban Ivis Barrera, Guillermo Campos, William Armijo,  Álvaro Sermeño. Ismael Cañas, Salvador Molina, Víctor Regalado, René Rodríguez y su esposa Monika Vyslouzil, Dimas Castellón, Roberto Pineda, y Francisco Rivas. Por diversas razones, no pudieron asistir Nora Vanegas, William Martínez, Eduardo Salvador Cárcamo y Donald Paz.  

El escritor Roberto Pineda  dio lectura al Manifiesto de fundación, que en su párrafo inicial plantea que “Nos declaramos, hombres y mujeres herederos y continuadores de la cultura universal, así como de las tradiciones culturales y de la producción artística, que a lo largo de los siglos, han moldeado la identidad salvadoreña.”

El Manifiesto rinde tributo “ a la patria exacta de Pipo, las historias prohibidas  de Roque, los pinceles de Camilo, la tierra de infancia de Claudia, los amores de loca de la Prudencia.”

De la misma manera a “los ritmos apasionados de la Morena, los cuentos de barro de Salarrué, las jícaras tristes de Alfredo, las predicas liberadoras de Monseñor, la segura mano de Dios de Sol del río 32, El planeta de los cerdos de Tamba y La hierba se movía del Chiri.”

Concluye el Manifiesto con el llamado siguiente: “Es por lo tanto desde estas raíces, desde estos caminos, desde estos horizontes, que proclamamos nuestra voluntad de invocar el espíritu rebelde de Prometeo, para  encender el fuego de la fiesta y la alegría en nuestra patria.

Los asistentes tomaron como acuerdos fortalecer esta nueva iniciativa cultural, enriquecer el Manifiesto con nuevos nombres, construir una página digital para divulgar sus actividades, acompañar la presentación de Fotografías de René Rodríguez,  en el Ateneo salvadoreño el 23 de enero y se auto convocaron para reunirse el próximo sábado 25 de enero en el cafetín del Parque Cuscatlán.

Entregan reconocimiento en PDDH a escritores salvadoreños de literatura infantil

SAN SALVADOR, 10 de diciembre de 2024 (SIEP) “Como Biblioteca de la Procuraduría para la Defensa de los Derechos Humanos, es un gran honor para mi entregar estos reconocimientos…” expreso la Licda. Blanca Ramírez en las celebraciones del 31 aniversario de esta biblioteca institucional, especializada en derechos humanos.

Explicó la Licda. Ramírez que una de las principales actividades de esta Biblioteca es la de fomentar el habito de la lectura en la niñez, para lo cual visitan los doce meses del año escuelas y comunidades en los catorce departamentos del país.

En la actividad se entregaron reconocimientos a cuatro escritores, a Manlio Argueta por su obra La piedra mágica de la chinchintora, a William Martínez por su novela Los colores de la infancia, a Mario Pleitez por sus Breves cuentos de fantasía y como invitado especial se contó con la presencia del niño Lucas Mazariego, quien habló sobre su Mi primer gran libro de Astrononía.

La actividad fue inaugurada por el Director de la Escuela de Derechos Humanos, Mtro. Miguel Alfonso Muñoz Reyna y contó con la moderación de Daniel Mira y Roberto Pineda.

Conflictos geopolíticos, antiimperialismo e internacionalismo en tiempos de “aceleración reaccionaria”.  Jaime Pastor. Noviembre de 2024

Dentro del marco general de la crisis multidimensional en que nos encontramos, agravada ahora por el estímulo que supone la reciente victoria electoral de Trump para el ascenso de una extrema derecha a escala global, parece más evidente si cabe que asistimos a una profunda crisis del (des)orden geopolítico internacional, así como de las reglas básicas del Derecho Internacional que se han ido estableciendo desde el final de la Segunda Guerra Mundial.

La manifestación más trágica de esta crisis (que pone en cuestión incluso el futuro de la ONU) se encuentra en la guerra genocida contra Gaza (Awad, 2024), a la que se suman actualmente alrededor de 56 guerras en el conjunto del planeta.

En ese contexto, el sistema jerárquico imperialista basado en la hegemonía estadounidense se halla abiertamente cuestionado y desafiado por otras grandes potencias, como China y Rusia, así como por otras a escala regional, como Irán.

Esa competencia geopolítica global se muestra claramente de manifiesto en determinados conflictos bélicos, de cuya evolución va a depender una nueva configuración de las relaciones de fuerzas dentro de ese sistema, así como de los bloques en presencia o en formación, como los BRICS.

Ante este nuevo escenario, en este artículo me centraré en la descripción sumaria del panorama actual para, a continuación, caracterizar las distintas posiciones que aparecen en el seno de las izquierdas en esta nueva fase e insistir en la necesidad de construir una izquierda internacionalista contraria a todos los imperialismos (principales o secundarios) y solidaria con las luchas de los pueblos agredidos.

Policrisis y neoliberalismos autoritarios

En las izquierdas existe un amplio consenso en torno al diagnóstico que podemos hacer de la crisis global por la que atraviesa el mundo actual, con la crisis ecosocial y climática como telón de fondo. Una policrisis que podemos definir con Pierre Rousset como “polifacética, resultado de la combinación de múltiples crisis específicas. Así que no estamos ante una simple suma de crisis, sino ante su interacción, que multiplica su dinámica, alimentando una espiral de muerte para la especie humana (y para una gran parte de las especies vivas)” (Pastor, 2024).

Una situación que está estrechamente relacionada con el agotamiento del régimen de acumulación capitalista neoliberal iniciado a mediados de los años 70, que tras la caída del bloque hegemonizado por la URSS dio un salto adelante hacia su expansión a escala mundial.

Un proceso que condujo a la Gran Recesión abierta en 2008 (agravada por las políticas austeritarias, las consecuencias de la crisis pandémica y la guerra de Ucrania), que terminó frustrando las expectativas de ascenso social y estabilidad política que había generado la prometida globalización feliz, principalmente entre sectores significativos de las nuevas clases medias.

Una globalización, hay que recordarlo, que se fue expandiendo bajo el nuevo ciclo neoliberal que a lo largo de sus distintas fases: combativa, normativa y punitiva (Davies, 2016), ha ido construyendo un nuevo constitucionalismo económico transnacional al servicio de la tiranía corporativa global y de la destrucción del poder estructural, asociativo y social de la clase trabajadora.

Y, lo que es más grave, ha convertido en sentido común la civilización de mercado” como la única posible, si bien todo este proceso ha adquirido distintas variantes y formas de regímenes políticos, generalmente basados en Estados fuertes inmunes a la presión democrática (Gill, 2022; Slobodian, 2021). Un neoliberalismo que, sin embargo, está mostrando hoy su incapacidad para ofrecer un horizonte de mejora para la mayoría de la humanidad en un planeta cada vez más inhóspito.

Por tanto, nos hallamos en un periodo, tanto a escala estatal como interestatal, lleno de incertidumbres, bajo un capitalismo financiarizado, digital, extractivista y rentista que precariza nuestras vidas y busca a toda costa sentar las bases de una nueva etapa de crecimiento con un papel cada vez más activo de los Estados a su servicio.

Para ello recurre a nuevas formas de dominación política funcionales a ese proyecto que, cada vez más, tienden a entrar en conflicto no sólo con libertades y derechos conquistados tras largas luchas populares, sino también con la democracia liberal.

De ese modo, se va extendiendo un neoliberalismo cada vez más autoritario, no sólo en el Sur sino cada vez más en el Norte, con la amenaza de una “aceleración reaccionaria” (Castellani, 2024).

Un proceso estimulado ahora por un trumpismo que se está convirtiendo en marco discursivo maestro de una extrema derecha en ascenso, dispuesta a constituirse como alternativa a la crisis de gobernanza global y a la descomposición de la viejas élites políticas (Urbán, 2024; Camargo, 2024).

El sistema jerárquico imperialista en disputa

Dentro de ese contexto, sucintamente expuesto aquí, asistimos a una crisis del sistema jerárquico imperialista que ha predominado desde la caída del bloque soviético, facilitada precisamente por los efectos generados por un proceso de globalización que ha conducido al desplazamiento del centro de gravedad de la economía-mundo del Atlántico Norte (Europa-EE UU) hacia el Pacífico (EE UU, Asia del Este y Sureste).

En efecto, tras la Gran Recesión iniciada en 2007-2008 y la consiguiente crisis de la globalización neoliberal, se ha abierto una nueva fase en la que se está produciendo una reconfiguración del orden geopolítico global, tendencialmente multipolar pero a su vez asimétrico, en el que EE UU sigue siendo la gran potencia hegemónica (monetaria, militar y geopolítica), pero se encuentra más debilitada y desafiada por China, la gran potencia en ascenso, y Rusia, así como por otras potencias subimperiales o secundarias en diferentes regiones del planeta.

Mientras tanto, en muchos países del Sur, enfrentados al expolio de sus recursos, al aumento de la deuda soberana y a las revueltas populares y guerras de distinto signo, el fin del desarrollo como horizonte a alcanzar está dejando paso a populismos reaccionarios en nombre del orden y la seguridad.

Así, la competencia geopolítica global y regional se está viendo acentuada por los diferentes intereses en pugna, no sólo en el plano económico y tecnológico, sino también en el militar y en el de los valores, con el consiguiente auge de los etnonacionalismos estatales frente a los presuntos enemigos internos y externos.

Con todo, no hay que olvidar el alto grado de interdependencia económica, energética y tecnológica que se ha ido materializando en el conjunto del planeta en el marco de la globalización neoliberal, como se puso abiertamente de relieve con ocasión tanto de la crisis pandémica global como de la falta de bloqueo efectivo a Rusia en el plano energético a pesar de las sanciones acordadas.

A esto se suman dos nuevos factores fundamentales: por una parte, la posesión actual de armas nucleares por parte de grandes potencias (existen cuatro puntos calientes nucleares actualmente: uno en Oriente Próximo (Israel) y tres en Eurasia (Ucrania, India-Pakistán y la península de Corea); y, por otra, la crisis climática, energética y de materiales (¡estamos en tiempo de descuento!), que diferencian sustancialmente esta situación respecto a la que se daba antes de 1914.

Estos factores condicionan la transición geopolítica y económica en marcha, marcando unos límites a una desglobalización que probablemente sea parcial y que, desde luego, no se anuncia feliz para la gran mayoría de la humanidad. A su vez, estos factores también alertan sobre el aumento de los riesgos de escalada en los conflictos bélicos en los que se ven directa o indirectamente implicadas potencias con armas nucleares, como ocurre en los casos de Ucrania o Palestina.

Esta especificidad de la actual etapa histórica nos lleva, de acuerdo con Promise Li, a considerar que la relación entre las principales grandes potencias (sobre todo si nos referimos a la que se da entre EE UU y China) se da mediante un equilibrio inestable entre una “cooperación antagónica” y una “rivalidad interimperialista” creciente. Un equilibrio que podría romperse a favor de la segunda, pero que también podría normalizarse dentro de la búsqueda común de una salida al estancamiento secular de un capitalismo global en el que ahora se han insertado China (Rousset, 2021) y Rusia (Serfati, 2022), aunque con evoluciones muy diferentes.

Un proceso, por tanto, lleno de contradicciones, que es extensible a otras potencias, como India, que forman parte del BRICS, en el que los gobiernos de sus países miembros tampoco han llegado hasta ahora a cuestionar el papel central de organismos como el Banco Mundial o el Fondo Monetario Internacional, que siguen bajo hegemonía estadounidense (Fuentes, 2023; Toussaint, 2024).

No obstante, es evidente que el debilitamiento geopolítico de EE UU -sobre todo tras su fiasco total en Irak y Afganistán y, ahora, la crisis de legitimidad que está suponiendo su apoyo incondicional al Estado genocida de Israel- está permitiendo un mayor margen potencial de maniobra por parte de diferentes potencias globales o regionales, en particular las que cuentan con armas nucleares. Coincido por eso mismo con la descripción que hace Pierre Rousset:

    El declive relativo de Estados Unidos y el ascenso incompleto de China han abierto un espacio en el que las potencias secundarias pueden desempeñar un papel significativo, al menos en su propia región (Rusia, Turquía, Brasil, Arabia Saudí, etc.), si bien son claros los límites de los BRICS. En esa situación, Rusia no ha dejado de presentar a China una serie de hechos consumados en las fronteras orientales de Europa. Al actuar de común acuerdo, Moscú y Pekín fueron en gran medida los amos del juego en el continente euroasiático. Sin embargo, no hubo coordinación entre la invasión de Ucrania y un ataque real contra Taiwán (Pastor, 2024).

Esto, facilitado sin duda por el peso mayor o menor de otros factores relacionados con la policrisis, explica el estallido de conflictos y guerras en muy distintas partes del planeta, pero en particular los que se dan en tres epicentros actuales muy relevantes: Ucrania, Palestina y, aunque por ahora en términos de guerra fría, Taiwán.

Ante ese panorama, hemos visto cómo EE UU aprovechó la injusta invasión de Ucrania por Rusia como coartada para relanzar la expansión de una OTAN en crisis hacia otros países de Europa del Este y del Norte. Un objetivo estrechamente asociado a la reformulación del “nuevo concepto estratégico” de la OTAN, como pudimos comprobar en la cumbre que esta organización celebró en Madrid en julio de 2022 (Pastor, 2022) y más recientemente en la celebrada en julio de este año en Washington.

En esta última se ha reafirmado esa estrategia, así como la consideración de China como el principal competidor estratégico, mientras que se ha eludido toda crítica al Estado de Israel. Esto último es lo que está mostrando el doble rasero (Achcar, 2024) del bloque occidental en lo que respecta a su implicación en la guerra de Ucrania, por un lado, y su complicidad con el genocidio que está cometiendo el Estado colonial de Israel contra el pueblo palestino, por otro.

De nuevo, también hemos visto el creciente interés de la OTAN en el flanco Sur con el fin de proseguir su necropolítica racista contra la inmigración ilegal mientras sigue aspirando a competir por el control de recursos básicos en países del Sur, especialmente en África, en donde los imperialismos francés y estadounidense están perdiendo peso frente a China y Rusia.

De ese modo, se ha ido produciendo una redefinición de la estrategia del bloque occidental, dentro del cual se ha visto reforzada la hegemonía estadounidense en el plano militar (gracias, sobre todo, a la invasión rusa de Ucrania) y a la que se encuentra claramente subordinada una Unión Europa más dividida y con su viejo motor alemán debilitado.

Con todo, tras la victoria de Trump, ésta parece decidida a reforzar su poder militar en nombre de la búsqueda de una falsa autonomía estratégica, ya que seguirá vinculada al marco de la OTAN. Mientras tanto, aumenta el distanciamiento de muchos países del Sur respecto a ese bloque, si bien con distintos intereses entre ellos, lo cual diferencia las posibles alianzas que puedan ir formándose de la que en el pasado caracterizó al Movimiento de Países No Alineados.

En todo caso, es probable que tras su victoria electoral Donald Trump vaya a dar un giro importante a la política exterior estadounidense con el fin de llevar a la práctica su proyecto MAGA (Make America Great Again) más allá del plano geoeconómico (intensificando su competencia frente a China y, aunque a un nivel distinto, con la UE), en relación especialmente con los tres epicentros de conflictos antes mencionados: respecto a Ucrania, reduciendo sustancialmente la ayuda económica y militar y buscando alguna forma de acuerdo con Putin, al menos, sobre un alto al fuego; en relación con Israel, reforzando su apoyo a la guerra total de Netanyahu; y finalmente rebajando su compromiso militar con Taiwan.

¿Qué internacionalismo antiimperialista desde la izquierda?

En este contexto de ascenso de un neoliberalismo autoritario (en sus distintas versiones: la reaccionaria de la extrema derecha y la del extremo centro, principalmente) y de conflictos geopolíticos varios, el gran desafío para las izquierdas se encuentra en cómo ir reconstruyendo fuerzas sociales y políticas antagonistas ancladas en la clase trabajadora y capaces de forjar un antiimperialismo y un internacionalismo solidario que no estén subordinados a una u otra gran potencia o bloque regional capitalista.

Una tarea que no será fácil, porque en la fase actual estamos asistiendo a profundas divisiones dentro de la izquierda en relación a la posición a mantener ante algunos de los conflictos antes mencionados. Tratando de sintetizar, con Ashley Smith (2024),  podríamos distinguir cuatro posiciones:

La primera, sería la que se alinea con el bloque imperial occidental en la defensa común de unos presuntos valores democráticos frente a Rusia, o con el Estado de Israel en su injustificable derecho a la autodefensa, como ha manifestado un sector mayoritario de la izquierda social-liberal. Una posición que oculta los verdaderos intereses imperialistas de ese bloque, no denuncia su doble rasero e ignora la deriva cada vez más desdemocratizadora y racista que están conociendo los regímenes occidentales, así como el carácter colonial y ocupante del Estado israelí.

La segunda, sería la que se suele calificar como campista, que se alinearía junto con Estados como Rusia o China, a los que considera aliados contra el imperialismo estadounidense por considerar a éste como el enemigo principal, obviando los propios intereses geopolíticos expansionistas de esas dos potencias. Una posición que nos recuerda la que en el pasado mantuvieron muchos partidos comunistas durante el periodo de la Guerra Fría en relación con la URSS, pero que ahora se convierte en caricatura teniendo en cuenta tanto la naturaleza reaccionaria del régimen de Putin como el despotismo estatal-burocrático persistente en China.

La tercera, sería la de un reduccionismo geopolítico, que se refleja ahora en torno a la guerra de Ucrania, limitándose a considerar que ésta es sólo un conflicto interimperialista. Esta actitud, adoptada por un sector del pacifismo y de la izquierda, implica negar la legitimidad de la dimensión de lucha nacional contra la potencia ocupante que tiene la resistencia ucraniana, sin que por ello haya que dejar de criticar el carácter neoliberal y proatlantista del gobierno que la encabeza .

Por último, estaría la que se sitúa en contra de todos los imperialismos (ya sean principales o secundarios) y contra todo doble rasero, mostrándose dispuesta a solidarizarse con todos los pueblos agredidos, aunque éstos puedan contar con el apoyo de una u otra potencia imperial (como EE UU y la UE respecto a Ucrania) o regional (como Irán en relación con Hamás en Palestina).

Se trata de una posición que no acepta el respeto a las esferas de influencia que las distintas grandes potencias aspiran a proteger o ampliar, y que se solidariza con los pueblos que luchan contra la ocupación extranjera y por el derecho a decidir su futuro (en particular, con las fuerzas de izquierda que en esos países apuestan por una alternativa contra el neoliberalismo), y no alineada con ningún bloque político-militar.

Esta última es la posición que considero más coherente desde una izquierda anticapitalista. En realidad, salvando la distancia histórica y reconociendo la necesidad de analizar la especificidad de cada caso, coincide con los criterios que trató de aplicar Lenin cuando analizaba la centralidad que estaba adquiriendo la lucha contra la opresión nacional y colonial en la fase imperialista de inicios del siglo XX. Así quedó reflejada, a propósito de conflictos que estallaron entonces, en varios artículos suyos como, por ejemplo, en “La revolución socialista y el derecho de las naciones a la autodeterminación”, escrito en enero-febrero de 1916, en donde sostenía que:

    La circunstancia de que la lucha por la libertad nacional contra una potencia imperialista pueda ser aprovechada, en determinadas condiciones, por otra ‘gran’ potencia para conseguir fines igualmente imperialistas no puede obligar a la socialdemocracia a renunciar a reconocer el derecho de las naciones a la autodeterminación, de la misma manera que los repetidos casos de utilización de las consignas republicanas por la burguesía con fines de fraude político y de saqueo financiero (por ejemplo, en los países latinos) no pueden obligar a los socialdemócratas a renunciar a su republicanismo (Lenin, 1976) .

Una posición internacionalista que ha de ir acompañada de la movilización contra el proceso de remilitarización en marcha por parte de la OTAN y la UE, pero también contra el de otras potencias como Rusia o China. Y que ha de apostar por volver a poner en el centro de la agenda la lucha el desarme nuclear unilateral y por la disolución de los bloques militares, recogiendo el testigo del potente movimiento por la paz que se desarrolló en Europa durante los años 80, con las activistas feministas de Greenham Common e intelectuales como Edward P. Thompson al frente. Una orientación que obviamente deberá insertarse dentro de un proyecto global ecosocialista, feminista, antirracista y anticolonial.

Jaime Pastor es politólogo y miembro de la redacción de viento sur

* Este artículo es una versión actualizada del publicado en la revista Nuestra Bandera, 264, pp. 55-62, 2024.

Referencias

Achcar, Gilbert (2024) “El antifascismo y la caída del liberalismo atlántico”, viento sur, 19/08/24.

Awad, Nada (2024) “Derecho Internacionalismo y excepcionalismo israelí”, viento sur, 193, pp. 19-27.

Camargo, Laura (2024) Trumpismo discursivo. Madrid: Verbum (en prensa).

Castellani, Lorenzo (2024) “Avec Trump, l’ère de l’acceleration réactionnaire”, Le Grand Continent, 8/11/24.

Davies, William (2016) “Neoliberalismo 3.0”, New Left Review, 101, pp. 129-143.

Fuentes, Federico (2023) “Entrevista a Promise Li: Rivalidad EE UU-China, ‘cooperación antagónica’ y antiimperialismo”, viento sur, 191, 5-18.

Gill, Stephen (2002) “Globalization, Market Civilization and Disciplinary Neoliberalism”. En Hovden, E. y Keene, E. (Eds.) The Globalization of Liberalism. Londres: Millennium. Palgrave Macmillan.

Lenin, Vladimir (1976) “La revolución socialista y el derecho de las naciones a la autodeterminación”, Obras escogidas, Tomo V, pp. 349-363. Moscú: Progreso.

Pastor, Jaime (2022) “El nuevo concepto estratégico de la OTAN. ¿Hacia una nueva guerra global permanente?», viento sur, 2/07/22.

—(2024) “Entrevista a Pierre Rousset: Crisis mundial y guerras: ¿qué internacionalismo para el siglo XXI?”, viento sur, 16/04/24.

Rousset, Pierre (2021) “China, el nuevo imperialismo emergente”, viento sur, 16/10/21.

Serfati, Claude (2022) “La era de los imperialismos continúa: así lo demuestra Putin”, viento sur, 21/04/22.

Slobodian, Quinn (2021) Globalistas. Madrid: Capitán Swing.

Smith, Ashley (2024) “Imperialismo y antiimperialismo hoy”, viento sur, 4/06/24.

Toussaint, Eric (2024) “La cumbre de los BRICS en Rusia no ofreció ninguna alternativa”, viento sur, 30/10/24.

Urbán, Miguel (2024) Trumpismos. Neoliberales y autoritarios. Barcelona: Verso.

China, el nuevo imperialismo emergente. Pierre Rousset. Noviembre de 2024 

La formación de un nuevo imperialismo[1] es un acontecimiento muy raro. Requiere múltiples condiciones previas relacionadas con la situación internacional y las características específicas del país en cuestión. Desde este doble punto de vista, la emergencia de China ha planteado cuestiones insólitas.

El surgimiento de un nuevo imperialismo fuera de la esfera occidental, no es en sí mismo novedoso. Tenemos el caso de Japón, si bien el surgimiento de ese imperialismo estaba dentro de un marco de análisis bastante clásico: la creación de los imperios occidentales aún no se había completado en el noreste de Asia, las grandes potencias luchaban por el control de China y el gobierno japonés podía reaccionar de forma preventiva.

En cuanto a la estructura social del país, en lo fundamental parecía similar a la de los países europeos, con el advenimiento del Imperio Meiji (1868-1912) que aseguró la transición del feudalismo tardío al capitalismo moderno, la industrialización acelerada y la constitución de un poderoso Ejército que demostró su valía de forma magistral contra Rusia: por primera vez, una potencia europea fue derrotada por un país asiático, un acontecimiento importante que provocó un terremoto geopolítico[2]… Así pues, Japón fue el último Estado imperialista que se formó en los albores del siglo XX.

La transformación del inmenso Imperio Ruso en un Estado imperialista moderno fracasó, principalmente por las consecuencias de su derrota ante Japón en la Guerra ruso-japonesa (1904-1905). Su capacidad militar se vino abajo, y su flota naval fue destruida en dos tiempos: primero fue la flota basada en Siberia; después, la estacionada en el Mar Báltico, que había sido enviada como refuerzo.

En el plano político interno, la debacle tuvo como secuela la revolución de 1905 que marcó el inició de la crisis del régimen zarista. Derrotada en el Este por el nuevo imperialismo japonés y, después, en el Oeste por Alemania durante la Primera Guerra Mundial, Rusia estuvo a punto de convertirse en un Estado dependiente o escindido, destino del que escapó gracias a la revolución de 1917.

Con la formación de los imperios coloniales, casi llegó a completarse una primera división del mundo; a partir de entonces, la cuestión en juego en los conflictos interimperialistas sería poner en cuestión esa partición del mundo.

China en el centro de la globalización capitalista y de las tensiones geopolíticas

A principios del siglo XXI, la China de Xi Jingping se ha consolidado como segunda potencia mundial en el corazón de la globalización capitalista.

Se proyecta en todos los continentes y en todos los océanos. Para Xi, «en la era de la globalización económica, la apertura y la integración son una tendencia histórica irreprimible. La construcción de muros o la ruptura de lazos va en contra de las leyes económicas y los principios del mercado».

Philip S. Golub señala que «el partido-estado se hace pasar por el campeón del libre comercio y de las finanzas globales«, flexibilizando el acceso de los grandes grupos estadounidenses a «ciertos segmentos del mercado de capital nacional (…) y otorgando licencias para operar con filiales 100% en su poder o con participación mayoritaria (…)» .

Para The Economist (5/09/2021), «China está creando oportunidades [que el capital extranjero no esperaba, al menos no tan rápidamente]». La magnitud de las entradas de capital estadounidense en China es difícil de estimar porque «muchas empresas chinas que emiten acciones tienen filiales en paraísos fiscales». Según un informe publicado por Investment Monitor el 13 de julio de 2021, China tiene más filiales en las Islas Caimán que cualquier otro país ”tras Estados Unidos, Reino Unido y Taiwán»[3].

«Capaz de dictar sus condiciones en las industrias clave», el Estado chino pilota el avión de China, alimentando una vasta red de patrocinio reforzada por la capacidad del partido para imponer una amplia vigilancia de la sociedad. No estamos ante un «socialismo de mercado con características chinas», sino ante un capitalismo de Estado que sí tiene «características chinas»[4].

Desde la India hasta Corea del Sur, en Asia no es nada nuevo que el Estado impulse el desarrollo económico. Bajo diversas formas, muchas oligarquías dominantes combinan el capital privado, el capital militar y el capital estatal. A menudo, el vínculo se realiza a través de las grandes familias propietarias.

La formación social china es el resultado de una larga historia, particularmente compleja y muy heterogénea. Como taller del mundo, su economía sigue dependiendo en parte del capital extranjero y de la importación de componentes o piezas de recambio. Por otro lado, proporciona la base para un desarrollo internacional independiente. En algunos sectores produce tecnologías avanzadas, en otros es incapaz de ponerse al día, como en el caso de los semiconductores.

Atraviesa una crisis de sobreproducción (y de la deuda) al estilo capitalista, que está golpeando con fuerza al sector inmobiliario, simbolizado por la casi quiebra del gigante Evergrande[5]. Hasta ahora, todas las predicciones sobre el estallido de la burbuja inmobiliaria han sido desmentidas[6], pero eso no significa que vaya a seguir siendo así. Como señala Romaric Godin, «la suerte aún no está echada para una posible crisis china, pero las contradicciones del capitalismo de Estado en la República Popular parecen ser cada vez más profundas».

A partir de los años 80, los dirigentes chinos prepararon su expansión internacional. De forma discreta con Deng Xiaoping, agresivamente con Xi Jinping. Esta expansión tiene razones económicos internas (encontrar salida a sectores con baja rentabilidad y sobreproducción, como el acero, el cemento o la mano de obra). Tiene profundas raíces culturales: restaurar la centralidad del Imperio Medio, borrar la humillación de la dominación colonial y ofrecer una alternativa global al modelo de civilización occidental. Alimenta un nacionalismo de Gran Potencia que legitima el régimen y su ambición de desafiar la supremacía estadounidense.

Nos encontramos en una situación clásica en la que un gran potencia consolidada (Estados Unidos) se enfrenta a la emergencia de una potencia creciente (China).

Las precondiciones internacionales

¿Cómo se puede conseguir en el umbral del siglo XXI lo que era imposible a principios del siglo XX (la aparición de un nuevo imperialismo)? A riesgo de simplificar, veamos dos períodos.

Tras las revoluciones rusa (1917) y china (1949), la mayor parte de Eurasia escapó de la dominación directa de los imperialismos japonés y occidental, ganando una posición de independencia sin la cual nada de lo que ocurrió después habría sido posible.

Por un lado, tras la derrota internacional de los movimientos revolucionarios en los años 80 y, por otro, tras la desintegración de la URSS, el ala dominante de la burguesía internacional pecó de triunfalismo, pensando que estaba asegurado su dominio indiviso sobre el planeta. Al parecer, no previó que el orden mundial neoliberal que estaba imponiendo podría ser utilizado por Pekín en beneficio propio y con el éxito que conocemos.

Los cambios de China

Los análisis que afirman que la actual política internacional de China no es imperialista se basan en la continuidad del régimen desde 1949 hasta la actualidad, pero esta continuidad es sólo nominal: República Popular (RPC), Partido Comunista (PCC), gran sector económico estatal. Cierto que hay continuidades, sobre todo culturales, entre ellas la larga tradición burocrática del Imperio que embellece los regímenes contemporáneos con una normalidad histórica. Sin embargo, las discontinuidades son mucho mayores, con creces. En efecto, como atestiguan las sucesivas convulsiones de las clases sociales, hubo revolución y contrarrevolución.

La posición del proletariado industrial. Cuando se proclamó la República Popular, el PCC tuvo que reconstruir su base social en los centros urbanos. Para ello, se vinculó a la clase obrera, en un doble sentido: subordinándola y proporcionándole considerables beneficios sociales.

Políticamente, la clase obrera se mantiene bajo el control del partido; no dirige ni la empresa ni el país. Los trabajadores y trabajadoras están asignados a unidades de trabajo, como los funcionarios territoriales en la tradición francesa. No obstante, la clase trabajadora de las nuevas empresas estatales goza de considerables beneficios sociales (empleo de por vida, etc.). Ningún otro estrato social tiene una posición social tan ventajosa, excepto, por supuesto, la burocracia en los órganos de poder político-estatal.

La situación de las mujeres populares. Las dos leyes emblemáticas adoptadas tras la conquista del poder benefician a las mujeres populares: la igualdad de derechos en el matrimonio y una reforma agraria que las incluye[7].

Las antiguas clases dirigentes. Una vez consolidada la República Popular[8] y fuera cual fuera el destino individual de cualquier miembro de las élites chinas, las antiguas clases dominantes (burguesía urbana y alta burguesía rural) se desintegraron.

El régimen maoísta se consolidó mediante una revolución social, nacionalista, antiimperialista y anticapitalista, un proceso de revolución permanente[9]. Tuvo profundas raíces populares, pero no por ello dejó de ser autoritario, moldeado por décadas de guerra. La herencia democrática de las movilizaciones sociales propia de la estrategia de guerra popular seguía viva, pero el partido-estado era el marco en el que se desarrolló el proceso de burocratización. No se trataba del socialismo, sino de una sociedad de transición cuyo resultado no estaba claro[10].

La crisis del régimen maoísta. Todas las contradicciones inherentes al régimen maoísta estallaron durante la mal llamada Revolución Cultural (1966-1969)[11]: una crisis global muy compleja que no es posible resumir aquí, durante la cual la administración y el partido se desmoronaron: sólo el Ejército siguió siendo capaz de intervenir coherentemente a escala nacional.

Finalmente, Mao le pidió al Ejército que impusiera una vuelta al orden mediante la represión, volviéndose contra los Guardias Rojos y los grupos obreros que le apoyaban. En los años 70 preparó el terreno para la dictadura oscurantista de la Banda de los Cuatro, la victoria definitiva de la contrarrevolución burocrática. El resultado catastrófico de la Gran Revolución Cultural Proletaria sancionó la crisis terminal del régimen maoísta y la muerte política de Mao Zedong, diez años antes de su muerte física[12].

La contrarrevolución burocrática creó el caldo de cultivo para la contrarrevolución burguesa, desarticulando las movilizaciones populares y haciendo que la rehabilitación de Deng Xiaoping, superviviente de las purgas de la Revolucion Cultural, apareciera como una vuelta a la cordura. Unos años más tarde, quedó claro que lo que había sido una justificación calumniosa de las purgas en los años 60 se había convertido en una realidad en los 80: Deng encarnó entonces la opción capitalista dentro de la nueva dirección del PCCh.

La contrarrevolución de los años 80. Bajo el impulso de Deng Xiaoping, el ala más clarividente de la burocracia preparó su mutación, su aburguesamiento y la reinserción del país en el mercado mundial capitalista. Para ello, se benefició de unas ventajas excepcionales:

    En relación a la herencia del régimen maoísta: un país, una industria y una tecnología independientes, una población educada y cualificada…

    En cuanto a la herencia del periodo colonial: Hong Kong (colonia británica), Macao (colonia portuguesa) y Taiwán (protectorado estadounidense) eran puertas abiertas de par en par al mercado mundial y a las finanzas internacionales, ofreciéndole una pericia en la gestión que no existía en el continente y facilitando las transferencias de tecnologías (siendo Macao un canal ideal para saltarse las legislaciones y regulaciones)…

    La posibilidad de colaborar con el poderoso capital transnacional chino sobre la base de un sólido compromiso: este último recibe un trato privilegiado en China, mientras que sabe que sólo el gobierno y el PCC pueden garantizar el mantenimiento de la unidad del país-continente.

    El peso intrínseco de China (su tamaño geográfico y demográfico): un país como Vietnam puede seguir la misma evolución que su vecino, pero no puede reclamar el rango de gran potencia por ello.

La acelerada transformación capitalista de China no se llevó a cabo sin infligir una derrota histórica a las clases trabajadoras durante la represión masiva conocida como Tiananmen en abril de 1989 (afectando a todo el país, no sólo a Pekín)[13]. Una derrota que forma parte de la nueva disposición de las clases sociales.

    El proletariado. La clase obrera de las empresas estatales se resistió obstinadamente a la intensificación del trabajo exigida por las autoridades, hasta el punto de que, como último recurso, éstas decidieron retirar a una gran parte de ella de la producción, sin dejar de pagarle mediante diversos dispositivos. El éxodo rural permitió la creación de un nuevo proletariado, especialmente en las zonas francas.

En aquella época, el 70% eran mujeres y trabajadores chinos indocumentados (en China está prohibido cambiar de residencia sin autorización oficial). Una fuerza de trabajo perfecta para la sobreexplotación que caracterizó el período de acumulación de capital primitivo. La primera generación de la inmigración interior sufrió a la espera de volver al pueblo. La segunda generación luchó por su regularización con el apoyo de numerosas asociaciones.

    Se invirtió el orden social e ideológico. Las élites intelectuales, hasta entonces en lo más bajo de la jerarquía social, volvieron a ser aduladas. Las mujeres de la clase trabajadora se hicieron invisibles. Deng Xiaoping defendió las virtudes de la teoría goteo (que supone que el enriquecimiento de unos pocos anuncia el enriquecimiento de todos). El sector económico estatal comenzó a funcionar en simbiosis con el capital privado. China tiene un número récord de multimillonarios, que se encuentran en los órganos de gobierno del PCC.

Gran potencia, imperialismo e interdependencia

No hay ninguna gran potencia capitalista que no sea imperialista. China no es una excepción. Algunos ejemplos.

    Poner en marcha a su periferia. Gracias al desarrollo de una red de transporte de alta velocidad, el Tíbet se ha convertido en objeto de colonización. En el Turquestán Oriental (Xinjiang), la población uigur de mayoría musulmana está sometida a una serie de medidas que van desde la asimilación forzosa hasta el internamiento masivo, con el objetivo, como mínimo, de un genocidio cultural[14].

El tratado que garantizaba el respeto de los derechos democráticos de la población de Hong Kong cuando se devolviera la colonia («un país, dos sistemas») fue denunciado unilateralmente por Xi Jinping. Tras años de resistencia popular, Pekín ha impuesto su orden represivo, criminalizando a las organizaciones independientes (obligándolas a disolverse) y condenando cualquier disidencia a fuertes penas[15]. El derecho a la autodeterminación, la libertad de los pueblos a la autodeterminación, ya no es una cuestión en el orden del Imperio.

    Para proteger sus inversiones en la era de las nuevas rutas de la seda y asegurar el acceso al océano Índico (corredores)[16], Pekín no duda en apoyar las peores dictaduras (como en Birmania) y en interferir en los asuntos internos de un país (como en Pakistán).

    La parálisis temporal de Estados Unidos (empantanado en Oriente Medio) ha permitido a Xi Jinping militarizar todo el Mar de la China Meridional, haciéndose con el control de territorios marítimos pertenecientes a los países limítrofes, desde Filipinas hasta Vietnam. Pekín denuncia (con razón) la política de gran potencia de Estados Unidos en la región, pero no duda en utilizar la abrumadora superioridad de sus fuerzas navales contra sus vecinos.

    Para asegurar sus vías marítimas (mercantiles o militares), Pekín se apodera de los puertos de muchos países, desde Sri Lanka hasta Grecia, utilizando el arma de la deuda cuando es necesario. Un impago puede permitirle exigir que un territorio portuario se convierta en una concesión china por un periodo de hasta 99 años (¡que era el estatus colonial de Hong Kong!).

    Al proyectarse internacionalmente, China participa ahora en la creación de zonas de influencia en el Océano Pacífico Sur, reclamando un importante espacio marítimo[17].

    Estados Unidos fue y sigue siendo la principal potencia imperialista, la principal fuente de militarización, guerras e inestabilidad mundial. Es importante tenerlo en cuenta. No voy a tratar este tema aquí, salvo para señalar que Joseph Biden ha conseguido reorientar la estrategia estadounidense en el gran teatro de operaciones del Indo-Pacífico. Obama quiso hacerlo, pero no lo consiguió[18] al empantanarlo en Oriente Medio[19]. Hay una continuidad entre la política de Donald Trump y la de Joe Biden[20]. Sin embargo, la política de este último parece ser más coherente que la de Donald Trump[21].

Ante la amenaza estadounidense, el régimen maoísta desarrolló una estrategia defensiva basada en el ejército, la movilización popular y el tamaño del país: un invasor llevaría las de perder. Por otra parte, una gran potencia debe imponerse en los océanos (al igual que, hoy en día, en el espacio y en la inteligencia artificial). La fuerza aeronaval ha sido el primer pivote militar de la política de Xi Jingping, que moviliza los recursos del país para avanzar rápidamente en esos ámbitos.

Con ello, el actual régimen chino participa en la dinámica de militarización del mundo (y, por tanto, en el agravamiento de la crisis climática). En la izquierda, alguna gente habla del derecho de China a exigir su lugar bajo el sol, pero ¿desde cuándo hay que defender los derechos de una potencia y no los de los pueblos?

La tensión entre Washington y Pekín sobre la cuestión de Taiwán está ahora en su punto álgido[22]. Se oponen dos lógicas. La propia de los Estados que se enfrentan en una competencia severa y duradera, y la de la globalización capitalista en la que la interdependencia en términos de tecnologías, cadenas de producción -la cadena de valor-, comercio o finanzas es primordial.

La competencia se produce en todos los ámbitos y surgen campos en un mercado y unas finanzas globalizados. Independientemente de las contradicciones a las que se enfrenta actualmente la globalización, la desglobalización capitalista de la economía parece ser un reto. La interdependencia es tal que una guerra no interesa a las clases burguesas ni en China ni en Estados Unidos, pero la tensión es tal que no se puede excluir un deslizamiento con consecuencias explosivas.

La situación es aún más inestable porque tanto el presidente Biden como Xi se enfrentan a una frágil situación interna.

¿Hacia dónde va China? No intentaré responder a esta pregunta, lo dejo para quien esté  más informado que yo. Si todavía fuera el PCCh el que dirigiera el país…, pero ya no es así. Es la camarilla de Xi Jinping. Xi Jinping ha impuesto un cambio de régimen político[23]. Antes, una dirección colegiada permitía preparar el relevo generacional al frente del partido, un factor de estabilidad. Hoy, la facción de Xi Jinping tiene el control exclusivo del poder. Tras las sangrientas purgas y la modificación de la Constitución, puede pretender gobernar de por vida.

También en China, la selección del personal político se está volviendo irracional en relación con los intereses colectivos de las clases dirigentes.

http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article60088

Versión larga del artículo publicado en la revista l’Anticapitaliste n° 130, noviembre de 2021.


[1] El término imperialismo puede utilizarse en varios contextos históricos. En este caso, se trata de una gran potencia capitalista.

[2] Pierre Rousset, 4 de junio de 2017, » La crise coréenne et la géopolitique en Asie du Nord-Est : du passé au présent http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article41214

[3] Philip S. Golub, «Contre Washington, Pékin mise sur la finance», Le Monde diplomatique, noviembre de 2021, p.13.

[4] Au Loongyu, mai 2014, « What is the nature of capitalism in China ? – On the rise of China and its inherent contradictions », Europe solidaire sans frontieres (ESSF, article 35764) : http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article35764

[5] Véase Romaric Godin, 9 de septiembre de 2021, «Les contradictions du modèle chinois», Mediapart.

[6] Así lo reconoce Paul Krugman en sus propias previsiones en el New York Times del 22 de octubre de 2021.

[7] Por supuesto, el techo de cristal y el patriarcado no desaparecen de la sociedad.

[8] A pesar del calvario de la Guerra de Corea, que comenzó en 1953 y fue un verdadero escenario de desastre para Pekín, cuya prioridad era la reconstrucción del país

[9] Pierre Rousset, « L’expérience chinoise et la théorie de la révolution permanente », revue L’Anticapitaliste n°126 (mai 2021). Disponible sur ESSF (article 58489), « L’expérience chinoise et la théorie de la révolution permanente » : http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article58489

[10] Por eso es mejor no utilizar la fórmula de sociedad de transición al socialismo.

[11] Se ha generalizado la denominación de todo el periodo 1966-1976 como Revolución Cultural. Esto es confundir en la misma periodización los años de tumulto que precedieron a la represión de 1968-1969, y los de una inestable normalización burocrática.

[12] Pierre Rousset, « La Chine du XXe siècle en révolutions – II – 1949-1969 : crises et transformations sociales en République populaire », ESSF (article 13546) : http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article13546

[13] Véanse, en particular, los dos artículos de Jean-Philippe Béja recogidos en: http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article46572

[14] Daniel Tanuro, «Xinjiang (China) – Una mirada a la historia del Turquestán Oriental y la geopolítica de Asia Central»:http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article57947

[15] Alain Baron, Le mouvement de 2019 à Hong Kong, et son écrasement http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article59294

[16] Para una visión general de esta cuestión, véase Globalization Monitor, China’s overseas investments in the Belt and Road Era. Una perspectiva popular y medioambiental, agosto de 2021.

[17] Véase, en particular, el mapa que acompaña al artículo de Nathalie Guibert en Le Monde del 10 y 11 de octubre de 2021.

[18] Simon Tisdall, 25 de septiembre de 2016, The Guardian: https://www.theguardian.com/commentisfree/2016/sep/25/obama-failed-asian-pivot-china-ascendan

[19] Biden se apoya especialmente en Israel, Arabia Saudí y Egipto para «vigilar» esta región del mundo.

[20] Dianne Feeley, «The foreign policy of the Biden administration», The Anticapitalist: https://lanticapitaliste.org/actualite/international/la-politique-etrangere-de-ladministration-biden

[21] Dan La Botz, 13 de octubre de 2021, «Biden focuses foreign policy on China», The Anticapitalist: https://lanticapitaliste.org/actualite/international/aux-usa-biden-concentre-sa-politique-etrangere-sur-la-chine

[22] Brian Hioe, 4 de noviembre de 2021 «Caught Between the Two Superpowers. Taiwán en medio de la rivalidad de grandes potencias entre Estados Unidos y China», Spectrum: https://spectrejournal.com/caught-between-the-two-superpowers/

[23] Au Loongyu, Pierre Rousset, 22 octobre 2017 , « Le 19e congrès du Parti communiste chinois – La modernisation par une bureaucratie prémoderne », ESSF (article 42298) : http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article42298. Pierre Rousset, 3 décembre 2017, ESSF (article 42569), « Le 19e congrès du Parti communiste chinois et les ambitions mondiales de la direction Xi Jinping » : http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article42569

La crisis boliviana. Vladimir Mendoza Manjón. Noviembre 2024

Bolivia enfrenta una crisis económica y política marcada por un estancamiento en el crecimiento y un alto déficit fiscal, agravados por la caída en los precios del gas, principal producto de exportación. La inflación y el desempleo han aumentado, afectando la calidad de vida, mientras la deuda externa sigue creciendo.

A nivel político, las tensiones se han intensificado, sobre todo al interior del MAS, con intentos de eliminar política y físicamente a Evo Morales, todo esto en medio de un bloqueo de caminos de sectores campesinos que ya lleva casi un mes de duración.

Las fisuras internas del MAS se fueron abriendo paso a través del bullicio intrascendente. Las acusaciones cruzadas de actos de corrupción e involucramiento con el narcotráfico eran reflejo de una lucha sórdida entre aparatos políticos. La escenificación empezó con la burocracia gubernamental, liderada por el presidente Luis Arce, afanándose por arrebatar el control del instrumento político de las manos de Evo Morales y las dirigencias del movimiento campesino.

Por la calidad de los intereses expresados, se trata de una trifulca de muy baja calidad ajustada a las pasiones mezquinas que acarrea el control de los cargos en el Estado. Independientemente de la voluntad de los contendientes, la pugna fue adquiriendo dimensiones sociales cada vez más amplias; primero, la crisis partidaria devino en crisis de gobernabilidad. Viendo amenazada su candidatura de 2025, Evo usó su bancada para sabotear al gobierno en la Asamblea Legislativa y Arce usó a las camarillas judiciales para paralizar al legislativo y tratar de proscribir electoralmente al exjefe.

Después, con el malestar económico, el desmadre llegó a escalas mayores. Todos los ingredientes de la implosión estaban a la espera de un detonante. La cosa estalló cuando Arce sufrió un intento de golpe militar el pasado 26 de junio. Si bien la asonada naufragó el mismo día, empujó a delinear un nuevo rumbo político en el gobierno. Convencidos de su debilidad, de su carencia de una base social de apoyo, Lucho y su cuadrilla fueron los últimos en enterarse de que el eslogan de «estabilidad económica» que venían vendiendo estaba hecho girones.

Apelando a su cerebro reptiliano —esa parte de encéfalo que emana conductas ante situaciones desesperadas—, decidieron apostar por canalizar el antievismo de la sociedad boliviana y llevar la confrontación contra su exlíder a ámbitos judiciales y violentos.

Límites del proyecto histórico del MAS

El 2004, un año antes de asumir la presidencia Evo, la economía boliviana registraba un PIB de 4 mil millones de dólares. En los diez primeros años del gobierno evista, se ensanchó hasta llegar a 33 mil millones, resultando en un inédito crecimiento de 723%.

Semejante expansión permitió, entre otras cosas, sacar a franjas significativas de la población de la pobreza extrema y moderada, aunque encontró límites para cumplir nuevas tareas; entre ellas, la de mejorar las tasas de empleo de calidad, aspecto que es imposible lograr sin una sólida base industrial.

El subempleo crónico en Bolivia nunca fue menos del 80% de la fuerza laboral disponible. Pese a que el MAS insistió con la retórica del «cambio de la matriz productiva» (pasar de ser un país exportador de materia prima a industrializador de la misma), esta transformación no tuvo visos de hacerse realidad. Y esto, fundamentalmente, debido a un impedimento estructural: las desigualdades en el intercambio que padece la modestísima economía boliviana respecto al mercado global capitalista.

Este obstáculo para el desarrollo del país no pudo ser afrontado por el proceso político boliviano vivido el último cuarto de siglo, pues este cerró su etapa de reformas después de estatizar parcialmente una sola fuente de ingresos sustanciales: el gas.

Obligada a vender hidrocarburos sin mayor elaboración, Bolivia utiliza sus ingresos para comprar bienes de capital y tecnología proveniente de los países centrales. Además, gran parte del excedente económico se usa para fomentar procesos de acumulación privada no reinvertidos completamente en el mercado interno.

La burguesía boliviana —minera, financiera pero principalmente agroindustrial—, ha sido parasitaria de la renta hidrocarburífera; ni siquiera en los mejores años del boom internacional fue capaz de tener una balanza comercial positiva, siendo gran parte de sus importaciones costeadas por el Estado.

En el ámbito social y político, las escrupulosas reformas implementadas por el MAS enfrentaron, desde un inicio, una oposición extremista y muchas veces violenta de parte del bloque dominante conformado por la gran empresa privada, sus medios de comunicación, las organizaciones políticas de derecha y las clases medias acomodadas.

Para enfrentar los embates más agresivos de esta oposición, al MAS no le bastó el poder coercitivo del Estado, y fue la acción del movimiento de masas la que jugó un rol indispensable.

A diferencia del gobierno de Hugo Chávez en Venezuela, el MAS boliviano nunca vislumbró con seriedad la posibilidad de un futuro poscapitalista. El «gobierno de los movimientos sociales», como se autodenominó en sus mejores épocas, no abordó cuestiones como el del poder obrero y popular, el poder comunal indígena, ni siquiera las cooperativas sociales campesinas. Se aprobó una nueva Constitución, pactada con la derecha, concebida más como una proclama: una suerte de manifiesto retóricamente refundacional antes que una hoja de ruta o diseño legal para producir cambios sociales emancipadores y concretos.

El proyecto histórico del MAS, en términos estrictos, siempre se enmarcó en la promoción de un desarrollismo capitalista con contenido social. Por su parte, la derecha denunció continuamente el modesto proyecto como una amenaza comunista y organizó asonadas de diferente intensidad (2008, 2019, 2024) con el fin de cerrar abruptamente el proceso político.

La mayor parte del tiempo, sobre todo en el período 2006-2010, la correlación de fuerzas fue favorable al movimiento popular. Pero la dirección política del MAS se negó a pasar a la ofensiva y utilizó su apabullante respaldo social para obligar a la reacción a aceptar sus recatadas reformas.

Así, se desaprovechó la situación —como en 2008— de llevar adelante una verdadera modificación del uso, tenencia y producción de tierras que ponga fin (o al menos límites reales) al poder latifundista, uno de los sectores más reaccionarios de la burguesía. El resultado práctico de esta orientación fue que la concentración y especulación con el uso de suelos ha crecido exponencialmente durante el proceso de cambio.

Las derrotas sucesivas del proyecto maximalista de la derecha —echar al gobierno y aplastar la movilización popular— fueron complementadas con la autolimitación estratégica del Movimiento Al Socialismo. Recatarse de impulsar reformas más profundas terminó consolidando un programa asentado en la administración del excedente proveniente de una sola fuente: los hidrocarburos.

Aunque suene extraño, se cayó en la ingenuidad de creer en la duración eterna de los pozos de gas y de los buenos precios internacionales. Esta ilusión generó otra fantasía análoga y ajustada al círculo de poder de Evo Morales: el mito del caudillo eterno e insustituible. Ambas cosas abrieron el camino a la actual crisis económica y política que atraviesan Bolivia y el MAS.

Mucho se dice que el error fundamental de Evo Morales y su partido fue insistir tercamente con la reelección indefinida desde el 2015 y que desconocer los resultados del referéndum donde una mayoría lo inhabilitó para el propósito fue el punto de inflexión hacia la caída y la decadencia actual. Pero muy poco se habla de que este error político reflejaba mucho más que cinismo, ambiciones personales y grupales: reflejaba el empequeñecimiento del conjunto del proceso de cambio.

El fracaso de Luis Arce

La recesión pandémica, el desastre legado por el gobierno de facto, el agotamiento del «ciclo del gas» y un proceso de cambio sin intención de hacer más cambios fueron las condiciones con las que Luis Arce asumió el gobierno en 2020. Arce calculó que su tarea consistía en enmendar administrativamente los «errores» heredados. Su método, al menos durante los tres primeros años, fue levantar empresas estatales medianas con el fin de dinamizar el mercado interno, pero el impacto macroeconómico de esta medida fue insignificante.

A partir de 2023, agobiado por la carencia de dólares en el mercado, las presiones inflacionarias, la falta de combustibles y las pugnas políticas en el MAS, el «cajero» de la otrora bonanza económica ha nadado en el infortunio. Luis Arce siempre fue dado a mostrarse como un tecnócrata, una suerte de gestor ejemplar que maneja el Estado con aires de eficiencia. En sus mejores años, como ministro de Economía, salía arropado de cifras y estadísticas, pavoneando la «bonanza» del 2008 al 2014. Ahora, cada vez que trata de hacer lo mismo, en lugar de brillo, las cifras lo vuelven más opaco.

El putsch militar del 26 de junio marcó un punto de inflexión para su gestión. En aquella jornada, un grupo de generales de las fuerzas armadas desplegaron en la Plaza Murillo un operativo con francotiradores, algunas centenas de soldados y tanquetas. Su intención era desplazar a Luis Arce y actuar severamente contra Evo Morales, es decir, dirimir la crisis política a punta de balazos. Aunque la operación fracasó en sus objetivos inmediatos, dio el cimbronazo para una reorientación política del gobierno.

A partir de ese momento, con la certeza de un escenario de inestabilidad donde no se podía descartar otra intentona militar o policial, al Poder Ejecutivo se le planteó un rotundo dilema: enfrentar nuevas asonadas apoyados en las bases sociales del MAS, cuyo liderazgo recae en su adversario Evo Morales, o aventurarse a buscar la representación de todas las corrientes que quieren aplastar al núcleo fundamental del MAS. Con la evolución de los acontecimientos, queda claro que Luis Arce y compañía optaron por la segunda opción.

Evidenciando el fracaso de su administración económica, el gobierno cifra sus esperanzas de contener la debacle procurando dólares a través del endeudamiento externo, mientras implora a los exportadores privados que no fuguen todo el dinero. Hasta ahora no ha logrado ni lo uno ni lo otro. Primero, porque su exigua representación parlamentaria, paralizada por el evismo y la oposición de derecha, le impide acceder al oxígeno del crédito externo.

Segundo, porque pese a haber dispuesto 2500 millones de pesos bolivianos para programas de financiamiento a la patronal y quitar cepos de varios productos de exportación, no ha logrado que los privados dejen de fugar divisas. El gobierno les ha concedido incluso la posibilidad de producir biodiesel (una prebenda gubernamental a las clases dominantes con hondas consecuencias, puesto que los grandes ganaderos y agroindustriales son responsables del 90% del bosque incendiado este 2024, donde alcanzaron a quemar a más de 10 millones de hectáreas, afectando de forma crónica la situación ambiental y salud pública, ennegreciendo durante dos meses prácticamente todo el cielo boliviano).

Este collar de capitulaciones no ha sido suficiente para conceder un respiro económico al país y ha llevado al gobierno a una orientación política suicida: convertir el antievismo (con todas las connotaciones racistas y reaccionarias que conlleva) en su principal bandera para llegar a las elecciones nacionales del 2025. Paulatinamente, Luis Arce ha ido bajando el perfil, y personajes como Eduardo del Castillo, ministro de Gobierno, han declarado abiertamente la guerra a Evo Morales, reactivando procesos por estupro, iniciando otros por causas similares y ensalzando la represión policial contra los bloqueos campesinos. Este es el contexto en el que se puede analizar el significado del atentado policial contra la vida de Evo Morales.

Evo y las bases sociales del MAS

El evismo retiene la fuerza social del MAS con la idea de que este movimiento político representa los intereses subalternos, intereses que habrían sido «traicionados» por Arce y sus ministros. Si alguien ayuda a confirmar la validez de esta idea es el propio gobierno que, convencido de la reducción social y electoral del «MAS histórico», está dispuesto a perder este segmento social persiguiendo a Evo Morales y reprimiendo con saña los bloqueos de caminos.

Pero si hay algo que sostiene el bloqueo de caminos es la convicción sobre la necesidad de evitar que la salida a la crisis económica signifique el retorno paulatino o violento a las políticas antipopulares de libre mercado (como la devaluación de la moneda, el levantamiento de la subvención estatal de hidrocarburos y otras). Evidentemente, sus actores, que hace pocas semanas realizaron también una marcha hacia la ciudad de La Paz, vinculan sus aspiraciones al liderazgo de Evo Morales, pero ambos son elementos que un sensato análisis debería saber distinguir.

Todo alineamiento ideológico de los sectores populares responde a una interpretación de la realidad material. Es evidente que el gobierno ha acoyuntado sus fracasos económicos con una mayor hostilidad no solo contra Evo Morales sino contra el «núcleo duro» del MAS. Es la construcción exacta para adquirir un perfil antipopular. Así las cosas, los sectores campesinos que bloquean las rutas tienen todo el derecho a declarar como enemigo al gobierno y como hostiles sus políticas, más aún si saben que los personajes que los tratan de «terroristas» y «grupos irregulares», les deben básicamente el cargo.

Si todavía hay razones —pese a un notable desgaste— que dan vigencia al caudillismo de Morales, se debe a que él encarna una construcción política inédita en la historia de Bolivia. En un país cuyos trazos históricos parecen repetirse hasta la desesperación, la novedad fulgurante de un movimiento como el MAS, de composición abrumadoramente plebeya, es haber construido una herramienta política que ocupó durante casi dos décadas el gobierno y sirvió para mediar, con mayor efectividad práctica que el sindicato, la relación entre las aspiraciones populares y su posibilidad de concreción real. El papel de Evo en esta construcción sigue siendo (aunque en menor medida que ayer) relevante.

Poco antes de que Arce y sus ministros concibieran la genial idea de salvar su gestión desatando una cacería contra el evismo, algunas encuestas daban el primer lugar en las intenciones de voto al caudillo indígena. La sorpresa se la dejamos a los necios. Si la derecha boliviana, cada vez más tirada al extremo, está excitada por el experimento de Milei en Argentina y habla de achicar el Estado, si el gobierno mostró disposición de levantar la subvención estatal de combustibles —es decir, disparar el proceso inflacionario—, a nadie debería extrañarle que Evo, simplemente con refugiarse en las añoranzas de lo que fue su pasada gestión de gobierno, sea todavía una alternativa legítima para evitar el infierno neoliberal. Aunque Evo no tiene un programa y estrategias para enfrentar el ajuste económico, su actual perfil, facilitado por la derechización de todo el espectro político, le posibilita presentarse como si los tuviera.

Lo seguro es que, al contrario de lo que creen algunos, cualquiera que analice la coyuntura boliviana en función de la lucha de clases sabe que el gobierno y la extrema derecha no les alcanzará con eliminar física o políticamente a Evo Morales para cerrar el ciclo político. Tendrán que pasar antes por la prueba de fuego: derrotar a los sujetos sociales que definieron la historia de este primer cuarto de siglo veintiuno en Bolivia.